Malgré son design peu conventionnel, avec sa forme hexagonale, sa structure métallique et ses miroirs rabattables alimentés par des panneaux solaires, la ruche est bel et bien fonctionnelle. Installé au Jardin Daniel A. Séguin depuis cet été, ce projet au cœur de la 6e édition d’ORANGE accueille des abeilles des Ruchers Gauvin, une entreprise maskoutaine spécialisée en apiculture.
« J’ai toujours été fasciné par les abeilles, soutient Kevin Michael Murphy, rencontré lors du vernissage d’ORANGE dimanche. J’ai commencé à travailler sur ce projet à l’hiver 2007-08, alors qu’on commençait à entendre parler du problème de colonisation des abeilles. Plusieurs ruches se mourraient à ce moment. Je souhaitais trouver un espace où ma fascination pour cet insecte allait pouvoir intégrer par la même occasion la problématique et la catastrophe – du moins c’est comme ça qu’on le voyait à ce moment – entourant les abeilles. »
L’œuvre avait déjà été exposée une première fois à l’Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver, en 2012. Pour que le projet puisse renaître dans le cadre d’ORANGE, les commissaires de l’événement d’art actuel, Isabelle et Marie-Ève Charron, ont fait appel aux Ruchers Gauvin afin d’intégrer des abeilles à l’œuvre.
« Je ne suis pas très connaisseur en art contemporain, avoue Yves Gauvin, mais c’est le genre de défi que j’aime faire, alors j’ai dit oui. »
Après une première tentative infructueuse de démarrer la colonie, alors que la reine a cessé de pondre, la deuxième tentative a fonctionné.
« C’était un défi de mettre des abeilles dans cette ruche-là, qui n’est pas du tout naturelle pour elles, soutient M. Gauvin. Théoriquement, un essaim d’abeilles ne se jetterait pas dans quelque chose comme ça, ça va plus dans un creux d’arbre ou un mur, une place à l’abri. »
Si la structure ne ressemble en rien aux ruches de bois que l’on connaît, le système que l’on retrouve à l’intérieur est « le plus près possible de la façon dont elles fonctionneraient dans une ruche », explique Kevin Michael Murphy. On peut d’ailleurs voir les abeilles à l’œuvre toutes les 20 minutes lorsque les persiennes miroitées s’ouvrent.
En acceptant de contribuer au projet avec ses abeilles, Yves Gauvin voyait une façon de sensibiliser le public à l’importance de cet insecte, rejoignant le message véhiculé par l’artiste.
« Ce n’est pas dans mon petit rucher que je vais conscientiser les gens, c’est dans des événements comme ça. Ça permet aux gens de les apprivoiser. Toutes les personnes qui vont en avoir entendu parler ou qui auront vu l’œuvre seront plus conscientisées par rapport aux abeilles. »
Ceux qui désirent voir l’œuvre de Kevin Michael Murphy devront le faire rapidement puisque celle-ci ne sera pas présente pour toute la durée d’ORANGE. En raison des températures à la baisse, les abeilles devront être retirées d’ici le début octobre afin d’assurer leur survie avant l’hiver.