26 janvier 2017 - 00:00
Biométhanisation
La présidente de Gaz Métro mise sur les déchets agricoles
Par: Jean-Luc Lorry
Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro.  Photo François Larivière | Le Courrier ©

Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro.  Photo François Larivière | Le Courrier ©

Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro. Photo François Larivière | Le Courrier ©

De passage dernièrement au Salon de l’agriculture, la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu, compte sur le milieu agricole pour alimenter en matières organiques les installations de Saint-Hyacinthe destinées à la production de gaz naturel. 


« La biométhanisation est née à Saint-Hyacinthe en considérant l’ampleur des déchets agricoles qui sont disponibles dans la région », considère Sophie Brochu, en entrevue au COURRIER.

Toutefois, l’utilisation de matières organiques agricoles à des fins de biométhanisation est encadrée et limitée. Le Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage du ministère de l’Environnement indique que seulement 10 % du volume total des matières organiques traitées dans des installations municipales peuvent être constituées de matières d’origine agricole (fumiers et lisiers).

Actuellement, la Ville a réussi à trouver 70 000 tonnes de matières organiques sur les 190 000 tonnes nécessaires pour alimenter adéquatement ses installations en biométhanisation.

Toujours en construction, celles-ci représentent un investissement d’environ 85 M$ partagés en trois parts entre la Ville et les paliers provincial et fédéral.

La direction générale de la Ville croit que celle-ci sera en mesure d’amortir son investissement de l’ordre de 31,7 M$ d’ici sept à huit ans. En 2017, la municipalité prévoit réaliser des recettes nettes de presque 1,5 M$ avec son système de biométhanisation.

La Ville s’est entendue avec Gaz Métro pour alimenter dès ce printemps son réseau de distribution en biométhane. 

« Il est normal qu’il y ait une période de montée en régime. Gaz Métro a donné beaucoup de flexibilité à la Ville. Il ne manque pas de matière première. Elle existe. Nous allons acheter ce que la municipalité sera en mesure de nous fournir », mentionne Sophie Brochu. 

À terme, la Ville vise la production de 16 millions de mètres cubes de gaz naturel et compte en écouler la majeure partie dans le réseau de Gaz Métro. 

En décembre, la Ville s’est entendue avec l’entreprise Agropur pour recueillir et traiter jusqu’à 10 000 tonnes par an de résidus alimentaires et avec la firme Sanimax pour une portion de 21 000 tonnes de résidus provenant de la valorisation de sous-produits animaux. 

Mme Brochu estime que la nouvelle règlementation en matière d’enfouissement favorisera la biométhanisation. 

« D’ici 2022, l’ensemble des municipalités au Québec n’auront plus l’autorisation d’enfouir les déchets domestiques. Par conséquent, ceux-ci devront être valorisés. Saint-Hyacinthe inspire plusieurs municipalités de la province », souligne la dirigeante de Gaz Métro.

« La biométhanisation offre un double gain, économique et environnemental. De plus, c’est intelligent au plan énergétique puisque c’est une énergie qui est produite localement. Nous n’avons pas besoin de la transporter sur des centaines ou des milliers de kilomètres », poursuit-elle. 

Selon Gaz Métro, les installations de Saint-Hyacinthe représenteront la cinquième plus importante unité de production dans le monde spécialisée en biométhanisation. 

Conférence au Salon

Les organisateurs du Salon de l’agriculture avaient invité Sophie Brochu pour tenir une conférence où il était question, entre autres, de son observation de la société actuelle et de la place des femmes dans l’entreprise.

La dirigeante de Gaz Métro a déclaré que la mondialisation était un modèle qui ne fonctionnait plus. « Les entreprises sont devenues planétaires. Je pense que nous sommes arrivés à la fin d’un modèle économique. »

Celle-ci déplore l’élargissement du fossé entre les plus riches et les plus pauvres. « Il y a un cynisme qui se répand et une colère qui s’installe. C’est là-dessus que Trump a été élu président des États-Unis », considère-t-elle.

Dans un autre ordre d’idées, Sophie Brochu a évoqué la contribution de la gent féminine à la vie économique.

« Les sphères de pouvoirs donnent un accès limité aux femmes. Un homme d’affaires qui veut réussir doit s’entourer de femmes d’affaires », estime cette dirigeante qui est à la tête de Gaz Métro depuis 2007.

image