17 novembre 2022 - 07:00
Difficultés financières de Groupe Sélection
Le chantier maskoutain pourrait être affecté
Par: Sarah-Eve Charland
Groupe Sélection a commencé la construction d’un immeuble au centre-ville de Saint-Hyacinthe il y a quelques mois. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Groupe Sélection a commencé la construction d’un immeuble au centre-ville de Saint-Hyacinthe il y a quelques mois. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Alors que l’entreprise a fait appel à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, Groupe Sélection procédera à une restructuration financière de ses divisions de construction et de développement. L’avenir du chantier au centre-ville de Saint-Hyacinthe devient incertain.

Le 14 novembre, La Presse dévoilait que Groupe Sélection faisait face à des difficultés financières. Au cours de la même journée, le géant immobilier a déposé une requête afin de bénéficier de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Toujours selon La Presse, la requête mentionne que les activités de développement et de construction sont paralysées ou fonctionnent à une cadence réduite, alors que des procédures judiciaires se déroulent présentement à Montréal et opposent le promoteur et ses banquiers.

Groupe Sélection a transmis un communiqué de presse, mais a refusé de répondre aux questions du COURRIER. Sans vouloir donner des informations précises concernant le projet maskoutain, l’entreprise a souligné dans un communiqué que la restructuration touche les divisions de construction et de développement.

« Ce qu’on me dit actuellement, c’est que les activités sur le chantier sont suspendues, mentionne le directeur général des Carrières de Saint-Dominique, Claude Dupuis. Je présume qu’ils sont à évaluer les différents scénarios en espérant un dénouement heureux. Ce projet est important pour l’économie locale et régionale. »

Les Carrières de Saint-Dominique sont un important fournisseur de matériaux sur le chantier maskoutain. Elles doivent fournir le béton pour l’ensemble de la structure. Il reste d’ailleurs encore plusieurs étages de béton à livrer.

L’entreprise Petrifond Fondation de Laval lance un autre son de cloche. Elle a enregistré une hypothèque légale sur l’immeuble maskoutain en août 2022. Elle réclame 415 267 $ à Structure ISO 2015, une entreprise apparentée à Groupe Sélection en raison d’une somme demeurée impayée à la suite de travaux de coffrage. L’entreprise Petrifond Fondation n’a pas été en mesure de retourner notre appel au moment de mettre sous presse.

Ce n’est toutefois pas l’expérience vécue par M. Dupuis des Carrières de Saint-Dominique. Il n’a pas constaté de retard de paiement ou de problématique. « Dans l’ensemble, on a une bonne relation. Ça se déroulait bien avec les personnes sur le chantier. Ce n’était pas le premier chantier de Groupe Sélection sur lequel on travaillait. On a aussi livré du béton pour des immeubles dans les Cantons-de-l’Est. »

Rappelons que le complexe à Saint- Hyacinthe, évalué à 50 M$, devrait se composer de 165 unités sur huit étages. Le promoteur cible une clientèle mixte, principalement dans le groupe d’âge 45-60 ans.

Des questions sans réponse

Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, admet être inquiet de la situation. La Ville n’avait pas eu d’information indiquant que le chantier était au ralenti. « On avait eu des inquiétudes cet été. Après les semaines de vacances de la construction, on trouvait que ça prenait du temps à repartir. Depuis ce temps-là, le chantier progresse. Je ne pourrais pas vous dire si la cadence est normale ou au ralenti. […] On veut que le projet se fasse. Si jamais les problèmes financiers sont trop importants, on espère qu’il y aura une entente ou des investisseurs intéressés à reprendre le projet. »

Afin de construire son complexe, Groupe Sélection avait acheté une partie du stationnement Intact à l’arrière du Centre des arts Juliette-Lassonde aux mains de la Ville de Saint-Hyacinthe. La transaction représentait une somme de 1 M$. À l’époque, le conseiller municipal du district Cascades, Jeannot Caron, s’était opposé à la vente puisque la Ville acceptait de décontaminer le terrain aux frais de l’acheteur jusqu’à concurrence de 100 000 $. Questionnée à ce sujet, la porte-parole de la Ville de Saint-Hyacinthe, Brigitte Massé, assure que Groupe Sélection n’a pas de dette envers la Ville.

Selon l’acte notarié signé en juin 2021 et que nous avons pu consulter, l’entreprise devait commencer les travaux et avoir érigé la fondation dans les 12 mois suivant l’obtention du permis de construction. Si cet engagement n’était pas respecté, la Ville se gardait le droit de racheter le terrain.

« Pour avoir des précisions sur l’échéancier des travaux en cours sur l’immeuble en construction à Saint-Hyacinthe, il serait préférable de communiquer directement avec le promoteur. La Ville n’a pas eu d’échange récent avec celui-ci », poursuit Mme Massé.

Aucune pénalité n’est prévue à l’acte notarié en cas de retard sur l’échéancier.

Pas une faillite

Dans un communiqué publié par Groupe Sélection, l’entreprise souligne que le processus « permettra de procéder à une restructuration financière et opérationnelle afin de poursuivre le plan de croissance et le développement de services favorisant le bien-être et la santé des résidents ».

On y ajoute que la démarche servira à réduire les impacts de la pandémie, de l’inflation et des hausses successives des taux d’intérêt.

« Cette procédure n’a rien à voir avec une faillite. Au contraire, cette situation est temporaire et a pour but de permettre à Groupe Sélection de continuer à investir pour la santé et demeurer un chef de file du développement économique au Québec », affirme le président fondateur et chef de la direction de Groupe Sélection, Réal Bouclin.

L’entreprise compte plus de 70 complexes d’habitation en activité, en construction et en développement au Canada et aux États-Unis. Selon le communiqué, la valeur des actifs dépasse 5 milliards de dollars.

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