5 janvier 2023 - 07:00
Saint-Pie
Canard du village ne produira plus pour une durée indéterminée
Par: Adaée Beaulieu
Gabriel Beauchemin, propriétaire de Canard du village à Saint-Pie, a mis sur pause les activités de son entreprise pour une durée indéterminée. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Gabriel Beauchemin, propriétaire de Canard du village à Saint-Pie, a mis sur pause les activités de son entreprise pour une durée indéterminée. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’entreprise Canard du village, située à Saint-Pie, a décidé de mettre sur pause ses activités de production de canards de grains pour une durée indéterminée, notamment en raison de difficultés financières et d’un incendie. L’inventaire a été écoulé presque totalement du 11 au 23 décembre.

L’entreprise appartient à Gabriel Beauchemin, un jeune homme de 30 ans qui a pris récemment la relève de sa mère, Jocelyne Ravenelle, qui avait fondé l’entreprise en 1994 sur les terres de son père. « Une femme en agriculture, c’était avant-gardiste », raconte-t-il.

Gabriel et son frère Antoine se sont impliqués dans l’entreprise dès leur tout jeune âge. Dès 10 ans, les deux garçons géraient déjà le train pour 300 à 400 canards. En 2015, le nombre de volailles était passé à 2500. Deux ans plus tard, les quatre enfants, soit les deux frères et leurs deux sœurs, Elise et Marie, ont voulu prendre la relève de l’entreprise familiale. Leurs efforts concertés ont permis de faire grimper la production à un sommet de 15 000 canards dans trois bâtiments en 2019. Les volailles se retrouvaient donc dans plusieurs restaurants de Montréal et cela assurait 90 % du chiffre d’affaires.

Complications

Toutefois, c’est à partir de ce moment que les épreuves se sont succédé. Avec l’arrivée de la pandémie, les restaurants ont fermé, ce qui a fragilisé la sécurité financière de l’entreprise. Celle-ci s’est donc tournée vers les Fermes Lufa pour laquelle elle était le principal fournisseur de canards. Cela a permis d’écouler 80 % de la production, mais pour seulement 20 % des profits, car la marge avait dû être réduite. De plus, en août 2020, Elise, qui s’occupait de toute l’administration et de l’inventaire sur le plancher, a quitté l’entreprise pour s’établir à Kamouraska. Elle a aidé un peu à distance pour la portion se faisant en télétravail, puis s’est retirée, car c’était trop difficile. « À la fin de 2020, les états financiers étaient mauvais », affirme Gabriel.

Afin de dégager une meilleure marge de profit, il a donc pris la décision de se tourner davantage vers la vente au détail permettant d’écouler 20 % de la production, mais rapportant 80 % des profits. Les ventes ont principalement été effectuées dans les marchés publics. L’entreprise pouvait être présente sur jusqu’à six sites par semaine. Elle a aussi continué à faire affaire avec les Fermes Lufa, mais elle ne pouvait pas vendre les produits plus chers, alors que les coûts commençaient à exploser. Par exemple, le coût de l’abattage est passé de 11 $ à 15 $ par volaille, la tonne de grains de 450 $ à plus de 800 $ et le propane de 0,35 $ à 0,65 $ le litre. En 2021, le nombre de canards produits a descendu à environ 8000 dans deux bâtiments.

« À la fin de 2021, nous étions contents de la vente au détail, mais nous nous disions que, si nous voulions continuer, nous devions avoir une production plus petite », déclare le propriétaire.

L’entreprise a donc arrêté de fournir les Fermes Lufa et a écoulé ses produits transformés.

Pour pouvoir vendre des produits lors de la période la plus forte, soit le temps des fêtes, les canards doivent commencer à être élevés en août. Toutefois, aucune production n’a été démarrée l’été dernier. La principale raison est qu’un incendie a ravagé le garage de Gabriel qui lui sert pour ses activités de mécanique et relatives à la production de grandes cultures biologiques de maïs, de soya, de blé et de tournesol. Cela correspond à sa principale source de revenus puisqu’il cultive à plusieurs endroits.

Il est actuellement à reconstruire un garage, mais le matériel qui s’y trouvait est maintenant entreposé où étaient élevés les canards. Il ne sait donc pas encore s’il pourra redémarrer une production l’été prochain.

Lorsqu’il reprendra ses activités, il songe à établir un nouveau concept de jumelage et de production sur demande déjà instauré en Europe. Les clients sont invités à réserver leur canard avant la naissance de ce dernier.

« J’aime beaucoup vendre à la ferme. Nous faisons de beaux canards que les gens apprécient. J’aimerais recommencer. Nos clients nous disent qu’ils veulent que nous repartions la production », conclut Gabriel, qui continue de vivre sur la ferme où il a emménagé en mars 2020 avec sa petite famille.

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