27 avril 2023 - 07:00
Projet de loi sur les produits de vapotage
Les commerces spécialisés dénoncent haut et fort
Par: Adaée Beaulieu
La grande consommation des produits de vapotage chez les jeunes a incité le gouvernement du Québec à encadrer davantage la vente de ces produits. Photo ezFotos

La grande consommation des produits de vapotage chez les jeunes a incité le gouvernement du Québec à encadrer davantage la vente de ces produits. Photo ezFotos

Alors que le ministère de la Santé travaille sur un projet de loi visant à interdire la vente de produits de vapotage ayant d’autres saveurs que celle du tabac afin d’enrayer le fléau de leur consommation par les jeunes, les commerces spécialisés en vapotage de Saint-Hyacinthe clament qu’il ne s’agit pas de la solution. Certains craignent aussi la fermeture de leur commerce ou du moins de grands impacts négatifs.

Antoine Vezina, le propriétaire de Popavape dans le secteur Douville, ne craint pas la fermeture de sa boutique, mais considère que, si le projet de loi est adopté, il devra relever un important défi. Les produits avec des saveurs représentent au moins 80 % de ses ventes et les visiteurs sont nombreux à franchir les portes des sept magasins de la chaîne. Il est à 100 % convaincu que d’autres entreprises spécialisées comme la sienne ne survivront pas.

Pour sa part, il n’est pas confronté à des jeunes qui tentent d’acheter dans son commerce réservé aux 18 ans et plus. « La majorité de mes clients ont 25 ans et plus et ont arrêté de fumer la cigarette grâce au vapotage avec des produits ayant des saveurs. Ils ne veulent pas retourner vers le goût du tabac », affirme-t-il.

Selon M. Vezina, la solution pour limiter le vapotage chez les jeunes se trouve ailleurs. « Le gouvernement devrait plus limiter l’accessibilité. Ces produits sont aussi disponibles dans tous les dépanneurs ainsi que vendus en ligne en Ontario et non au Québec. Il suffit pour un jeune de ne pas mettre son vrai âge pour pouvoir commander et se faire livrer ici », déclare-t-il.

Le propriétaire croit aussi que la vente de produits de vapotage avec des saveurs devrait seulement être permise dans les commerces spécialisés, comme c’est le cas actuellement en Ontario.

Comme bien d’autres, Jonathan Gendron, le propriétaire de Vape Dépôt sur la rue des Cascades, croit simplement que la situation empirera. « Tout le monde est d’accord que le vapotage chez les jeunes est un fléau. Le cheval de bataille du gouvernement est légitime, mais ça ne va pas régler le problème. Les gens vont simplement se procurer ces produits sur le marché noir », affirme M. Gendron.

Déjà, son chiffre d’affaires a baissé de 30 % depuis qu’il ne peut plus vendre en ligne. De plus, il a déjà personnellement fait sortir des parents de sa boutique, car il se doutait bien qu’ils voulaient acheter pour leur enfant.

Pour ce qui est de son commerce, il craint évidemment pour sa viabilité, mais surtout pour ses employés qui y travaillent depuis quelques années. « Nous allons devoir changer de branche ou être plus créatifs, car nous ne serons plus compétitifs puisque ces produits ne cesseront pas d’exister », déclare le propriétaire de Vape Dépôt.

Il suggère d’empêcher les commandes en ligne dans les autres provinces, de permettre la vente de produits avec saveurs seulement dans les boutiques spécialisées, de peut-être augmenter l’âge légal et d’obliger de demander une preuve d’âge.

Le propriétaire de ToutVape sur le boulevard Choquette, Pier-Olivier Dumont, craint aussi les impacts de ce projet de loi sur les commerces spécialisés. « Ça va détruire une industrie florissante. Le vapotage sauve des vies. Plusieurs clients reviennent en larmes en me disant qu’ils ont arrêté de consommer la cigarette traditionnelle [grâce au vapotage], alors qu’ils ne pensaient jamais y arriver », confie-t-il.

Pour ce qui est des jeunes, M. Dumont croit qu’ils vont continuer d’essayer de consommer des produits de vapotage, du tabac et de l’alcool. Il affirme aussi que la dépendance au vapotage n’a pas été prouvée. « Le gouvernement devrait se renseigner davantage avant de légiférer », conclut-il.

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