29 septembre 2022 - 07:00
Intervention policière à la PHD
Cafouillage
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Action, travail, propos, phase de jeu, etc., désordonnés; fonctionnement défectueux. C’est la définition du mot « cafouillage » selon le Larousse. On sera tous d’accord que du cafouillage, il y en a eu pas mal vendredi à Saint-Hyacinthe quand un individu possiblement armé a semé l’émoi près de la polyvalente Hyacinthe-Delorme (PHD) sur l’heure du midi. Qui cherche du cafouillage pourra en trouver des traces dans l’intervention policière et dans les réactions qui ont suivi.

Du cafouillage médiatique aussi, demandez-vous? Pas tant que ça. Du haut de mes 30 ans d’expérience, j’ai géré cette situation avec le plus de doigté possible, priorisant les informations validées et vérifiables avant toute chose. L’intervention perdurait depuis 90 minutes quand nous avons fait état d’une opération policière à la PHD et qu’un confinement barricadé était en cours, sans toutefois préciser la nature exacte de l’intervention même si nous la connaissions.

Certains nous ont traités d’irresponsables, estimant que cela ne faisait qu’entraver le travail des policiers et susciter la panique, même si l’intervention se déroulait en plein jour et impliquait pourtant des centaines d’élèves et des dizaines de policiers bien visibles. Ce qui aurait été irresponsable aurait été de dire qu’un confinement était en cours parce qu’un individu possiblement armé était activement recherché par les policiers.

Dès que nous avons eu la confirmation que les élèves étaient tous en sécurité, nous l’avons communiqué sans tarder. Et ce n’est qu’après avoir obtenu cette assurance que nous avons fait mention qu’une chasse à l’homme se déroulait dans les rues de Saint-Hyacinthe et diffusé la photo du suspect recherché. Les autorités ont d’ailleurs confirmé tout ce que nous avons publié cette journée-là.

Sauf qu’à la fin de la journée justement, plusieurs questions sont demeurées sans réponse, alimentant l’incompréhension des parents, voire de la population en général. Au niveau du travail policier, plusieurs se sont étonnés d’un manque de coordination sur le terrain et d’un message pour le moins confus. Sur place, il a été mentionné que le suspect aurait été aperçu aux Galeries St-Hyacinthe, ce qui a incité la Sûreté du Québec (SQ) à recommander l’extrême prudence aux résidents du quartier Sacré-Cœur.

Des restaurateurs dans le secteur nord ont même cru nécessaire de se barricader et de ne pas laisser entrer de clients pendant une certaine période. Dans les écoles, il y a aussi eu beaucoup de confusion alimentée en partie par les réseaux sociaux et les messages textes échangés entre élèves sur cellulaire. Il semble qu’aucune directive n’avait pourtant été donnée par la SQ aux écoles du quartier.

La vie a donc continué comme si de rien n’était à l’École professionnelle voisine de la PHD, mais la direction de l’école Casavant avait pour sa part décidé de déployer des mesures préventives afin de protéger ses élèves. Des écoles privées ont aussi vérifié que leurs portes étaient toutes bien verrouillées, sans plus. Au final, les élèves de la PHD ont pu quitter dans l’ordre en fin de journée. Et l’opération policière s’est terminée dans la confusion la plus totale, sans qu’aucune arrestation n’ait été effectuée. Étonnant.

On aurait aimé comprendre ce qui a amené les policiers à décréter que tout danger pouvait être écarté vendredi soir. Mais ce sera pour une autre fois. Y a-t-il eu méprise quelque part, un fait expliquant tout cet émoi et surtout permettant de donner l’assurance qu’il n’y avait plus aucune menace pour la sécurité publique? On croyait obtenir des explications claires, nettes et précises de la SQ en début de semaine, mais elles ne sont pas venues. On nous a seulement mentionné que le suspect n’avait jamais été vu dans l’entourage des Galeries et qu’aucune surveillance particulière n’avait été faite par les policiers lundi matin aux abords de la PHD. Autre dossier, please.

C’est vraiment à n’y rien comprendre. Des zones grises mériteraient pourtant d’être éclaircies. Les communications ont-elles été optimales entre tous les intervenants sur le terrain avant, pendant et après les événements? La question se pose et il y en a d’autres concernant les protocoles de gestion de crise.

La bonne nouvelle, c’est que tout ce cafouillage n’a pas eu de conséquence regrettable ou fâcheuse cette fois.

Et c’est tant mieux.

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