10 avril 2014 - 00:00
À chacune sa passion!
Par: Denyse Bégin

Soeur Juliette raconte que, dans sa famille, les 12 enfants ont appris à chanter avant de parler! Chorale de paroisse, Variétés canadiennes, Patronage Saint-Vincent-de-Paul, frères et soeurs ont poussé la note autant de fois que c’était possible, en famille ou en groupe. Aujourd’hui, Juliette De Lisle, qui était l’avant-dernière de la famille, est religieuse chez les Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, où elle dirige la chorale depuis 15 ans.

« C’est exigeant, avoue-t-elle, mais c’est un art qui me plaît énormément et même plus, c’est une véritable passion. »

Soeur Suzanne Gloutnez, elle, oeuvre depuis plusieurs années à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine de la communauté. Mais pas question pour elle de s’approprier tout le crédit pour le travail accompli à ce sujet dans la congrégation religieuse maskoutaine. « Soeur Bernadette Gatien a joué un rôle majeur pour la protection de notre patrimoine. Sans elle, nous n’aurions plus rien, affirme-t-elle sans hésiter. Elle avait le souci de préserver, avant même que nous soyons invitées à le faire par le gouvernement ou par le pape. Elle a gardé des objets de notre ancienne chapelle, favorisé la restauration de certains meubles anciens et c’est elle, également, qui avait eu l’intuition d’un petit musée dans le corridor. Elle a vu la suite de ce projet d’en haut », dit soeur Suzanne en évoquant le décès de sa consoeur.

Chanter, un art et un ressenti

Un critère se détache fortement des autres lorsque soeur Juliette évalue la qualité d’une voix.

« Il faut que ça vienne de l’intérieur », dit celle qui pratique chaque semaine avec une vingtaine de choristes afin que la messe du dimanche, à la chapelle des soeurs, soit un ravissement pour les oreilles et un baume pour le coeur. La chorale s’est exécutée devant un grand public à quelques occasions, mais ces concerts se font de plus en plus rares. « La moyenne d’âge des choristes se situe autour de 80 ans et l’une d’entre nous a 90 ans. C’est tout dire », mentionne soeur Juliette.

Comme Astérix dans la potion magique

Soeur Suzanne a pris le relais de ses consoeurs, Bernadette Gatien et Delphine Robert, quand, dans les années 90, un grand vent en faveur de la sauvegarde du patrimoine religieux a soufflé sur le Québec. Des fonds ont alors été débloqués pour la réalisation d’inventaires un peu partout dans la province. C’est ainsi que la Société du patrimoine religieux du diocèse de Saint-Hyacinthe a vu le jour, en 1995.

« Je suis tombée dans le patrimoine comme Astérix dans la potion magique, raconte soeur Suzanne. La potion, c’était la Société du patrimoine qui m’a fourni un cadre, un lieu de travail, des orientations, un but. Ce fut pour moi un formidable lieu d’apprentissage. Je découvrais le patrimoine et son importance dans l’édification de notre être personnel et relationnel et en même temps, des outils pour le protéger, me l’approprier, le mettre en valeur et le faire connaître. » Un grand chantier a été entrepris une fois la société du patrimoine créée : vider les greniers, répertorier, trier, faire des choix selon l’importance des objets trouvés ou retrouvés, numériser, emballer, ranger… « En 1999, quand le Centre Élisabeth Bergeron a été mis sur pied, nous avons pu voir, concrètement, ce que c’était, le patrimoine », s’exclame la religieuse. Les biens patrimoniaux de la communauté ont été placés en lieu sûr, en prévision du déménagement qui débutera en juin cette année. Soeur Suzanne poursuit son combat en militant pour le projet de complexe culturel maskoutain qui permettrait d’assurer la conservation et la mise en valeur du patrimoine de la communauté. « D’une certaine façon, ces biens ne nous appartiennent pas. Ils ont servi à bâtir la société et c’est là qu’ils tirent tout leur sens », note-t-elle, en se disant optimiste pour l’avenir.

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