Bien de l’eau a coulé sous les ponts Barsalou, Morison et Bouchard depuis que les Maskoutains ont été appelés par le conseil d’alors, mené par l’ex-maire Claude Corbeil, à rêver cette nouvelle promenade. Beaucoup d’eau et une incontournable pandémie plus tard, nous voici au moment de vérité.
On saura le 27 juin dans quelle mesure ce chantier de démesure aujourd’hui estimé à quelque 55 M$ est à notre portée. S’il y a bien une seule chose qui n’a pas changé depuis 2017, c’est bien l’envergure du projet et la détermination de nos élus à le réaliser à tout prix.
Le changement de conseil et de maire qui s’est opéré à l’automne 2021 n’a pas eu d’impact significatif sur la promenade 2.0. La pandémie et surtout les malheurs financiers de Groupe Sélection en ont eu davantage. Le promoteur immobilier qui avait amorcé la construction d’un complexe pour retraités niché entre la promenade et le Centre des arts a sombré en novembre 2022, tout juste après avoir coulé les fondations de son immeuble. Et comme c’est justement au pied de cet immeuble que doit prendre forme l’un des éléments centraux, voire phare, de la nouvelle promenade Gérard-Côté, à savoir la place des spectacles, les délais se sont étirés encore et encore.
L’impatience du conseil était palpable. Dans l’entrevue éditoriale de fin d’année qu’il m’avait accordée en décembre dernier, le maire André Beauregard avait annoncé un changement de stratégie dans l’espoir de lancer des travaux en 2025, avant le déclenchement des élections municipales.
Le dossier qu’il souhaitait travailler en priorité, avant même le développement du pôle culturel ou du parc de la Métairie, était celui de la promenade. « Il faut qu’il se passe quelque chose de significatif à court terme », disait-il, en ajoutant la possibilité que les premiers travaux se fassent du côté de la bibliothèque plutôt que sur la place de spectacles qui sera inaccessible tant que le complexe immobilier ne sera pas complété, d’ici 18 mois.
C’est ce plan qui a été mis en branle avec la publication de l’appel d’offres. Il permettra entre autres l’aménagement d’un parc et d’une section piétonne sous le pont Barsalou. C’est avec fébrilité, et le mot est faible, que le conseil attend l’ouverture des soumissions. Selon ses prévisions, cette phase de travaux devait à elle seule représenter des investissements de l’ordre de 7 M$.
Ce chiffre tient-il la route? Le moment était-il bien choisi pour aller en soumissions? Y aura-t-il plusieurs firmes intéressées? À combien s’élèverait la marge de manœuvre si jamais le montant des soumissions devait surpasser les prévisions? Plusieurs de ses réponses viendront le 27 juin lorsque les soumissions seront ouvertes. Souhaitons-nous une heureuse surprise, même si le pessimisme règne en ce moment du côté des répondants à notre question Internet de la dernière semaine.
Si l’inverse devait se produire, et que le rêve devait se transformer en cauchemar, il est loin d’être acquis que nos élus auront la sagesse de reculer. Ils ne l’ont jamais fait. Ils plaideront l’urgence de sécuriser l’octroi de 5 M$ versés par Québec à l’automne 2021. Je rappelle que la date limite pour terminer les travaux avait initialement été fixée au 31 décembre 2024. Peut-être nos élus ressentiront-ils également le besoin d’octroyer coûte que coûte un premier contrat d’envergure avant les élections municipales de novembre. Ces élections n’annoncent pourtant aucun bouleversement en profondeur au conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe, hormis quelques nouveaux visages.
Pour notre maire sortant en tout cas, elles ont plutôt l’air en ce moment d’une simple formalité. Une petite promenade… dans le parc!