20 octobre 2022 - 07:00
Impacts de l’inflation
Les organismes communautaires se préparent au pire
Par: Adaée Beaulieu
Le taux d’inflation de l’Indice des prix à la consommation (IPC) inquiète tous les consommateurs. En août, une hausse de 7 % a été constatée par Statistique Canada par rapport à l’année précédente. Une telle statistique n’a pas de quoi rassurer les organismes communautaires de Saint-Hyacinthe qui constatent déjà des répercussions au quotidien.

La directrice générale du Comptoir- partage La Mie, Chantal Roy, note une augmentation de 25 % des demandes depuis janvier. Elle indique que de nombreux immigrants, réfugiés et demandeurs d’asile ont recours à de l’aide alimentaire. Les Mexicains et les Colombiens étaient les plus nombreux et à eux s’ajoutent les Ukrainiens arrivés il y a environ un mois.

Déjà, l’organisme manque de denrées non périssables comme les conserves, les céréales et les confitures. Même avec ses trois fées, trois dames souhaitant préserver l’anonymat qui renflouent les greniers de l’organisme généreusement une fois par mois depuis novembre, l’organisme, qui vit principalement de dons, peine à répondre aux besoins. Ces denrées ne leur donnent un coup de main que pour seulement deux semaines chaque mois.

« Nous savons que ça va empirer », déclare Mme Roy, qui explique également que l’organisme a mis sur pied cet hiver un comité pour trouver des solutions pour aller chercher des fonds. Elle aura aussi besoin d’une dizaine de bénévoles cet automne pour lui prêter main-forte. Elle se réjouit néanmoins que les membres du conseil d’administration mettent déjà la main à la pâte comme bénévoles.

« Nous n’avons pas le choix de nous y mettre avec tout ce qui s’en vient. Nous n’avons pas peur. Nous savons que nous allons trouver des solutions, mais c’est triste de voir où nous nous en allons en 2022. »

Faire des choix

Roger Lafrance, conseiller budgétaire à l’ACEF Montérégie-Est, ne voit pas encore les impacts de l’inflation, car sa clientèle se compose de personnes n’ayant plus aucun recours à la suite, par exemple, d’une perte d’emploi, d’une séparation ou d’un endettement majeur, mais il s’attend à des répercussions à moyen terme.

« Quand les gens n’arriveront plus à tenir le coup, ils vont se présenter au bureau. C’est difficile à dire si ce sera dans un, deux ou trois ans », affirme-t-il.

M. Lafrance croit néanmoins qu’il est temps de changer les mentalités en matière de consommation afin de sortir de cette crise. Il a d’ailleurs offert une conférence sur l’inflation en avril à Solidarité populaire Richelieu-Yamaska, un regroupement d’organismes communautaires, syndicaux et religieux intéressés aux conditions sociales.

Cette conférence portait principalement sur des solutions à l’endettement. Parmi celles-ci, il était question d’éviter le surendettement, même si l’heure est à la sortie de pandémie et donc à la consommation. Le 1er août, le pourcentage minimal payable sur le solde d’une carte de crédit a également augmenté à 3,5 % pour les cartes émises il y a plus de 3 ans. Il sera rehaussé de 0,5 % chaque année pour atteindre 5 % en 2025. Il y aura donc des répercussions directes pour les personnes endettées, selon lui.

Il faudra aussi apprendre à mieux gérer les dépenses courantes. « Il y a une préoccupation de notre côté puisque les besoins de base comme l’alimentation, le loyer et l’essence ne sont pas compressibles. Tout augmente trop vite. Les gens vont devoir faire des choix comme manger différemment et sortir moins avec leur auto », déclare M. Lafrance, qui fait notamment référence au budget et aux transports en commun.

Pour ce qui est du loyer, il note que la hausse du taux directeur de 1 % en juillet, puis de 0,75 % en septembre pour atteindre 3,25 % va nuire directement aux propriétaires ayant des hypothèques à taux variable. Pour les locataires, la colocation est une belle option, selon lui. « Une personne seule ne peut pas payer un logement 1200 $ par mois », indique-t-il.

« Les solutions appartiennent aux gens. Ils doivent changer des choses, sinon ils vont frapper un mur », conclut Roger Lafrance.

Pour aider le Comptoir-partage La Mie, composez le 450 774-0494 ou écrivez à Chantal Roy à l’adresse dg@la-mie.com.

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