Cette réflexion provient de l’autrice maskoutaine Josée Ouimet. Avec l’artiste sculpteur Hansé Galipeau Théberge et le musicien Olivier Guertin, elle était l’une des artistes-panélistes invités à participer à la première édition de Conversations culturelles, une soirée de discussions organisée le 15 octobre au Centre des arts Juliette-Lassonde par la Table de concertation du Pôle culturel maskoutain au sujet de l’importance de la culture dans notre communauté. L’initiative visait à mettre en lumière les défis, les aspirations et les rôles multiples que la culture joue dans le quotidien des Maskoutains.
À tour de rôle, les trois panélistes, issus de générations différentes et de créneaux variés, ont partagé leur parcours dans le milieu artistique et leur premier contact avec la culture. Ils ont aussi été invités à se prononcer sur la place que celle-ci mérite à Saint-Hyacinthe et dans la région.
Mais en premier lieu, à quoi sert la culture? « Certains diront à rien, malheureusement. Mais je pense que ça sert à réfléchir, à penser autrement, à confronter, à faire vivre des émotions à ceux qui ont de la difficulté à les vivre ou qui cherchent à les vivre », a répondu Olivier Guertin lorsqu’invité à répondre à cette question posée par l’animatrice de la soirée, Valérie Arsenault.
Dans la salle, une quarantaine de personnes étaient présentes pour assister à cette discussion, dont quelques candidats aux élections municipales et des personnes impliquées dans la vie culturelle régionale.
L’une des questions du public qui a retenu l’attention est celle de Michèle Lemelin, présidente de l’exécutif du Parti québécois de Saint-Hyacinthe, qui a demandé aux invités ce qui pouvait être fait pour mieux soutenir les artistes d’ici.
« Ce qu’il manque, à mon humble avis, c’est la diffusion, a répondu Josée Ouimet. C’est de montrer qui est artiste, qui fait quoi, où et quand, parce qu’il y a plein de monde qui font des choses intéressantes, mais on ne les voit pas. »
L’autrice a notamment suggéré l’implantation de partenariats avec les écoles de la région pour initier les enfants tôt à la culture ou encore avec des lieux municipaux pour rejoindre la population.
De son côté, Hansé Galipeau Théberge a plaidé pour que le milieu politique ait le courage d’investir dans la culture et auprès des artistes de la relève au bénéfice de la richesse collective plutôt que monétaire. « Il ne faut pas penser aux artistes de la relève comme étant quelque chose de rentable. Des fois, on met de l’argent et on ne réalise pas tout à fait où ça va mener », a-t-il averti.
C’est en offrant des ressources aux artistes (espaces de diffusion, ateliers de création, etc.) que des talents pourront véritablement se développer et émerger, a ajouté celui qui, en plus d’être artiste sculpteur, forme la relève en tant qu’enseignant en arts au Cégep de Saint-Hyacinthe.
Une intervention d’un membre du public a par ailleurs suggéré une plus grande décentralisation de la vie culturelle afin d’offrir un meilleur accès dans les municipalités de la région, au-delà de Saint-Hyacinthe, une observation à laquelle les trois panélistes ont acquiescé.
« Ce qui serait bien, c’est de mettre en avant-plan les bibliothèques comme un accès à la culture », a proposé Olivier Guertin en évoquant le potentiel de ces lieux pour de la diffusion. « Avec mon groupe, Le Jager, on a joué pour des enfants dans une bibliothèque et on était accompagnés d’un conteur. On faisait de l’improvisation spontanée pendant que le conteur montrait du théâtre aux enfants, donc déjà là, ça permettait à plusieurs arts de se côtoyer. Ça peut aussi être utilisé comme galerie d’art pour de l’art visuel. C’est une belle porte d’accès qui est même écrite dans la nouvelle politique culturelle [de la MRC des Maskoutains]. »
Une brève présentation de la Politique de la culture et du patrimoine de la MRC des Maskoutains ainsi que de l’évolution du Pôle culturel de Saint-Hyacinthe a d’ailleurs servi de préambule à la discussion. La soirée s’est terminée par la lecture d’une lettre écrite par Josée Ouimet en lien avec la campagne « Lettre d’amour à ma ville culturelle » qui a été menée à travers le Québec dans la foulée des élections municipales pour sensibiliser les prochains élus à l’importance de la culture de proximité.
Une « lettre d’amour à ma ville culturelle »
« Chère Saint-Hyacinthe, tu es la ville où j’ai choisi de vivre et de fonder ma famille depuis plus de 50 ans. Une ville que j’ai vu grandir, accroître son potentiel démographique, s’animer de concerts au parc Casimir-Dessaulles, de fêtes des neiges sur la rivière gelée, de pièces de théâtre, de spectacles de danse et de tous les événements qui ont su confirmer notre désir de vivre ici. Aujourd’hui, avec une bibliothèque, une salle de spectacles, une galerie d’art contemporain et bientôt un centre d’histoire et d’archives regroupés près du site de fondation du dernier legs français en Nouvelle-France, tu fais la fierté de tous ceux qui partagent cette richesse culturelle. La culture, en plus de mettre en valeur le patrimoine bâti, humain, musical et artistique, est le dénominateur commun de rencontres, de découvertes, d’émerveillements, mais aussi de questionnements. Lorsque quelqu’un avait proposé à Winston Churchill de couper dans le budget de la culture pour financer l’effort de guerre, celui-ci avait répondu : « Si ce n’est pas pour la culture, pourquoi nous battons-nous? » Je souhaite qu’à l’exemple de ce grand homme, chère ville, tu prennes position afin d’assurer une pérennité de notre avenir culturel grâce, entre autres, à des partenariats avec les écoles, les acteurs culturels et tous les intervenants qui ont à cœur de dire : Saint- Hyacinthe, je t’aime culturelle. » – Josée Ouimet


