Ce dilemme s’offre encore à moi à quelques jours des élections municipales 2025 à la Ville de Saint-Hyacinthe. C’est ce dimanche qu’il faudra décider à qui confier les clés de la Ville pour les quatre prochaines années. Si j’estime bien humblement avoir un pouvoir d’influence grâce à la tribune qu’on me donne, je n’ai pas encore la faculté de prédire l’avenir. Je suis quand même en mesure de dresser quelques constats à l’aube de cette élection, à la lumière de ce que j’ai vu, lu et entendu ces dernières semaines.
Il importe de se méfier des apparences. Il y a trois candidats sur le bulletin de vote à la mairie de Saint-Hyacinthe, mais dans les faits, cette élection se joue à deux. La lutte oppose le maire sortant André Beauregard à l’aspirant Sylvain Morin. Le troisième candidat, Othmen Bouattour, divisera à peine le vote des insatisfaits, comme à Drummondville en 2021 alors qu’il avait recueilli moins de 200 votes. Il naviguera dans ces mêmes eaux à Saint-Hyacinthe, avant d’aller se faire voir ailleurs peut-être.
Parlant de se faire voir, je m’étonne encore de ne pas avoir vu l’ombre de Sylvain Morin dans la salle de rédaction du COURRIER pendant cette campagne qui s’achève. C’est vraiment inédit. Je n’ai pas eu la chance d’échanger un seul mot avec lui. Et l’inverse est aussi vrai. Pas facile de juger du contenu quand le contenant se fait à ce point désirer. Je le sens toutefois bien entouré, voire bien protégé, peut-être même contre lui-même.
Est-ce que la course à la mairie se résume entre choisir entre la continuité ou l’attrait de la nouveauté? C’est un peu simpliste comme raisonnement, mais ce n’est pas si loin de la vérité. André Beauregard vient avec un petit côté prévisible et réconfortant du maire qui marche dans les sentiers battus. Sylvain Morin rime avec boîte à surprises. Il se dit l’artisan du vrai changement, sans trop en montrer la couleur. Du moins pas assez concrètement.
Dans notre face-à-face de cette semaine, M. Beauregard appuie à fond sur le besoin de continuité pour consolider les progrès importants déjà réalisés. « Le manque d’expérience politique et la méconnaissance des dossiers pourraient compromettre notre plan de développement ainsi que la qualité des services offerts à la population. »
Personnellement, je n’achète pas trop cette rhétorique. L’inexpérience et la méconnaissance risquent plutôt de souvent faire mal paraître M. Morin que de faire dérailler un appareil municipal rodé au quart de tour. Bien qu’on ne lui connaisse pas un grand talent d’orateur, M. Morin ne serait pas le premier maire élu sans expérience politique préalable à Saint-Hyacinthe.
Mais soyons tout de même réalistes, il semble bien présomptueux pour un seul homme de promettre, comme le fait M. Morin, de gros changements quand un conseil municipal est formé de 10 conseillers indépendants, comme dans le cas qui nous occupe. Ainsi, la continuité pourrait bien s’imposer d’elle-même, et ce, peu importe le gagnant dimanche soir, à moins d’un tsunami de surprises dans les quartiers maskoutains.
Dans notre face-à-face, M. Morin plaide pour sa cause en répétant le besoin d’un vrai changement à Saint-Hyacinthe. Changement qu’il dit incarner en proposant « une façon de gouverner qui dit la vérité, assume les vraies priorités et décide avec les citoyens, pas à leur place ».
Est-ce à dire que M. Beauregard incarne une façon de gouverner qui cache la vérité ou colporterait des mensonges? Ceux et celles qui fréquentent André Beauregard sur une base régulière vous diront que s’il a bien un défaut, c’est la plupart du temps de donner l’heure juste et de trop en dire sur à peu près tous les dossiers municipaux. Pour certains, cela peut être vu comme une qualité; pour d’autres comme un vilain défaut. À vous de choisir votre camp.


