Je devine que le maire de Saint-Hyacinthe est du même avis que moi, car il n’a pas toujours le même entrain ni la même vigueur à commenter les classements qui parlent de sa ville. On en a eu deux beaux exemples la semaine dernière. On le devine aisément, André Beauregard s’est réjoui de la publication, le 15 octobre, d’un dossier du journal La Presse portant sur l’état des finances des villes du Québec.
On pouvait entre autres y lire que la Ville de Saint-Hyacinthe se classe au troisième rang des villes de plus de 25 000 habitants au Québec pour les plus faibles dépenses administratives.
Selon les savants calculs du quotidien numérique, notre Ville est précédée de Drummondville et Mascouche, mais se classe devant Granby pour ces dépenses qui comprennent entre autres les sommes consacrées au fonctionnement du conseil municipal, au salaire des fonctionnaires, à la greffe, à la gestion administrative et financière de la Ville et à la préparation des rôles d’évaluation foncière. De quoi alimenter la campagne électorale.
M. Beauregard n’a pas manqué de partager et de commenter rapidement cette bonne nouvelle par une publication sur sa page Facebook. « Voilà une preuve concrète que les finances de la Ville sont gérées de façon rigoureuse, efficace et responsable. C’est la démonstration claire que les finances sont entre de bonnes mains », a-t-il noté avec fierté et enthousiasme.
Les 6 et 14 octobre, la Ville de Saint- Hyacinthe avait également fait parler d’elle dans les médias nationaux, mais pour une raison pas mal moins glorieuse cette fois. C’était à la suite de la diffusion en deux temps des résultats d’analyses sur la qualité de l’eau potable. L’organisme Vigilance OGM a d’abord mesuré les concentrations de glyphosate (ingrédient principal actif utilisé dans des herbicides) dans l’eau potable de 10 villes du sud du Québec.
Résultat? Bien que la concentration de glyphosate dans l’eau potable de Saint-Hyacinthe soit inférieure au seuil réglementaire en vigueur au Québec, elle est 23 fois plus élevée que la norme européenne.
Dans un second temps, Vigilance OGM a révélé que la concentration totale des pesticides dans l’eau des 10 villes testées, dont Saint-Hyacinthe, était de 4 à 24 fois plus élevée que le critère en vigueur en Union européenne. La Ville de Saint- Hyacinthe a un total de 12,462 microgrammes par litre (µg/L) de pesticides, alors que le critère en vigueur en Europe est de 0,5 µg/L. Le score de la cité maskoutaine est le pire des 10 municipalités québécoises testées.
Questionné la semaine dernière par LE COURRIER, le maire Beauregard s’était contenté de dire qu’il avait vu les manchettes à cet effet, mais qu’il n’avait pas eu le temps de prendre connaissance du vilain dossier. Il aura fallu attendre au vendredi 17 octobre pour voir le Service des communications offrir une réponse officielle de la Ville. Sans surprise, on a insisté sur le fait que l’eau potable de Saint-Hyacinthe respecte toutes les normes québécoises du Règlement sur la qualité de l’eau potable et que les résultats d’analyses à l’interne sont en dessous de la limite de détection des laboratoires utilisées par la Ville. « L’étape de filtration au charbon activé permet d’enlever les micropolluants organiques, tels que les pesticides », a réitéré Charles Laliberté, directeur général adjoint aux services techniques, dans le communiqué.
Je ne sais pas pour vous, mais je suis à demi rassuré. Les normes québécoises devraient-elles être révisées? Disposons-nous des meilleurs équipements pour traiter notre eau comparativement aux autres municipalités? Dans quelle mesure l’utilisation de pesticides est-elle débridée dans le bassin de la Yamaska? Et surtout, Saint-Hyacinthe peut-elle encore se vanter publiquement d’être une municipalité sans pesticides depuis 2024 avec de tels résultats?
Malheureusement, tout n’est pas clair comme de l’eau de roche.


