15 Décembre 2022 - 07:00
Budget 2023 de la Ville de Saint-Hyacinthe
Protestation tardive
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Bien honnêtement, pour reprendre la formule fétiche de mon amoureuse, je m’attendais à pire du budget 2023 de la Ville de Saint- Hyacinthe et de l’impact qu’il générera sur le prochain compte de taxes des contribuables maskoutains. Surtout avec l’ajout d’un fonds vert financé par une nouvelle taxe qui prend la forme d’un simple coup de marketing. Question de se donner bonne conscience.

Une hausse moyenne de 4,19 % une fois prise en compte l’augmentation de la taxe foncière et des autres taxes et tarifs, c’est un fardeau qui me semble acceptable.

Libre à vous de ne pas être d’accord et de faire des Bernard Barré et des David Bousquet de vous-mêmes. Les conseillers de La Providence et de Sacré-Cœur ont animé le spectacle en votant contre le budget 2023. Voilà une dissidence peu courante, mais pas si inusitée à Saint-Hyacinthe. Des conseillers qui expriment des réserves de diverses manières au moment de l’adoption d’un budget, on a déjà vu cela par le passé. Quatre conseillers, dont M. Barré, avaient maugréé contre le budget 2010 avant de s’y rallier. Quatre conseillers avaient cependant voté officiellement contre le budget de 2009 et trois contre celui de 2008. Dans ce dernier cas, une trop généreuse baisse de taxe foncière consentie sous le règne de Claude Bernier avait indisposé les dissidents! C’était la belle époque post-fusion municipale avec le coloré Léon Plante au conseil. C’était une autre époque.

En décembre 2022, les deux opposants au budget estiment essentiellement que la Ville est trop gourmande et qu’elle ne se soucie pas assez des gagne-petit accablés par la hausse du coût de la vie, la montée fulgurante des taux hypothécaires variables et tutti quanti.

À cet effet, on vous rappelle que l’indice des prix à la consommation a augmenté de 6,9 % d’une année à l’autre en octobre, alors que le salaire horaire moyen a augmenté de 5,6 % pendant la même période. L’Union des municipalités du Québec a pour sa part fait état d’une augmentation de taxes moyenne de 6 % dans les villes de la province.

Les Maskoutains s’en tirent donc pas si mal dans les circonstances, avec une hausse de 4,19 %. Cela dit, certains préféreront retenir l’exemple de la Municipalité de Victoriaville, qui vient d’annoncer une hausse de taxes limitée à 3 %. On trouvera toujours mieux ou pire au grand jeu des comparaisons. C’est bien connu.

Pour ma part, j’ai apprécié les propos du jovialiste conseiller Pierre Thériault, du district Yamaska. Grossièrement résumé, il a souligné que le conseil devait être conséquent de ses décisions du passé, même récentes. Les élus ont en effet voté récemment en faveur d’un généreux plan triennal d’immobilisations de 53,7 M$ comprenant 159 projets à réaliser pour 2023. C’est quand même 13,7 M$ de plus que l’année précédente.

Si l’ensemble du conseil avait voulu envoyer un message de restrictions et voulu se serrer la ceinture, nos élus auraient coupé énergiquement à ce moment précis, question de donner le ton pour l’élaboration du budget.

Mais ce n’est pas ce qui a été décidé à l’unanimité autour de la table. Ils ont gardé le pied sur l’accélérateur puisqu’aucun élu n’a souhaité renoncer aux investissements prévus dans son quartier. En conséquence, la direction générale a donc pondu un budget qui répond aux ambitions et orientations du conseil. C’est aussi simple, et coûteux, que ça.

Un budget réfléchi, responsable, raisonnable, voilà autant de qualificatifs qui ont été entendus à la séance spéciale lundi soir. Ce n’est pas entièrement faux de le dire et de le penser. Mais on sera aussi enclin à penser comme messieurs Barré et Bousquet puisque l’augmentation décrétée aurait pu être plus raisonnable.

Pour cela, il aurait fallu réagir et s’indigner bien avant à la table du conseil.

Mettre la hache dans les investissements prévus en 2023, dans la réfection de la promenade Gérard-Côté au budget pharaonique et, pourquoi pas, s’opposer à la création d’un nouveau poste de directeur général adjoint, comme demandé par la prochaine directrice générale.

Mieux, les élus auraient aussi pu poser des gestes plus téméraires pour un conseiller municipal qui souhaite sa réélection : oser remettre en question l’organisation et le financement des corporations de loisirs de quartier.

Un exemple parmi d’autres.

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