9 février 2023 - 07:00
Fermeture de l’usine Olymel de Saint-Hyacinthe
Mécontentement concernant l’avenir des travailleurs
Par: Adaée Beaulieu
Claude Bilodeau dénonce les pertes de conditions de travail subies par les employés d’Olymel lors de la fermeture d’usines. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Claude Bilodeau dénonce les pertes de conditions de travail subies par les employés d’Olymel lors de la fermeture d’usines. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Alors qu’Olymel mettra la clé sous la porte de son usine de Saint-Hyacinthe, spécialisée dans les opérations liées au fondoir, à l’entreposage et à l’emballage de produits de porc, le 17 février, l’entreprise a confirmé qu’environ 50 % des employés mis à pied, sur un total de 94 employés syndiqués et 13 cadres, ont choisi d’être relocalisés dans une autre usine, selon un décompte effectué à la mi-janvier.

L’employeur juge cette proportion satisfaisante en fonction de son expérience passée. Selon les données d’Olymel, deux employés ont quitté avant la fermeture, cinq prendront leur retraite, trente-six iront travailler à l’usine de Saint-Damase, trois à celle d’Ange-Gardien, deux à celle de Drummondville, quatre à celle de Sainte-Rosalie et un chez Unidindon à Saint-Jean-Baptiste. D’autres employés poursuivent leur réflexion. L’employeur, le syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) et les partenaires en accompagnent certains pour un retour aux études ou dans la recherche d’un autre emploi via un comité de reclassement.

Claude Bilodeau, un employé qui a choisi de prendre sa retraite, relève néanmoins certains éléments négatifs de la relocalisation et des défis pour l’obtention de l’assurance-emploi pour ceux qui refusent la relocalisation.

Dans un article publié le 2 décembre dans le Journal de Montréal, M. Bilodeau avait déjà dénoncé le fait que les travailleurs refusant d’être relocalisés ne pouvaient pas toucher d’assurance-emploi, car Service Canada associait leur refus à un départ volontaire. La situation a toutefois quelque peu évolué depuis. Le syndicat des TUAC a confirmé que les dossiers sont maintenant traités au cas par cas. Roxanne Larouche, la représentante nationale des TUAC, explique que dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, les employés doivent démontrer avec encore plus de rigueur qu’ils ont fait des démarches pour trouver un emploi.

La relocalisation : pas toujours le rêve

« Les emplois disponibles décents sont souvent sur des quarts de soir ou de nuit et les postes de jour consistent à réaliser des tâches très rapidement », a déploré M. Bilodeau. Il a aussi dénoncé le fait que la soixantaine d’employés mis à pied en septembre, qui avaient moins d’expérience, ont eu les meilleurs postes dans les autres usines en pouvant choisir en premier.

La situation est différente d’une usine à l’autre et d’une convention collective à l’autre, mais la représentante syndicale a confirmé que les employés doivent souvent procéder à une démission officielle à la suite de leur mise à pied et se retrouvent donc en bas de l’échelle dans la nouvelle usine. Ils conservent seulement leurs semaines de vacances, mais ils sont les derniers à les choisir.

Pour ce qui est des employés ayant été mis à pied en premier et se retrouvant avec les meilleurs postes, elle a tenu à rappeler le contexte. « Les employés qui avaient plus d’expérience ont eux aussi eu l’occasion de quitter en septembre, mais ils ne voulaient pas perdre leurs acquis et ne pensaient pas que l’usine allait fermer. Tout le monde a été surpris. C’est un risque qui a été pris et, effectivement, ils se retrouvent derrière et ça génère de la frustration », a-t-elle déclaré.

Pour sa part, Claude Bilodeau a préféré opter pour la retraite après 46 ans de services. Il envisageait d’atteindre 50 ans de services, mais en préretraite, soit deux à trois jours par semaine, mais cela n’était pas possible dans les autres usines. Il fallait par exemple cinq ans d’expérience chez Olymel à Drummondville et Sainte-Rosalie pour bénéficier de ce privilège. La représentante syndicale confirme qu’un nombre défini de préretraites est autorisé dans la convention collective.

Encore des fermetures

La situation d’Olymel continue de se détériorer alors que l’entreprise a annoncé le 1er février la fermeture de deux de ses établissements du secteur de la surtransformation de porc, soit ses usines de Blainville et de Laval.

Elles se spécialisent dans la production de jambons, de pâtés et de charcuteries commercialisés sous diverses marques, dont La Tour Eiffel et Nostrano. Les volumes de production de ces usines seront répartis dans d’autres usines d’Olymel.

Ce sont 170 employés qui perdront leur emploi le 28 avril. Ils auront la possibilité d’être relocalisés dans d’autres usines d’Olymel ou d’utiliser le comité de reclassement pour une réorientation de carrière.

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