6 avril 2023 - 07:00
Suspension de la propriétaire de Royal Lepage Origine pour fraude présumée
Des courtiers immobiliers de Saint-Hyacinthe ont perdu de l’argent
Par: Adaée Beaulieu
Audrey Bédard, propriétaire de l’agence Royal LePage Origine, a vu son permis de courtage immobilier être suspendu pour de possibles fraudes s’élevant à plus de 460 000 $. Photo capture d’écran Facebook Watch

Audrey Bédard, propriétaire de l’agence Royal LePage Origine, a vu son permis de courtage immobilier être suspendu pour de possibles fraudes s’élevant à plus de 460 000 $. Photo capture d’écran Facebook Watch

Plusieurs courtiers immobiliers de Saint-Hyacinthe, dont au moins quatre de Royal LePage, sont directement touchés par la possible fraude que la propriétaire de l’agence Royal LePage Origine, Audrey Bédard, aurait orchestrée en pigeant à même le compte en fidéicommis de son agence.

Le permis de courtière immobilière de Mme Bédard a été suspendu temporairement par le Comité de discipline de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) en attendant qu’une décision finale soit rendue concernant la plainte disciplinaire.

La Maskoutaine Odile Alain, une courtière de Remax Renaissance, a perdu 13 000 $ dans cette histoire. Ses clients ont acheté en janvier une maison inscrite et vendue par Royal LePage et elle a appris en février qu’elle ne toucherait pas à sa commission. « Depuis l’été que je magasinais et visitais avec eux, alors j’ai travaillé pendant des mois pour leur trouver une maison et je n’ai finalement pas été payée », a-t-elle déploré. « Je ne suis même pas avec Royal LePage, je ne la connais même pas et je n’ai pas de recours », a-t-elle ajouté.

Pour sa part, la courtière immobilière de Royal LePage Johanne Brabant, qui a perdu beaucoup d’argent, a dénoncé la situation sur sa page Facebook. Elle a récemment changé d’agence pour se joindre à Royal LePage Au Sommet avec Daniel Levasseur, Martine Cordeau et Laurent Blanchette qui ont eux aussi subi les contrecoups de cette fraude.

« Audrey Bédard était la propriétaire de notre agence de Saint-Hyacinthe ainsi que celles de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Chambly et de Châteauguay en qui les courtiers avaient confiance. […] Très dur coup pour nous et tous les courtiers collaborateurs qui ne seront probablement jamais payés pour une grande partie des ventes effectuées! C’est d’une grande tristesse et nous souhaitons que les lois du courtage immobilier puissent être rapidement changées pour qu’aucun autre propriétaire d’agence ne puisse venir se servir à nos dépends! », a écrit Mme Brabant dans son message sur les réseaux sociaux.

Il faut savoir que les commissions n’appartiennent pas aux courtiers, car elles sont d’abord payables à l’agence.

De son côté, Guy Duhaime, qui détenait l’agence locale maskoutaine de Royal LePage avant de la céder à Audrey Bédard le 1er mars 2020, a indiqué que celle-ci lui avait été référée par un vice-président du siège social de Royal LePage.

« Elle semblait prospère et dynamique. Elle avait aussi trois autres agences », a déclaré M. Duhaime.

Plusieurs courtiers l’avaient contacté après la transaction pour lui partager certaines préoccupations. Certains avaient ensuite décidé de quitter l’agence. « Elle les a presque tous perdus. »

Actes répréhensibles

L’avis de suspension provisoire du permis du Comité de discipline de l’OACIQ fait état de 10 chefs d’accusation. En 2023, alors qu’elle était la seule administratrice d’une agence et signataire autorisée pour le compte en fidéicommis de l’agence, Audrey Bédard ne se serait pas assurée que toutes les sommes versées en fidéicommis y soient conservées et aurait permis ou toléré que le compte en fidéicommis de l’agence ait un solde négatif. Auparavant, le ou vers le 15 avril 2022, elle se serait approprié ou aurait utilisé à des fins autres l’acompte de 25 000 $ remis par un promettant acheteur pour une transaction devant être notariée le ou avant le 15 juillet 2022. Elle aurait aussi utilisé 433 235,11 $ en 2022 qu’elle devait à deux courtiers ainsi que 2196,02 $ dus à une agence.

Audrey Bédard aurait aussi entravé le travail du Service d’inspection de l’OACIQ en ne lui transmettant pas tous les documents demandés pour inspecter la conformité du compte en fidéicommis de l’agence, notamment les relevés de tous les comptes bancaires de l’agence pour la période du 1er janvier 2020 au 31 janvier 2023. Elle lui aurait aussi refusé l’accès complet au système de gestion électronique documentaire de l’agence et lui aurait révoqué l’accès partiel qu’elle lui avait accordé.

Audrey Bédard aurait également entravé l’enquête menée par le syndic en ne lui transmettant pas tous les documents et informations exigés, dont la liste des comptes bancaires qu’elle détient de même que ceux des compagnies dans lesquelles elle est actionnaire ainsi que l’accès aux relevés bancaires du compte opérations de l’agence. Elle aurait aussi omis de se présenter à une rencontre à laquelle elle était convoquée par le syndic.

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