6 avril 2023 - 07:00
Le maire s’en prend à Saint-Hyacinthe unie
Par: Sarah-Eve Charland
Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard. Photothèque | Le Courrier ©

Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard. Photothèque | Le Courrier ©

La cheffe de Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers. Photothèque | Le Courrier ©

La cheffe de Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers. Photothèque | Le Courrier ©

Alors que la cheffe du parti Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers, prenait quelques minutes de la période de questions à la dernière séance du conseil pour questionner les élus sur la place des spectacles, le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, a volontairement dévié le débat pour remettre en question la transparence du parti politique. Mme Demers l’a vécu comme un affront.

La semaine dernière, Mme Demers avait commenté dans LE COURRIER l’augmentation des coûts de la place des spectacles. Elle avait soulevé plusieurs questions qu’elle a répétées à la séance du conseil du 3 avril. Ayant préparé une réponse, le maire a plutôt questionné la cheffe de Saint-Hyacinthe unie sur le financement de son parti.

« Vous parlez de transparence, j’ai une question pour vous. La Loi sur les élections et référendums nous oblige à vous verser 29 000 $ pour l’année 2022. Est-ce que vous allez faire des redditions de compte? C’est une demande que je vous fais. Ce n’est pas pour moi, mais pour les citoyens. Vous n’avez rien publicisé », a-t-il dit.

Les échanges ont été tendus par la suite. Mme Demers a souligné que tous les états financiers étaient de nature publique. Le maire a poursuivi en mentionnant que les ordres du jour du conseil étaient toujours élaborés de la même façon. Il répondait ainsi à la critique de la cheffe sur le moment où a été adopté l’emprunt pour la place des spectacles et le peu d’explications qui en découlait.

« Je me permets de commenter parce que vous vous permettez souvent de commenter. L’ordre du jour est disponible le vendredi. Vous pouvez venir poser vos questions à la séance du conseil, pas après que Le Courrier vous appelle. Et vous partez toujours après la période de questions », a-t-il ajouté en demandant à Mme Demers de l’appeler Monsieur le Maire et non M. Beauregard.

Le conseiller municipal du district des Cascades, Jeannot Caron, s’est aussi mis de la partie. « Quand vous répondez dans les journaux, c’est public. On ne règle pas nos comptes dans les journaux. On [les conseillers municipaux] n’a pas votre argent pour défendre nos positions. On est tous indépendants. »

Se sentir attaquée

Pour la cheffe du parti politique, M. Beauregard a transgressé le code de conduite auquel chaque élu doit se conformer. « Ça fait des années que je vais au conseil. Je n’ai jamais été traitée comme ça. Ça démontre que le maire n’est pas capable de tolérer une forme d’opposition. Questionner les élus, ce n’est que sain. Me poser une question sur un autre sujet comme il l’a fait, c’est tenter de me décrédibiliser et de délégitimer mes interventions, alors que j’ai obtenu près de 50 % des votes à la dernière élection », affirme Mme Demers.

Se faisant un devoir de poser des questions sur des sujets d’actualité, elle déplore l’intervention du maire, ayant des aires « d’attaque personnelle » en l’accusant de ne pas rester jusqu’à la fin d’une séance de conseil.

« Je peux lire les procès-verbaux et écouter les séances chez moi. J’assume le rôle d’opposition non officielle de façon bénévole. Je n’ai rien à gagner de tout cela. Je le fais par engagement. Si un maire a de la difficulté à répondre aux questions, quelle place donne-t-il à la démocratie? Si le seul angle d’attaque qu’il a, c’est de parler de financement et du fait que je parte avant la fin d’une séance, ce sont des coups bas. Avec un ton paternaliste, dont je ne suis plus capable », dénonce-t-elle.

Le coprésident de Saint-Hyacinthe unie, Marc Bisaillon, a tenu à réagir aux propos du maire. Pour lui, cet échange envoie un mauvais message à tous citoyens souhaitant aller poser une question ou s’impliquer en politique municipale.

« Je suis sous le choc, attristé. Depuis un an, nos interventions sont constructives. C’est à se demander si d’autres personnes auront envie de s’impliquer. Même moi, ça m’intimide, d’aller poser une question en séance du conseil. Je ne mange pas avant tellement ça me stress. Les élus sont gentils avec moi, mais moins avec Marijo. Quand elle dit qu’elle va aller poser une question au conseil, je décide de l’accompagner parce que je sais qu’elle ne l’aura pas facile », observe-t-il.

Financement annuel

Puisque Saint-Hyacinthe unie a obtenu au moins 1 % des votes à la dernière élection, le parti politique a droit à un financement annuel basé sur le nombre de votes. En 2022, le parti a obtenu 29 000 $. Le montant a été indexé à 30 814 $ en 2023. Ces dépenses font l’objet d’un audit approuvé par le Service des finances de la Ville de Saint-Hyacinthe et le Directeur général des élections du Québec. Ce montant peut être utilisé, notamment, pour payer des professionnels comme des auditeurs et des webmestres ou pour la publication de publicités.

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