20 octobre 2022 - 07:00
Indice de canopée
« Beaucoup plus positif que ce à quoi on s’attendait » – André Beauregard
Par: Sarah-Eve Charland
Le directeur du Service des travaux publics, François Lussier, a présenté les résultats d’une étude sur la canopée en point de presse. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le directeur du Service des travaux publics, François Lussier, a présenté les résultats d’une étude sur la canopée en point de presse. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’indice de canopée, soit le pourcentage de la superficie du territoire occupée par la cime des arbres, atteint 10,5 % à Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©

L’indice de canopée, soit le pourcentage de la superficie du territoire occupée par la cime des arbres, atteint 10,5 % à Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©

Fini les spéculations sur l’indice de canopée sur le territoire de Saint-Hyacinthe. La Ville a maintenant un portrait clair et précis de l’espace occupé par la cime des arbres sur son territoire. Selon une étude récemment réalisée, l’indice de canopée est de 10,5 %. Un score qui réjouit le maire André Beauregard davantage qu’un expert consulté par LE COURRIER.

L’étude commandée par la Ville de Saint-Hyacinthe n’inclut pas les arbustes et les haies. Depuis quelques années, un chiffre de 8 % circulait, notamment pendant la campagne électorale 2021, mais n’était pas fondé puisqu’il s’agit de la première étude réalisée sur l’indice de canopée à Saint-Hyacinthe.

« J’ai été heureux d’apprendre les résultats. Dans les zones urbaines, c’est beaucoup plus positif que ce à quoi on s’attendait. On propose de refaire l’étude d’indice de canopée tous les trois ans pour suivre l’évolution », affirme le maire Beauregard.

L’exercice s’inscrit dans le cadre du Plan de développement durable 2021-2025 dans lequel plusieurs actions visent à accroître la canopée. Afin d’y arriver, il fallait tout d’abord dresser un portrait global de la situation. La prise de données a été réalisée l’année dernière en se basant sur les photos aériennes diffusées par Google, dont les plus récentes remontent au printemps 2020.

Appelé à commenter les données de cette étude, le professeur du département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Christian Messier ne partageait pas le même enthousiasme que le maire de Saint-Hyacinthe.

« Globalement, quand je regardais les valeurs, je trouvais que c’était assez faible. Ça allait de 5 % à 23 %. Je dirais que 20 % à 25 % sont des valeurs assez communes dans les grandes villes en Amérique du Nord. En bas de 20 %, on peut affirmer qu’on peut s’améliorer et l’augmenter très facilement. De ce que j’ai vu, c’est qu’il y a un très grand besoin de développer la canopée à Saint-Hyacinthe, surtout dans les secteurs où il y a 10 % à 15 % de canopée », observe-t-il.

La Ville a demandé à la firme Géomont de scinder les résultats par zones urbaines et rurales en ayant conscience que les zones agricoles représentent 84 % du territoire. L’indice de canopée pour les zones urbaines atteint 16 %, alors qu’il descend à 8 % en zones rurales. En secteur urbain, les secteurs du Domaine sur le Vert, de Douville et de l’Assomption se démarquent avec des indices de canopée supérieurs à 20 %. C’est toutefois le secteur Saint-Sacrement qui obtient la pire note, soit 9 %.

« Il est important de mentionner que la ville de Saint-Hyacinthe est occupée à 84 % par les zones agricoles et que notre territoire a été durement touché par l’infestation de l’agrile du frêne. Il pourrait apparaître intéressant de nous comparer avec d’autres municipalités. Toutefois, en raison de son vaste territoire agricole, il n’est pas recommandé de le faire avec des villes plus urbanisées ou […] avec une agriculture moins intensive », souligne le directeur du Service des travaux publics, François Lussier.

Le professeur universitaire reconnaît aussi qu’il est difficile de comparer Saint-Hyacinthe à d’autres villes. Malgré tout, le potentiel d’amélioration est bien présent. « C’est une ville où l’agriculture est très présente. C’est une ville qui a été développée en milieu ouvert. J’imagine qu’on a planté des arbres. Habituellement en milieu agricole, on aime moins les arbres, mais les impressions ont changé. Je crois qu’il y a potentiellement beaucoup d’endroits où on peut planter des arbres [à Saint-Hyacinthe]. Je dirais qu’on peut facilement augmenter à 30 % sans compromettre la circulation ou créer des problèmes. C’est un objectif à long terme. Ça prend au moins 10 à 20 ans pour que l’arbre ait une canopée intéressante », mentionne M. Messier.

Plan d’action

À partir de maintenant, la Ville compte élaborer un plan d’accroissement de la canopée. Elle mandatera une firme, au cours de la prochaine année, afin d’élaborer des pistes de solution. Cela pourrait passer, entre autres, par l’ajout d’arbres dans les parcs industriels où on trouve des espaces inutilisés. La politique de l’arbre devrait aussi être mise à jour.

Le maire souligne les actions qui ont été mises en place pour accroître la canopée, comme l’augmentation du nombre d’arbres et d’arbustes plantés sur une base annuelle par la Ville. Cette année, le nombre a atteint 2500 au lieu des 2000 établis les années auparavant.

« Ce que je propose, c’est de planter une bonne diversité d’espèces d’arbres, ajoute M. Messier. [L’objectif est] de s’assurer qu’on ne va pas tous les perdre s’il y a des perturbations d’insectes ou de maladies comme celle qui a affecté les frênes. »

Il suggère aussi de superviser la plantation d’arbres pour s’assurer que toutes les conditions soient mises en place pour bien développer les racines. De plus, il est recommandé d’encadrer ce qui est planté par les citoyens et les promoteurs. « Il faudrait planter au moins trois ou quatre fois que ce qui a été coupé. Il y a des mortalités importantes dans les 20 premières années de vie d’un arbre. »

Enjeu de développement

Le maire de Saint-Hyacinthe assure que la Ville porte une sensibilité à cet enjeu lorsqu’elle doit analyser tout développement résidentiel. « En général, on exige de remplacer chaque arbre, un pour un. Pour tous les permis de construction délivrés, on demande systématiquement au moins deux arbres. Avant, on ne le faisait pas nécessairement », ajoute-t-il.

Dans la saga ayant mené à l’aménagement de la rue Guy-Daudelin vers le Cégep de Saint-Hyacinthe, la Ville a accepté un échange de terrain avec le Groupe Robin qui souhaite construire des unités d’habitation pour les étudiants dans le boisé adjacent à l’établissement d’enseignement. Le conseil municipal s’était engagé à compenser la perte d’arbres à cet endroit.

« Le dossier n’a pas encore avancé parce qu’on n’a pas encore eu les plans du Groupe Robin. L’objectif est de conserver le plus d’arbres possible. C’est un boisé marécageux. Ce n’est pas le plus beau boisé de Saint-Hyacinthe, mais le but est de remplacer les arbres coupés. On a eu une proposition préliminaire, mais on n’a pas encore eu de retour. Lorsqu’on aura une idée précise du projet immobilier, on va établir un plan d’action », assure M. Beauregard.

Ce commentaire fait sursauter Christian Messier. « Les milieux humides sont les milieux les plus fragiles et les plus riches en biodiversité. Ce sont les milieux qu’on devrait absolument protéger. C’est normal que les arbres soient moins intéressants parce que ça ne pousse pas bien dans les milieux humides, mais si on regarde la biodiversité, ce sont les milieux les plus riches. »

image