1 décembre 2022 - 07:00
Marc-André Dupaul et Étienne Dupré
Hôte et Duu : ensemble dans leurs projets solos
Par: Maxime Prévost Durand
Après avoir chacun lancé de la musique avec leur projet solo cet automne, Marc-André Dupaul (hôte) et Étienne Dupré (Duu) viendront présenter leurs chansons au Zaricot le 3 décembre. Photo Marc-André Dupaul

Après avoir chacun lancé de la musique avec leur projet solo cet automne, Marc-André Dupaul (hôte) et Étienne Dupré (Duu) viendront présenter leurs chansons au Zaricot le 3 décembre. Photo Marc-André Dupaul

Marc-André Dupaul et Étienne Dupré se suivent depuis toujours. Tous deux natifs de Saint-Pie, ils ont fait leurs premières armes sur scène ensemble alors qu’ils n’étaient qu’en secondaire 3. Maintenant, chacun mène son propre projet musical. Cet automne, l’un a dévoilé son deuxième EP, l’autre son premier album solo. Et le samedi 3 décembre, ils déploieront leur univers musical respectif en plateau double au Zaricot.

« Ça va être la première fois qu’on partage la même scène avec nos projets solos respectifs, souligne Marc-André Dupaul, qui prend le pseudonyme hôte sur scène. On l’a déjà fait en accompagnant d’autres artistes, mais jamais avec nos propres projets. »

À la fin septembre, hôte a lancé son second EP, Saturne en Capricorne. Les cinq chansons qu’on y trouve sont en quelque sorte la « face B » du précédent EP, intitulé Lune en Verseau, qui est paru en 2020.

Quelques semaines plus tard, Étienne Dupré a fait paraître Arboretum, le premier album qu’il signe avec son projet solo Duu. Projet artistique à part entière, le vinyle est accompagné d’un livre de photos qui permet une immersion dans l’univers d’Arboretum, ponctué de « chansons-microclimats » où la poésie et le rock expérimental s’entremêlent habilement.

Ces sorties quasi simultanées n’étaient pas coordonnées, mais à l’image de leur parcours de vie, elles se sont synchronisées.

La première fois qu’ils sont montés sur une scène, c’était dans le cadre de Casavant en spectacle, se souviennent-ils. À cette époque, ils avaient formé un groupe de reprises de punk-rock.

« Dans le band, il y avait nous avec Alex Burger, qui mène aujourd’hui sa carrière solo, et Olivier Savoie-Campeau, qui est drummer pour plein de gros artistes au Québec », raconte Marc-André.

« On fait tous encore de la musique, fait remarquer Étienne. C’est le fun de se voir évoluer. On s’observe toujours, des fois de loin, des fois de plus proche. On a changé et on a surtout évolué. Quand tu es ado et que tu veux ce qui te passionne, ça se peut très bien que ce soit ce qui te suive ensuite dans la vie. Ce n’est pas toujours full bright un ado, mais on était très rêveurs et c’est devenu réalité. »

Au fil des années, Étienne a surtout accompagné d’autres artistes en tant que bassiste, dont Klô Pelgag, avant de plonger dans son propre projet solo en parallèle. Il fait aussi partie du groupe de « math rock » zouz. De son côté, Marc-André a délaissé la musique pendant un long moment pour se consacrer à la photo et à la vidéo, mais il est revenu à ses premières amours depuis quelques années. Avec hôte, il a même participé à la dernière édition des Francouvertes et il a atteint la finale du réputé concours. Même si chacun fait ses trucs de son côté, l’autre n’est jamais bien loin.

« Ce qui est nice, c’est que nos projets peuvent se rejoindre encore aujourd’hui, sur la même scène, pas juste parce qu’on est deux gars du coin de Saint-Hyacinthe, mais parce qu’ils ont des similitudes et parce qu’on se comprend dans ce langage-là », affirme Marc-André Dupaul.

À preuve, Étienne a coréalisé le EP de hôte. Marc-André a quant à lui été le photographe de la portion visuelle qui accompagne l’album de Duu.

« On a beaucoup échangé dans ces deux projets-là. Il y a beaucoup de Marc-André dans ce que j’ai fait, et vice versa, poursuit Étienne Dupré. De réunir ça sur scène à Saint-Hyacinthe, c’est quand même touchant. Ça vient boucler tout le travail qu’on a fait ensemble. »

L’Arboretum de Duu

La nature, autant humaine qu’écologique, teinte l’univers du premier album de Duu intitulé Arboretum.

Lui-même intéressé par les plantes et animé d’un désir constant de quitter Montréal au profit des paysages ressourçants des régions, Étienne Dupré livre une poésie métaphorique sur une musique tantôt rock, tantôt plus expérimentale en explorant les « architectures sonores ».

« Je vois Arboretum comme une promenade en forêt où les chansons sont des personnages qu’on rencontre », décrit-il.

Ces personnages prennent vie dans un livre, partie importante du projet, qui accompagne le vinyle. Des œuvres de l’artiste sculptrice Maude Arès, que l’on a pu voir dans le cadre d’ORANGE, l’événement d’art actuel cet été et qui est une amie à lui depuis le cégep, s’installent dans la nature sous la lentille de Marc-André Dupaul et s’inscrivent dans l’ambiance qui se dégage de chacune des chansons.

« C’est un album très personnel et proche de ce que j’ai vécu, mais aussi très près des observations que j’ai faites sur les autres. […] Le fait de connecter la nature à ma musique comme ça, ça fait en sorte que je me ground encore plus », estime Étienne.

La carte du ciel d’hôte

Avec Saturne en Capricorne, hôte vient compléter la carte du ciel entamée avec son premier EP Lune en Verseau.

Quelque part entre la musique électronique et le rock, son univers musical est planant – voire atmosphérique – et déployé sous de multiples couches. « Il y a des sonorités qui distinguent les deux EP, mais les thèmes font en sorte qu’ils sont liés », soutient Marc-André Dupaul.

Plus assumé dans son statut d’auteur-compositeur-interprète, hôte s’offre une plus grande liberté sonore et aborde de front ses démons et ses peurs dans ses paroles. « Je ne vais pas me sauver / de mes plus chères idées », chante-t-il sur le premier extrait « Chimères », qui ouvre le EP. « Halo », tout en douceur, se veut plus introspective, tandis que « Faucille » évoque le deuil de sa grand-mère mourante.

« Je défais des nœuds qui sont encore à l’intérieur de moi et j’essaie de briser cette gêne-là à créer des choses, raconte-t-il. Je l’ai fait dans la métaphore et dans la symbolique plus que d’une manière directe. C’est un travail qui se fait constamment pour moi, d’aborder les émotions. »

À la fin de ce voyage musical, « Saturne en Capricorne » se veut plus légère, comme un pas de plus vers l’affranchissement après avoir traversé différentes épreuves.

image