On parle de la proportionnelle. Certains disent que c’est plus juste. Que chaque voix compte. Mais il faut regarder la réalité. La proportionnelle fragmente le pouvoir. Elle divise le parlement en morceaux. Elle empêche un parti d’avoir une majorité claire. Et sans majorité, il devient difficile de gouverner.
Un gouvernement élu doit pouvoir agir. Il doit pouvoir appliquer les réformes pour lesquelles les citoyens ont voté. Avec la proportionnelle, il faut toujours négocier, toujours faire des compromis. Les décisions s’éternisent. Les réformes s’affaiblissent. Les promesses s’effritent. Ce que le peuple a choisi peut rester bloqué dans les couloirs à cause d’alliances fragiles.
Il y a un autre risque : celui des élections à répétition. Les gouvernements minoritaires tombent vite. Les coalitions éclatent. On retourne aux urnes encore et encore. Les citoyens se lassent. La démocratie s’épuise. Elle devient un cycle d’instabilité.
Le système actuel n’est pas parfait. Mais il donne des gouvernements forts, capables de décider, capables d’avancer. Les Québécois savent à qui attribuer le blâme, à qui accorder le mérite. Avec la proportionnelle, la responsabilité se perd. Personne n’est pleinement responsable. Chacun se cache derrière les compromis.
Dans ce débat, la carte d’électeur obligatoire n’est pas une contrainte. C’est une avancée. Une manière de consolider la confiance. Avec elle, chaque citoyen est reconnu. Chaque électeur est légitime. Il n’y a pas de doute, pas d’ombre. On sait qui participe. On sait que le processus est honnête. C’est une petite carte, mais elle porte un grand poids : celui de la légitimité.
La démocratie a besoin de ces symboles. Ils paraissent simples, mais ils rassurent. Ils rappellent que voter, ce n’est pas banal. C’est un geste solennel. C’est dire au monde que nous décidons par nous-mêmes.
Réformer le scrutin, imposer la carte d’électeur, ce n’est pas alourdir le système. C’est, au contraire, l’alléger de ses faiblesses. C’est rendre les élections plus claires, plus solides, plus justes.
La démocratie québécoise a encore de la route devant elle. Elle peut être plus transparente. Plus forte. Plus proche de ses citoyens.
Chaque carte sera une petite clé. Une clé qu’on tient dans la main. Elle ouvre la porte de l’isoloir. Elle ouvre la porte d’un peuple qui choisit librement son avenir.
Daniel Cyr, Saint-Hyacinthe


