30 mars 2023 - 07:00
Patrick St-Pierre : tracer son propre chemin
Par: Maxime Prévost Durand
Patrick St-Pierre devant certains masques qu’il a confectionnés dans son atelier. Photo gracieuseté

Patrick St-Pierre devant certains masques qu’il a confectionnés dans son atelier. Photo gracieuseté

Avant d’arriver à travailler sur une production hollywoodienne comme The Whale (voir texte en page 32), Patrick St-Pierre a multiplié les expériences sur des projets québécois, que ce soit en télévision, en cinéma ou en théâtre, en plus de travailler pendant quelques mois avec le Cirque du Soleil. Tout ça après avoir tracé son propre chemin pour réaliser son rêve de jeunesse.

« J’ai un parcours assez atypique, lance en riant le Maskoutain de 53 ans, qui a été appelé à faire autant des maquillages que des accessoires et des décors dans sa carrière. J’ai toujours aimé les films d’horreur. Mon gros fun, quand j’étais petit, c’était de me fabriquer des trucs avec des boîtes de carton, comme des masques de monstre. C’était ma passion dans mes temps libres. Déjà, à cette époque, je savais que j’aimerais faire ça de ma vie, mais je ne voyais pas comment atteindre ça. »

Sa feuille de route est pourtant impressionnante. Récemment, dans le cadre de sa collaboration avec Adrien Morot, il a travaillé sur les films Megan et Cult of Chucky (Le retour de Chucky), ainsi que sur la série Lac Noir. Tout juste avant, il venait de conclure un contrat avec le Cirque du Soleil au sein de l’équipe d’accessoiristes. Comme artiste en effets spéciaux, il a aussi participé aux films québécois Dédé à travers les brumes, Maurice Richard, Les Boys, Lance et Compte et Nitro, pour n’en nommer que quelques-uns.

S’il a réussi à faire carrière dans ce milieu, c’est parce qu’il s’est laissé porté par sa passion et qu’il a sauté sur chaque occasion qui s’est présentée à lui.

« C’est vraiment du bouche-à-oreille, mais c’est aussi une question de timing », mentionne le Maskoutain.

Son parcours

À sa sortie du Séminaire de Saint- Hyacinthe en 1987, aucune formation ne semblait répondre à son désir de devenir artiste d’effets spéciaux.

Ne sachant trop vers où se diriger, Patrick St-Pierre a opté pour le programme de design industriel du Cégep du Vieux-Montréal. Là, au moins, il pouvait dessiner, même si le travail à faire était plus technique qu’artistique. Par la suite, il a enchaîné avec un certificat en arts plastiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Pendant qu’il faisait ses études universitaires, il a aussi trouvé un cours de maquillage artistique qui était offert à Montréal.

« J’allais aussi à la bibliothèque de l’UQAM fouiller par moi-même. On était en 1991, donc le Web n’était pas vraiment accessible encore. J’allais dans la section cinéma et j’ouvrais les livres pour trouver des informations sur le maquillage et les effets spéciaux, puis je prenais des notes sur les matériaux qu’ils utilisaient. J’apprenais par moi-même. J’achetais des matériaux et je faisais mes propres expériences », raconte-t-il.

Au milieu des années 90, une première opportunité concrète lui a été offerte dans le milieu du théâtre.

« Jonathan Racine, qui est aussi de Saint-Hyacinthe, avait écrit une pièce avec Mélanie Maynard pour le Théâtre S’en Vergogne. On ne se connaissait pas avant, mais il m’avait approché pour faire les maquillages des comédiens. C’était pour la pièce Octobre 65, puis j’ai fait aussi la pièce Gloria Victis », se remémore Patrick St-Pierre.

Quelques années plus tard, Martin Bélisle, avec qui il avait étudié au Séminaire, a fait appel à ses services pour la confection de masques pour les films Annie Brocoli dans l’espace et Annie Brocoli dans les fonds marins.

En participant à ce projet, Patrick St-Pierre a aussi fait une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière, celle du maquilleur Mario Soucy.

« C’est lui qui maquillait Annie. Je le voyais aller et j’ai commencé à lui parler en lui disant que je faisais du maquillage aussi. Il m’a dit de lui amener mon porte-folio et il a été vraiment emballé par ce qu’il voyait. Il m’a proposé de venir travailler à son atelier. Il était sur le projet des Bougons à ce moment et il avait besoin d’un coup de main. C’est comme ça que j’ai commencé à faire du studio et des effets spéciaux. Il a été un mentor pour moi. Il m’a appris plein d’affaires. J’ai travaillé avec lui pendant une douzaine d’années dans son atelier pour toute sorte de projets. »

De fil en aiguille, Patrick St-Pierre s’est fait un nom dans le milieu. Il a aussi été recruté par une compagnie d’accessoires scéniques et de décors en événementiel qui s’appelle aujourd’hui Escouade L’Atelier, avec laquelle il continue de collaborer.

Grâce à des contacts, le Maskoutain a commencé à travailler avec Adrien Morot en 2017, en venant prêter main-forte à la production de prothèses et de costumes pour le documentaire First Man. Cette collaboration l’a amené à participer à des productions hollywoodiennes pour la toute première fois, dont The Whale à la fin de 2020. Son contrat avec Adrien Morot s’est terminé il y a quelques mois.

Présentement, Patrick St-Pierre est de retour avec Escouade L’Atelier pour un nouveau mandat. Il offre également des ateliers de maquillage d’effets spéciaux dans les écoles secondaires.

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