5 septembre 2013 - 00:00
Collège Saint-Maurice : pour qui l’uniforme?
Par: Le Courrier

À l’article intitulé « Une rentrée à l’effigie du Collège Saint-Maurice », publié dans Le Courrier le 29 août, j’ai cru bon de donner mon opinion en tant qu’ancienne du Collège Saint-Maurice.

J’ai un profond respect pour cette école et envers les professeurs. J’ai beaucoup appris sur moi-même (avec 800 filles autour de soi, c’était la place idéale pour découvrir la féminité sous toutes ses coutures!). J’étais du type intello, à lire énormément à la bibliothèque, j’étais passionnée de théâtre et j’aimais m’engager dans le comité de vie étudiante. Je représentais ma classe et, par conséquent, toutes sortes de filles différentes. Je discutais des remises de chèques avec des sportives, des documents à remplir avec des addict de la musique, du choix de la couleur des rideaux du bal avec celles qui mouraient d’envie de connaître les dernières idées pour les décorations du bal ou encore je m’informais de la participation des plus timides aux activités. Chaque fille était différente et mon rôle consistait à m’assurer de bien les représenter. Je pensais souvent, à la blague, lorsqu’une fille me disait qu’elle avait oublié un papier chez elle (important et dû depuis une semaine), que la définition d’une présidente de classe consistait en fait à être une mère fatigante : répéter au moins mille fois de ne pas oublier leur chèque, vérifier tous les formulaires pour être sûre qu’elles les avaient remplis correctement. L’uniforme peut en effet contribuer à enrayer les problèmes d’intimidation, mais croyez-moi cette école nous enseigne à devenir des femmes de tête, de coeur et de volonté. Ces filles ont assez de « tête » pour savoir que ça ne se fait pas, assez de « coeur » pour voir que c’est extrêmement blessant et assez de « volonté » pour dire à l’une des rares idiotes qui n’auraient pas compris le principe, de se taire et de se mêler de ses affaires. En cinq ans là-bas, je peux vous dire qu’il y a une sorte d’entente tacite entre les filles : « c’est une école pour filles, il n’y a pas de garçons, je me permets donc d’être moi-même sans la peur du jugement alors je ne te dirai pas comment t’habiller. Cela te regarde ». Avez-vous pensé que ces filles qui s’habillent avec de « moins beaux vêtements », c’est parce que, justement, elles n’ont pas les moyens de s’acheter autre chose? Alors que, selon l’article, une garde-robe scolaire représente une économie lorsqu’elle est comparée aux vêtements de marques. Voici donc ma question : est-ce pour les étudiantes ou pour les parents qui payent des sommes astronomiques en vêtements à leurs filles que l’uniforme est introduit? Qui en bénéficie réellement? Les parents qui, au départ n’ont pas un budget de 500 $ annuel, ou ceux que cela fait économiser? Ayant été moi-même une fille qui avait à peine plus de 200 $ pour des vêtements chaque année je me pose quelques questions. Quant à la fondation Isabelle Viens? Elle a été mise en place pour les parents qui avaient besoin d’aide financière pour inscrire leur fille au CSM. Y aura-t-il une nouvelle clause pour aider à payer les 500 $ d’uniformes par année?

Hortense Bamas Finissante au Collège Saint-Maurice en 2011

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