20 janvier 2022 - 07:00
Ententes secrètes à la Ville de Saint-Hyacinthe
Gros malaise
Par: Le Courrier

Oui, j’ai avalé ma poutine de travers. Je parle de celle que j’ai dégustée en compagnie du maire André Beauregard lors de notre entretien de fin d’année. Elle était succulente, n’en doutez pas une minute. Le malaise est venu à retardement.

Il s’est manifesté sournoisement quand j’ai appris que le conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe l’avait autorisé à négocier discrètement une entente avec un promoteur privé désirant faire affaire avec la Ville, et plus encore, désireux d’obtenir un coup de pouce financier de sa part.

Non, ce n’est pas dans l’ordre naturel des choses, ni même conforme à l’esprit des règles qui encadrent les relations entre une Municipalité, un organisme public, et les promoteurs privés qui tournent autour et souhaitent y brasser des affaires.

Ces pratiques ne figurent pas dans les normes recommandées de saine gestion et de bonne administration, mais elles sont dans les habitudes de la maison, lire dans les habitudes de la Ville de Saint-Hyacinthe. Cette dernière nous avait fait le coup avec Exceldor il y a de ça quelques années pour la relocalisation souhaitée de l’usine de Saint-Damase vers Saint-Hyacinthe. Le maire Claude Corbeil avait en quelque sorte obtenu une dérogation du conseil pour négocier en douce l’implantation de la nouvelle usine d’Exceldor. L’entente de principe entre la Ville de Saint-Hyacinthe et la coopérative a été annoncée en grande pompe le 15 novembre 2018.

Près de quarante mois plus tard, nous ignorons toujours son contenu et ce à quoi s’est engagée la Ville, malgré des demandes répétées et des appels à plus de transparence. Apprêté à toutes les sauces par l’aspirante mairesse Marijo Demers et le parti Saint-Hyacinthe unie, ce thème a d’ailleurs été au cœur de la récente campagne électorale municipale. Cela a forcé son adversaire et éventuel vainqueur à se commettre un peu sur la question de la transparence et à en promettre un tant soit peu dans la mesure du possible. Tant et si bien que tous les espoirs semblaient permis.

D’où l’ampleur de la déception, voire de la débarque, quand l’un des premiers gestes du nouveau maire consiste à obtenir un passe-droit pour engager la Ville en catimini avec le privé. Qui, quoi, quand, où et pourquoi? Autant de questions superflues. On nous promet seulement que nous saurons tout le moment venu.

Sauf que ce temps ne semble jamais approprié. Nous avons du mal à croire que cette façon de faire les choses à visière baissée, qui ne semble pas habituelle dans les autres municipalités, soit à ce point essentielle et que Saint-Hyacinthe soit une société distincte en matière de négociation avec le privé. Ce n’est certainement pas d’hier qu’un promoteur fait des yeux doux à une administration municipale et que celle-ci se montre réceptive. Nous n’avons qu’à penser à tous les projets d’envergure ou immobiliers qui ont ponctué l’actualité maskoutaine et occupé notre Service de l’urbanisme ces dernières années. Alors plutôt que de s’aventurer aux frontières de ce qui semble légal, la Ville a raté une belle occasion de passer un message aux promoteurs de tout acabit.

Elle aurait dû leur rappeler qu’il y a une marche à suivre et des façons de faire à respecter quand on veut faire affaire avec une Municipalité. Le prix à payer est celui de la transparence. Tout ne peut pas être caché quand on négocie avec une entité publique.

Alors, si le promoteur n’est pas prêt à voir son nom et ses intentions étalés sur la place publique, il n’est tout simplement pas dans le bon créneau. Il est aussi décevant de constater qu’aucun élu municipal, nouveau ou ancien, n’ait manifesté le moindre malaise face à cette pratique du secret hautement contestable.

On nous répondra que ce recours est une rareté et que l’enjeu en vaut la chandelle, mais force est de constater que les exceptions reviennent bien souvent à la Ville de Saint-Hyacinthe, sans que nous soyons en mesure d’évaluer les retours à leur juste valeur. Avez-vous vu les ententes secrètes passées liant la Ville de Saint-Hyacinthe à Beauward, au gestionnaire du centre de congrès municipal ou à Exceldor?

Les Maskoutains ont le droit de savoir. De tout savoir.

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