18 mai 2023 - 07:00
Cégep de Saint-Hyacinthe
Le syndicat demande la démission du directeur général
Par: Sarah-Eve Charland
Alors que le Syndicat des professeurs du Cégep de Saint-Hyacinthe-CSN tendait encore la main à la direction générale du Cégep de Saint-Hyacinthe jusqu’à tout récemment afin de trouver des solutions au climat malsain dénoncé, le syndicat a toutefois jeté aux oubliettes toutes discussions dans ce sens après les dernières publications du COURRIER. Pour le syndicat, la finalité espérée est la démission du directeur général, Emmanuel Montini, tout comme celle du président du conseil d’administration, Augustin Brais.

En assemblée générale le 10 mai, 137 professeurs ont voté à l’unanimité pour demander la démission du directeur général et du président. Les membres ont donc donné le mandat au syndicat d’exercer des moyens de pression jusqu’à leur départ. Le 16 mai, on apprenait que M. Montini s’absentait pour cause de maladie (voir autre texte en page 15).

« On ne sait pas trop comment prendre la nouvelle. On va continuer à se battre pour demander une démission. Certaines personnes partent en maladie pour se trouver autre chose, mais jusqu’à preuve du contraire, il est en maladie. Ce n’est pas ce qu’on demande, on veut que les choses bougent et qu’elles s’améliorent », a déclaré la présidente du syndicat, Selma Bennani.

En plus de déplorer la demande d’injonction envers LE COURRIER, le syndicat dénonce l’octroi d’un diplôme honorifique à M. Brais lui permettant de siéger au conseil d’administration et, par le fait même, d’assumer la présidence. « Pour nous, c’est un problème éthique important. On voit une image ternie du Cégep. Il y a clairement un bris de confiance qui ne peut pas être reconstruit », affirme Mme Bennani.

Même si la session est sur le point de se terminer, l’enseignante ne craint pas que la poussière retombe au point où tout sera oublié au début de l’automne. « Les gens sont tellement en colère. S’il n’y a pas de changement à l’automne, la colère va revenir rapidement. On a peur que ce soit considéré par le conseil d’administration, qu’il voie ça comme une opportunité [la pause estivale]. Pour nous, c’est clair, la confiance est brisée. Assurément, le directeur général ne peut pas revenir cet automne. Les professeurs seront tout autant motivés », assure Mme Bennani.

Elle revient sur divers problèmes découlant du roulement important des cadres et du climat instauré par la direction générale. « Les nouveaux cadres ont une méconnaissance de la culture locale. Une chose qui a été changée depuis l’arrivée de M. Montini, c’est qu’on doit s’adresser au supérieur immédiat au lieu de la personne porteuse du dossier lorsqu’on a des questions. Les dossiers n’avancent pas. C’est un irritant. […] Un autoritarisme a été instauré. Le directeur général monopolise le temps de parole durant les réunions. Il hausse le ton, pique des colères. On a l’impression que tout doit passer par le directeur général. On sent qu’il est partout », explique Mme Bennani.

« Tout ce qu’on veut, c’est se reconstruire, retrouver notre culture locale. On a l’impression qu’avec le directeur général actuel, ce n’est pas possible. On veut travailler dans un milieu de travail sain et être heureux au travail », conclut-elle.

Alors que les professeurs du Cégep de Saint-Hyacinthe s’attellent à la correction des examens de fin de session, 75 d’entre eux se sont mobilisés et présentés à une séance de travail de la Commission des études le 17 mai au matin afin d’expliquer les raisons de leur perte de confiance envers la direction générale et le président.

Pétition en soutien à la presse

Le Syndicat des professeurs a lancé une pétition après la parution d’un article dévoilant la demande d’injonction provisoire pour empêcher la publication d’un reportage dans LE COURRIER. En quatre jours, 148 personnes avaient signé le document qui affirme que le syndicat se dissocie complètement du recours judiciaire entamé par le collège. Le syndicat déplore également que des sommes publiques soient utilisées pour brimer la liberté de presse. « Tenter de bâillonner Le Courrier, cela ne correspond pas à une valeur profonde qui nous lie et que nous voulons défendre, celle de la liberté de presse, de la liberté d’expression. […] Nous vivons dans une société démocratique et le 4e pouvoir, celui de la presse, n’a pas à être entravé », peut-on lire dans la pétition reproduite en page 11 de la présente édition.

Il nous avait été impossible d’obtenir des commentaires des syndicats représentant le personnel professionnel et de soutien au moment de mettre sous presse. Nous avons aussi tenté sans succès d’obtenir la réaction du directeur général aux propos de Mme Bennani par l’intermédiaire du président du CA et du service des communications. « Puisque M. Montini est en congé maladie, je crois qu’il est compréhensible qu’il ne soit pas en mesure de vous répondre », a indiqué la porte-parole du Cégep.

image