8 septembre 2022 - 07:03
Débat électoral de l’Union des producteurs agricoles
La relève parmi les priorités
Par: Adaée Beaulieu
Des candidats de cinq partis politiques québécois étaient réunis au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe dans le cadre d’un débat organisé par l’UPA. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Des candidats de cinq partis politiques québécois étaient réunis au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe dans le cadre d’un débat organisé par l’UPA. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Des candidats de la circonscription de Saint-Hyacinthe et d’autres régions représentant cinq partis qui désirent remporter les élections provinciales le 3 octobre étaient réunis au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe, le 6 septembre, pour partager leurs priorités en agriculture. Ils avaient été invités par l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie.

Questionnés par un agronome résidant sur le territoire de Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Mario Lavallée, sur leur priorité en lien avec l’agriculture, la plupart des candidats ont soulevé l’importance d’assurer la relève. La députée sortante du comté de Saint-Hyacinthe, la caquiste Chantal Soucy, a noté l’importance pour son parti de continuer à apporter du soutien, mais n’a pas voulu en dire plus, car une annonce était prévue le 7 septembre. Celle-ci consiste à bonifier le Fonds d’investissement pour la relève agricole de 50 millions de dollars afin d’aider à financer l’achat notamment de terres agricoles.

« Est-ce que nous pouvons faire des DEP [diplômes d’études professionnelles] proches, des pôles d’études? Est-ce qu’on peut jumeler le travail et les études? », s’est, pour sa part, demandé le candidat conservateur dans Nicolet-Bécancour, Mario Lyonnais.

Le candidat pour Québec solidaire dans Borduas, Benoît Landry, est, quant à lui, très attaché à la lutte aux changements climatiques et a indiqué que cela peut passer par la relève.

Le candidat libéral dans Huntingdon, Jean-Claude Poissant, a plutôt mentionné l’importance des incitatifs fiscaux pour la relève dans sa conclusion.

La question de la protection des terres agricoles contre la spéculation a aussi été abordée par les candidats libéral et péquiste. L’UPA demande d’ailleurs une loi anti-spéculation pour interdire l’achat des terres agricoles par des sociétés d’investissement et des intervenants du secteur immobilier.

« S’il n’y a pas ça, le reste n’existe plus », a lancé Alexis Gagné-Lebrun, candidat péquiste dans Saint-Hyacinthe.

La main-d’œuvre étrangère a aussi été un des sujets de discussion. Le parti libéral souhaite rapatrier la gestion du programme des travailleurs étrangers temporaires du fédéral au provincial et la CAQ désire faire passer le pourcentage de ces travailleurs de 10 % actuellement à 20 %.

Dossiers chauds

La gestion des fonds amassés via la taxe carbone a aussi donné lieu à toutes sortes de réponses lorsqu’un producteur de grains dans Borduas, Alain Gervais, a demandé si elle serait remboursée aux producteurs comme dans le reste du Canada. M. Gervais paye actuellement six cents du litre pour le propane et consomme 150 000 litres. Il prévoit devoir payer 60 000 $ par année dans quelques années, car, selon lui, le coût de la taxe devrait atteindre 40 cents le litre. Il déplore ne pas avoir actuellement d’alternatives pour faire sécher son grain. Cette taxe nuit donc à sa compétitivité par rapport aux producteurs du reste du Canada.

Alors que le candidat conservateur a souligné le désir de son parti d’utiliser un grand moyen, soit d’abolir cette taxe, Mme Soucy a plutôt indiqué l’objectif de rembourser un cent pour un cent via des initiatives pour les producteurs. Elle a néanmoins soutenu qu’on lui dit que « les producteurs d’ici font l’envie de beaucoup de producteurs des autres provinces canadiennes ».

Le candidat péquiste a tenu à souligner que l’objectif de son parti en matière de réduction des gaz à effet de serre est moins élevé dans le domaine agricole, soit une baisse de 18 % plutôt que 45 % ailleurs pour 2030, et ce, en raison des défis du secteur.

Québec solidaire se fixe plutôt un objectif de diminution globale de 55 % d’ici la même année et croit que, pour y parvenir, les agriculteurs doivent être aidés dans la transformation de leurs façons de faire. Il a d’ailleurs parlé à deux reprises de l’idée de récupérer le méthane qui émane des fosses à purin.

Un producteur laitier de Saint-Pie a aussi déploré que la grève chez Agropur l’ait empêché de disposer de son lait et lui a coûté très cher. Les solutions des candidats n’ont toutefois pas été si développées. Mme Soucy et M. Lyonnais ont plaidé pour que l’agriculture devienne un service essentiel, alors que M. Gagné-Lebrun et M. Landry ont abordé l’importance pour les agriculteurs d’être payés ou d’avoir une compensation financière dans ce genre de situation. M. Poissant, lui, croit qu’un projet de loi devrait être adopté pour que les ententes soient conclues avant la fin des conventions collectives.

La CAQ a aussi été pointée du doigt concernant l’histoire du décret gouvernemental consenti à Google pour lui permettre de s’établir sur des terres agricoles sans passer par la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Mme Soucy a indiqué que des compensations en terres de même qualité ainsi que financières ont été offertes. De façon plus globale, l’UPA souhaite ardemment que le projet de loi 103, qui prévoit que l’autorisation de la CPTAQ ne soit plus nécessaire pour certaines activités en zone agricole, ne favorise pas l’établissement de non-agriculteurs.

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