20 avril 2023 - 07:00
Course à pied
Julien Pinsonneault vit son baptême du marathon de Boston sous la pluie et le froid
Par: Maxime Prévost Durand
Julien Pinsonneault a complété le marathon de Boston en course partagée en poussant le fauteuil KartUs dans lequel prenait place May Lim. Photo gracieuseté

Julien Pinsonneault a complété le marathon de Boston en course partagée en poussant le fauteuil KartUs dans lequel prenait place May Lim. Photo gracieuseté

La première expérience de Julien Pinsonneault au marathon de Boston n’a pas été de tout repos. Pluie incessante, température froide et vent constant ont animé la course qu’il a complétée en duo avec May Lim, qui prenait place dans le fauteuil KartUs qu’il poussait.

Les conditions étaient telles que le Maskoutain n’a pas réussi à franchir le fil d’arrivée sous la barre des 3 h, une première dans son cas. Le détenteur du record Guinness du marathon le plus rapide en course partagée a dû se contenter d’un chrono de 3 h 4 m 16 s, lui qui visait plutôt un temps avoisinant les 2 h 45. Son record, réalisé en octobre, est de 2 h 49 m 26 s.

« Ça a été un beau défi physique », a-t-il confié en entrevue au COURRIER au lendemain de la course.

Onze duos ont participé au volet de course partagée du marathon de Boston et seulement neuf l’ont complété. Meneur à la mi-parcours, Julien Pinsonneault a finalement lutté pour la 2e place à l’arrivée. Le classement préliminaire place son duo avec May Lim au 3e rang pour le moment, même s’il a terminé avec un chrono identique à Ted Painter, à qui la 2e place a été octroyée. Le coureur de Saint-Hyacinthe est d’ailleurs convaincu d’avoir franchi le fil d’arrivée avant son rival, même si la fin de la course a été très serrée. Le classement fait présentement l’objet d’une révision.

Outre ce détail technique, Julien Pinsonneault a terminé la course avec détermination et fierté. « J’étais surtout content d’avoir donné un gros effort à la fin pour aller chercher le gars qui était devant moi. Je me disais aussi : c’est fait, mission accomplie! Ensuite, on cherchait juste de la chaleur pour nous réchauffer. »

Jusqu’à la mi-parcours, l’athlète maskoutain a conservé un rythme de course qu’il aimait malgré les conditions difficiles. Mais les choses se sont compliquées par la suite. « Tout allait bien jusqu’au 30e kilomètre. C’est devenu plus compliqué à partir de ce moment, avec mes jambes qui répondaient moins bien en raison du froid », a mentionné l’athlète de 30 ans, qui a souffert d’engelures après la course.

En conduisant le fauteuil KartUs, l’eau qui s’accumulait au sol l’éclaboussait. Le froid n’a pas aidé sa cause non plus. « À deux reprises, j’avais tellement froid que j’avais de la misère à retenir le fauteuil », a-t-il poursuivi.

Sous les encouragements constants de sa partenaire de course May Lim, Julien a fait preuve de ténacité et de persévérance pour aller jusqu’au bout et franchir le fil d’arrivée de cette course que son idole, le Maskoutain Gérard Côté, a remportée à quatre reprises dans les années 40.

« C’est un bel accomplissement pour nous. C’était aussi un rêve de pouvoir amener une personne à mobilité réduite à vivre une expérience comme celle-là. »

Le détenteur du record du monde au marathon chez les hommes, Eliud Kipchoge, est même venu saluer May Lim sur la ligne de départ.

« C’est un des six marathons majeurs dans le monde, a rappelé Julien. C’était impressionnant d’être là. Il y avait beaucoup de monde pour nous encourager sur le parcours. J’en avais mal à la tête au fil d’arrivée tellement l’ambiance était forte. »

Les participants de l’épreuve de course partagée ont pris le départ quelques minutes avant les coureurs d’élite, parmi lesquels se trouvaient plusieurs olympiens et champions du monde.

« Les meneurs chez les élites sont venus nous rattraper autour du 9e kilomètre. C’était spécial. Ce sont des gens qu’on voit à la télé. Quand on les a vu passer avec une cadence d’environ 2:53 / km, c’était juste magique. Ils n’avaient même pas l’air de forcer! »

Prochaine étape : en solo?

Au cours de la dernière année, la course partagée a amené Julien Pinsonneault à participer à ses tout premiers marathons, bien qu’il soit un coureur aguerri. Son expérience à Boston lui permet maintenant de rêver d’y retourner pour le compléter en solo cette fois, comme l’a fait Gérard Côté à une autre époque.

« C’est sûr que je voudrais le faire seul aussi. J’ai toujours voulu le faire en solo », mentionne celui qui n’a encore jamais réalisé un marathon seul, outre à l’entraînement.

Ce serait pour lui une occasion de suivre les traces de son idole et de se mesurer à ce coureur qui a marqué une génération. Quadruple champion du marathon de Boston, Gérard Côté avait réalisé son meilleur temps en 1943 avec un chrono de 2 h 28 m 28 s.

« Est-ce que je réussirais à battre son temps? Je ne le sais pas. Est-ce que je serais proche? Je l’espère », a lancé Julien au bout du fil, en réfléchissant à ce défi qui mijote dans son esprit.

Le coureur n’écarte pas non plus de tenter de retourner à Boston en duo, en espérant de meilleures conditions pour lui permettre d’offrir la performance qu’il se sait capable de livrer. « C’est comme si je n’étais pas rassasié », a-t-il dit. Il est vrai que, lorsqu’il est question de course à pied, Julien Pinsonneault a bon appétit. Et à l’entendre parler, il n’a pris qu’une première bouchée du marathon de Boston.

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