20 avril 2023 - 07:00
Les impacts de la place des spectacles sur la dette
Par: Sarah-Eve Charland
La place des spectacles pourrait représenter un investissement de 12,8 M$. Photothèque | Le Courrier ©

La place des spectacles pourrait représenter un investissement de 12,8 M$. Photothèque | Le Courrier ©

L’explosion des coûts pour l’aménagement de la place des spectacles aura un impact sur la dette de la Ville de Saint-Hyacinthe en 2025. LE COURRIER s’est penché sur le financement du projet et les impacts qu’il pourrait avoir sur le poids de la dette.

Le conseil municipal a adopté un règlement d’emprunt de 12,8 M$ pour aménager la place des spectacles et la portion de la promenade Gérard-Côté à proximité. Un avis public a été publié dans l’édition du 6 avril du COURRIER. Les personnes habiles à voter ont jusqu’à demain, le 21 avril, pour signer le registre à l’hôtel de ville, de 9 h à 19 h, pour s’opposer au règlement d’emprunt. Un minimum de 3339 signatures est requis pour que le règlement fasse l’objet d’un scrutin référendaire. Le règlement d’emprunt doit aussi être approuvé par le ministère des Affaires municipales.

En parallèle, l’appel d’offres sera lancé afin de donner un contrat conditionnel à l’approbation du règlement d’emprunt. La Ville espère le début des travaux à l’automne. Le chantier pourrait s’étendre sur 18 mois et se terminer avec les dernières touches d’aménagement paysager au printemps 2025.

Ce n’est qu’en 2025 que la Ville contractera un emprunt à long terme. Les impacts du remboursement du capital et des intérêts seront visibles sur le budget 2026. « Il y a quelques années, on a fait le choix de financer par règlement d’emprunt à long terme seulement les projets très structurants. On ne veut pas affecter une génération à court terme pour des services qui seront utilisés pendant des décennies. Ça permet de contrôler la dette », affirme la directrice générale de la Ville de Saint- Hyacinthe, Chantal Frigon.

Elle compare les emprunts à long terme à une hypothèque, soit un prêt rigide, mais peu coûteux en intérêts. Les emprunts à court terme s’apparentent à une carte de crédit, présentant une plus grande flexibilité dans le remboursement, mais imposant des taux d’intérêt plus élevés.

En 2023, Saint-Hyacinthe a choisi trois projets qu’elle compte financer à long terme, soit la place des spectacles, les terres de la Métairie et les travaux d’infrastructures au centre-ville, pour un total anticipé de 13,3 M$, en excluant la subvention de 5 M$ obtenue pour la place des spectacles. Les emprunts à long terme, qui auront un impact sur la dette à l’ensemble, s’élèveront à 16,6 M$ finalement.

Concernant les terres de la Métairie, la Ville avait prévu d’emprunter 4 M$, mais a finalement emprunté 4,5 M$. Pour les travaux sur Marguerite-Bourgeoys et les environs, le prêt était estimé à 3,3 M$ dans les prévisions budgétaires, mais s’est concrétisé à 4,3 M$. Le budget prévoyait pour sa part une dette de 5,9 M$ pour la place des spectacles et le secteur « Arts et culture » de la promenade Gérard-Côté. La dette à la charge de l’ensemble des contribuables pour la place des spectacles sera plutôt de 7,8 M$. Rappelons que la Ville a mis la main sur une subvention de 5 M$ par décret gouvernemental.

La directrice générale spécifie que le conseil municipal ne voulait pas s’endetter davantage et a donc décidé de repousser les travaux d’aménagement de la promenade permettant de se rendre à la nouvelle bibliothèque. « On emprunte sensiblement le même montant que ce qui avait été prévu. C’est juste qu’on va en faire moins. On a une vision qui consiste à procéder par étape pour nous assurer que notre montage financier tient la route. S’il advenait que ça dépasse [en ouvrant les soumissions], on va avoir des questions à se poser », poursuit Mme Frigon.

Selon les dernières informations officielles, la dette à l’ensemble des contribuables s’élevait à 61,7 M$ au 31 décembre 2021. Pour connaître le montant de la dette au 31 décembre 2022, il faudra attendre l’adoption des états financiers vérifiés par le conseil municipal, probablement en juin. Le plafond symbolique de 92 M$ concerne la dette à l’ensemble des contribuables. Ce montant n’inclut pas la dette à la charge du gouvernement, la dette à la charge d’une partie de la population et la dette pouvant être financée par un revenu d’appoint. Par exemple, la dette liée à la filière de la biométhanisation est considérée comme une dette pouvant être financée par un revenu d’appoint.

En 2023, la Ville versera 10,8 M$ en remboursement en capital et intérêts de la dette. Le budget total de Saint-Hyacinthe est de 132,6 M$. « Dans notre budget, on a prévu des remboursements de dette, mais on ajoute aussi de la dette. L’idée du 92 M$, c’est de rester dans cette marge de manœuvre. Ça représente notre capacité à rembourser la dette. C’est la portion de nos revenus qui s’en va directement à la dette. C’est ce qu’on considère comme acceptable en relation avec les objectifs du conseil. C’est aussi s’assurer que le poids de la dette n’affecte pas nos services et nous permet parfois de les augmenter », explique la directrice générale.

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