30 juin 2022 - 07:00
Pénurie de logements : une longue crise en vue
Par: Sarah Villemaire
Le deuxième immeuble entourant le projet résidentiel Le Alexis est toujours en construction. Selon les informations fournies par le promoteur, seulement 13 des 62 unités seront livrées en juillet. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le deuxième immeuble entourant le projet résidentiel Le Alexis est toujours en construction. Selon les informations fournies par le promoteur, seulement 13 des 62 unités seront livrées en juillet. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le conseiller en défense des droits en matière de logement de l’organisme Logemen’mêle, Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud, a pris la parole lors de la séance du conseil du 20 juin de la Ville de Saint-Hyacinthe afin de sensibiliser les élus sur la crise du logement qui sévit actuellement.Capture d’écran Ville de Saint-Hyacinthe

Le conseiller en défense des droits en matière de logement de l’organisme Logemen’mêle, Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud, a pris la parole lors de la séance du conseil du 20 juin de la Ville de Saint-Hyacinthe afin de sensibiliser les élus sur la crise du logement qui sévit actuellement.Capture d’écran Ville de Saint-Hyacinthe

Les solutions à court terme se font rares pour les personnes qui n’auront pas réussi à se trouver un nouveau logis d’ici les prochains jours. Pour une autre année, la crise du logement frappe fort en sol maskoutain alors que quelques locataires pourraient devoir dormir à la belle étoile, estime l’organisme en défense de droits en logement Logemen’mêle.

Les idées viennent à manquer pour le conseiller de l’organisme Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud. Bien que son travail soit d’accompagner les gens en matière de droits au logement, il travaille activement à trouver des solutions temporaires pour tous ceux qui se retrouveront à la rue à compter du 1er juillet.

« On a récemment établi une liste d’urgence afin de rappeler les personnes avec des besoins criants. Les centres d’hébergement et de crise sont débordés depuis le mois d’avril. Malheureusement, l’hébergement temporaire est devenu une option à moyen terme puisqu’il n’y a pas de logements disponibles. La seule solution que j’ai trouvée est de les encourager à s’équiper d’une tente de camping le temps de se trouver un nouvel appartement », affirme-t-il.

Déjà à la mi-juin, M. Nadeau-Voynaud disait avoir pris en charge à lui seul une vingtaine de dossiers prioritaires pour des personnes en recherche de logement et la liste pourrait bien s’allonger dans les prochains jours.

Selon une récente étude publiée par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), la pénurie de logements serait évaluée à 15 000 unités dans la province. Le compte pour la région de Saint-Hyacinthe s’élèverait à 150 logements locatifs privés.

De plus, un déficit de 500 propriétés à vendre est observé dans la région. Le directeur du Service économique de l’APCHQ, Paul Cardinal, rappelle que « les ménages qui accèdent à la propriété libèrent des logements sur le marché locatif ».

La Ville interpellée

À bout de ressources, Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud a fait état de la situation lors de la dernière séance du conseil municipal. Conscient des enjeux entourant la crise du logement, le maire de la Ville de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, a souhaité réitérer la position de la Ville face à cette situation. « Le conseil municipal est conscient de tout ça et on essaie de faire tout en notre pouvoir pour aider les résidents. Après le 1er juillet, sachez que l’on ne les laissera pas tomber », a-t-il déclaré en période de questions.

Le conseiller municipal du district Sacré-Cœur, David Bouquet, a par la suite repris la balle au bond en faisant état des pistes de solution à moyen et long terme pour les résidents du centre-ville. « On a le projet de logements abordables situés au 1621-1645, rue Girouard présentement sur la table. Malheureusement, on est toujours en attente de l’appui du gouvernement du Québec nous permettant de boucler le budget. Tout ceci fait en sorte qu’on retarde le début des travaux », déplore le conseiller municipal.

Celui-ci confirme tout de même l’embauche récente d’une ressource supplémentaire au niveau du démarchage auprès de l’organisme Habitations Maska afin d’aider les personnes dans la recherche de logements.

Des logements qui se font attendre

Selon l’APCHQ, la pénurie de logements repose principalement sur trois axes, soit la pénurie de main-d’œuvre dans le domaine de la construction, les problèmes d’approvisionnement et la montée en flèche des taux d’intérêt sur le marché immobilier.

Depuis le début de la pandémie, le Groupe Robin, qui agit à titre de constructeur, promoteur et gestionnaire immobilier, peine à livrer des logements à des prix compétitifs. L’entreprise a vu augmenter de 20 % à 30 % la valeur de ses projets résidentiels afin de contrer la surchauffe des coûts des matériaux.

« C’est triste, car on essaie toujours d’avoir des logements qui sont abordables, mais avec l’inflation et le manque de main-d’œuvre, on arrive avec des logements qui ne sont plus accessibles pour tous. Habituellement, on se donne comme objectif de demeurer à un prix bas, mais en ce moment, ce n’est pas possible », évoque Lysanne Martin, directrice en gestion immobilière pour le Groupe Robin.

Les futurs locataires en attente d’un logement neuf du promoteur maskoutain doivent aussi s’armer de patience en raison des nombreux délais de livraison dépassant la date butoir. C’est le cas, entre autres, de la deuxième phase du projet résidentiel Le Alexis qui accueillera ses premiers locataires prochainement. Seulement 13 des 62 unités seront livrées au mois de juillet. Les autres logements, dont certains disponibles à la location, seront prêts pour le mois d’août et septembre, assure Mme Martin.

Même si les chantiers ne manquent pas pour le Groupe Robin, cette réalité risque d’être un véritable casse-tête pour l’équipe au cours des prochains mois. « C’est difficile en ce moment, car on n’est pas en mesure de vraiment prévoir les échéanciers et les coûts de construction, ce qui crée des inconforts pour les futurs locataires. Le contexte actuel ne nous permet pas d’être performants et proactifs comme on l’a toujours été auparavant », conclut-elle.

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