20 avril 2023 - 07:03
Interdiction d’arroser sa pelouse d’eau potable en juillet
L’arroseur arrosé
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Célébrons la terre par l’action et repeignons un monde meilleur, c’est autour de ces belles idées que se déploient la campagne du Jour de la Terre 2023 et toutes les initiatives citoyennes et manifestations qui en découlent ces jours-ci.

À Saint-Hyacinthe, une marche jumelée à une corvée de nettoyage a rassemblé, mobilisé et intéressé une quinzaine de personnes, mardi après-midi, à partir du Quartier des études supérieures. Ce n’est pas une première chez nous et certainement pas une dernière. On sent que le message commence lentement, mais sûrement à passer. Les concepts de réchauffement de la planète et d’urgence climatique sont de plus en plus concrets.

Au sortir d’un week-end aussi magnifique qu’inhabituel pour cette période de l’année, le moment ne pouvait être mieux choisi pour partager collectivement des préoccupations environnementales. Et aussi donner à la population des moyens concrets d’agir pour l’environnement et l’encourager à soutenir les organismes environnementaux locaux et nationaux pour restaurer ensemble la beauté du monde. Voilà l’une des missions fondamentales du Jour de la Terre, il est quand même bon de le rappeler.

C’est dans la foulée de la marche citoyenne du 18 avril que la Ville de Saint-Hyacinthe a cru bon de procéder, mardi, au bilan de la deuxième année de son plan de développement durable, un plan qui nous mènera jusqu’en 2025.

Il est toujours utile de procéder à un tel exercice et de s’arrêter pour prendre toute la mesure du chemin parcouru et de celui qui reste à faire. À la petite semaine, il n’est pas toujours facile de sentir que le développement durable est au cours des décisions municipales. Disons qu’il y a des gestes plus évidents que d’autres.

Parmi les décisions marquantes adoptées récemment par l’administration du maire André Beauregard, il faut certainement saluer celles touchant l’utilisation de l’eau potable. Après avoir resserré sa réglementation l’année dernière, la Ville de Saint-Hyacinthe vient d’appliquer un tour de vis supplémentaire.

À l’unanimité, et canicule ou pas, le conseil a décidé d’interdire l’arrosage des pelouses du 1er au 31 juillet. Les contrevenants seront passibles d’une amende variant entre 200 $ et 500 $ pour une première infraction. C’est l’arroseur arrosé!

Il sera aussi interdit en tout temps d’utiliser de l’eau potable pour procéder au lavage des entrées charretières, des stationnements et des trottoirs.

Voilà des mesures sensées qui bouleverseront cependant les habitudes de plusieurs citoyens, particulièrement de ceux et celles qui ne jurent que par leur pelouse verte et impeccable. Gageons que plusieurs de nos concitoyens songeront à se mettre à la pratique de la danse de la pluie au mois de juillet.

Ces mesures ne sont pas pour autant radicales et ne briment en rien nos droits et libertés, bien au contraire. Elles sont responsables et nécessaires, question de permettre un usage modéré et réfléchi d’une ressource qui n’est pas illimitée.

Il suffit de se promener un peu à travers la MRC des Maskoutains pour comprendre à quel point l’eau est une préoccupation et un frein au développement dans les municipalités qui n’ont pas la chance d’être desservies par une source d’eau comme la Yamaska. Et puisque l’eau est une ressource rare et précieuse, encore davantage l’eau potable qu’il faut traiter à fort prix, personne n’a intérêt à la gaspiller. Les restrictions estivales favoriseront la sensibilisation… et sans doute aussi la délation dans le voisinage!

Comme alternative à l’utilisation d’eau potable à des fins d’arrosage, la Ville prône entre autres l’utilisation d’un baril récupérateur d’eau de pluie placé sous une gouttière. Elle a même bonifié ses programmes de subventions écologiques en conséquence il y a moins d’un mois, dont celui qui permet le remboursement de produits d’hygiène durable comme les couches lavables et le programme qui offre le remboursement partiel du coût d’achat d’un baril de pluie.

Ce dernier programme n’a rien d’un puits sans fond. La Ville n’a réservé qu’un maigre budget de 2000 $ (!) à cette fin dans le présent budget, ce qui permettra d’éponger partiellement l’achat de 20 barils sur l’ensemble du territoire, si le montant maximal de 100 $ est réclamé chaque fois. J’ose croire que la Ville n’hésitera pas à se mouiller et à renflouer son enveloppe budgétaire lorsque celui-ci sera à sec!

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