7 juillet 2022 - 07:00
Embauches à la Ville de Saint-Hyacinthe
Bernard Barré ne peut plus questionner sur le lieu de résidence
Par: Sarah-Eve Charland
Le conseiller municipal du district La Providence, Bernard Barré. Photothèque | Le Courrier ©

Le conseiller municipal du district La Providence, Bernard Barré. Photothèque | Le Courrier ©

Le conseiller municipal du district La Providence, Bernard Barré, s’est vu enlever le droit de poser des questions sur le lieu de résidence des candidats postulant à un emploi à la Ville de Saint-Hyacinthe, lui qui se faisait un devoir de toujours favoriser les candidatures locales. En réaction à cette décision du conseil municipal, il a décidé de quitter la salle du conseil à la séance du 4 juillet au moment d’approuver des embauches.

« Ce que j’ai fait, c’était pour exprimer mon désaccord. C’est un geste politique. Je trouve ça ridicule qu’ils se soient servis du Service juridique pour dire que c’est de la discrimination [de demander le lieu de résidence lors d’une embauche]. J’ai été élu pour être le chien de garde des gens. Ça fait partie de mon travail de poser des questions, de m’informer. J’ai toujours défendu les travailleurs maskoutains. Je suis tellement déçu de leur prise de position », dénonce M. Barré.

Le conseiller municipal du district Cascades, Jeannot Caron, s’est offusqué du retrait de M. Barré à la séance du conseil, considérant ce geste comme un manque de respect envers la population et les membres du conseil. Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, s’explique mal ce geste. « Il n’était pas en conflit d’intérêts. J’aurais préféré qu’il reste dans la salle. »

Des membres du conseil auraient demandé l’avis du Service juridique sur la possibilité de demander le lieu de résidence des postulants. La Ville de Saint-Hyacinthe applique un programme d’accès à l’égalité à l’égard des femmes, des personnes vivant avec un handicap, des minorités visibles, des autochtones et des minorités ethniques, nous explique-t-on à la Ville.

« Dans la même optique, le lieu de résidence ne peut pas faire partie des critères de sélection d’un candidat. Choisir ou pas un candidat selon son lieu de résidence est contraire à la Charte des droits et libertés. Des jurisprudences ont été rendues à ce sujet », ajoute la porte-parole de la Ville de Saint-Hyacinthe, Jennifer Drouin-Ostiguy.

Mais la décision de ne pas poser de questions sur le lieu de résidence a été prise par les membres du conseil, précise le directeur général de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau.

« C’est une question de gouvernance politique. […] La position de M. Barré est qu’à compétences égales, on favorise les payeurs de taxes ou des gens vivant sur le territoire. On a toujours eu cette approche-là. L’approche de la Municipalité est assez simple : on va chercher les meilleurs. On ne regarde pas d’où ils viennent. S’ils viennent de Saint-Hyacinthe, on applaudit. Ce n’est pas vrai que, pour un poste d’adjointe administrative, de secrétaire ou de col bleu, on pourrait se contenter de quelqu’un de Saint- Hyacinthe même s’il est moins compétent », mentionne M. Bilodeau.

Ce dernier ajoute que la Ville avait reçu un avis de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse il y a quelques années lui suggérant fortement de ne pas embaucher en se basant sur le lieu de résidence des candidats. « Il y a une jurisprudence claire. Ça ne respecte la Charte des droits de la personne », ajoute M. Bilodeau.

Un combat de longue date

Bernard Barré a fait de ce combat l’une de ses priorités au cours des 30 dernières années. Il a notamment contribué à la mise sur pied d’une politique de recrutement qui stipulait, entre autres, qu’à compétences égales, les candidats maskoutains étaient favorisés. Cette disposition a été enlevée des années plus tard.

Il a souvent voté contre l’embauche de candidats puisque d’autres postulants provenaient de Saint-Hyacinthe. « J’ai continué à gosser pour les petits emplois. J’ai toujours posé des questions autant en plénière qu’en public. Parfois, je votais contre. Si c’est un poste hautement spécialisé, je ne suis pas stupide. Si on n’a pas de monde proche qui a des compétences, je laisse couler. […] Je sais que je dérange. Les postes à la Ville sont prestigieux. Quand tu travailles pour la Ville, tu as un fonds de pension, un bon salaire. Beaucoup souhaitent travailler là. C’est normal que je pose des questions », maintient M. Barré.

image