27 avril 2023 - 07:02
Économie maskoutaine
Entre déprime et fierté
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Ok, je l’avoue. Le journal que vous prenez plaisir à lire chaque semaine peut parfois être un peu déprimant, au gré des nouvelles qu’il renferme.

Mon mentor, le regretté Jean Vigneault, avait pourtant l’habitude de dire qu’il n’existait pas de bonnes ou de mauvaises nouvelles, mais uniquement des nouvelles qui se colorent selon nos intérêts ou les lunettes que nous portons.

Question de point de vue, mais cette analyse se défend et Jean Vigneault savait le faire très bien. Il ne portait pas de lunettes roses. Moi non plus d’ailleurs.

Cela dit, nos pages économiques de l’édition du 20 avril n’étaient pas très gaies. Fermeture de l’usine d’abattage d’Olymel à Vallée-Jonction, Brolem Textiles au bout du rouleau, Boutique Uzâge confrontée à la dure réalité de la pénurie de main-d’œuvre, santé financière préoccupante des producteurs agricoles, n’en jetez plus, la cour est pleine. Un lecteur qui se limiterait à lire cette seule édition pourrait penser que la morosité économique frappe fort à Saint-Hyacinthe. Grave erreur. Il y a évidemment des enjeux importants ici comme ailleurs, mais il y a aussi et surtout du positif à mettre en lumière. Cette édition est assez lumineuse merci au niveau économique.

Même si la situation de l’emploi vacille un peu, les entreprises de chez nous ont retrouvé une vitesse de croisière prépandémique, constate-t-on à la lecture du bilan annuel de Saint-Hyacinthe Technopole, que je me plais à décrire comme le bras économique de la Ville de Saint- Hyacinthe et de la MRC des Maskoutains.

Les investissements ont repris de plus belle dans tous les secteurs et l’optimisme est au rendez-vous, même si l’enjeu de la main-d’œuvre reste entier. Selon un rapport de recherche de la Fédération canadienne de l’entreprise rendu public cette semaine, les propriétaires de PME travaillent en moyenne 54 heures par semaine, ce qui est l’équivalent d’une semaine de huit jours! Ceux qui sont confrontés à la pénurie de main-d’œuvre disent consacrer une bonne vingtaine d’heures à pallier le manque d’employés. En Montérégie, il y avait 36 250 postes vacants au quatrième trimestre de 2022, selon l’organisme. Sensiblement au même moment, selon un relevé maison effectué dans le cadre du cahier des 200 plus grandes entreprises, nos entreprises et commerces de 20 employés ou plus cherchaient à en pourvoir 2250.

On comprendra facilement que nos gens d’affaires ont de la broue dans le toupet et pas trop le temps de se la couler douce. Sauf exception. Comme samedi dernier, quand plus de 400 d’entre eux ont convergé vers le centre de congrès pour célébrer la réussite entrepreneuriale maskoutaine, à l’invitation de la Chambre de commerce. Cette soirée placée sous le signe de la fierté a fait un bien fou. Partager de belles réussites d’affaires et mettre de côté le linge mou le temps d’une soirée est un spectaculaire antidote à la morosité et au pessimisme. Surtout qu’un tel gala n’avait pas eu lieu depuis avril 2019, pandémie oblige bien entendu. Il faisait bon de revoir les visages connus et les nombreux visages qui le sont moins.

Dans le lot des entreprises incontournables qui semblent encore toutes pimpantes et solides, on trouvait entre autres les valeurs sûres que sont Ben-Mor, dont on n’attendait rien de moins que la consécration à l’heure de son trentième anniversaire, Groupe Robin, Kenworth Maska, Nutrigroupe, Transport Petit, Miel Dubreuil, Marché Dessaulles et la Ferme Gadbois. On a aussi découvert de nouveaux joueurs ambitieux et remplis de belles promesses comme Fruit d’Or, TalThi et Foxtrot Industriel.

Plusieurs, en dehors de Saint-Valérien-de-Milton bien entendu, ont aussi été fort surpris d’apprendre que Normandin, lauréat du Grand Prix Constellation 2023, peut être autre chose qu’un populaire restaurant familial. Voilà un nom à retenir et dont on n’a pas fini d’entendre parler vu le virage entrepris ces dernières années par cette entreprise industrielle afin de sortir de l’ombre. On saluera aussi la réussite de la boutique de tissus Non Non Oui Textiles dans la catégorie Commerce de détail.

Pour une institution comme Brolem qui s’éteint, il y a un Non Non Oui qui ne demande qu’à vivre. La roue tourne et voilà bien la preuve qu’une fermeture d’entreprise peut être à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle, selon les lunettes que l’on porte.

Jean Vigneault avait bien raison finalement.

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