Aussi intenses et – n’ayons pas peur de le dire – déprimantes que puissent être les chansons de son second album Dans le noir, le spectacle qui l’accompagne, lui, comporte une touche d’humour qui colle également à la personnalité de l’artiste.
« Je suis de même dans la vie. Je suis vraiment deep, mais pas tant en même temps. J’ai tout mis le caca que j’avais dans la musique et après il reste plein de bonheur », lance-t-elle candidement dans un entretien téléphonique accordé au COURRIER à l’approche de son passage en sol maskoutain, le 27 septembre, au Cabaret André-H.-Gagnon du Centre des arts Juliette-Lassonde.
Ce spectacle sera le premier qu’elle présentera à cette salle, après y avoir joué en première partie d’autres artistes comme Patrick Watson et Half Moon Run dans les dernières années. Ses précédents passages en solo, pour la tournée entourant son premier album Limoilou notamment, avaient plutôt été présentés au Zaricot.
Cette prochaine présence à Saint-Hyacinthe sera la première depuis la parution de Dans le noir, lequel célébrera son premier anniversaire le 5 octobre. Pour Safia, cet album est encore plus personnel que le premier.
« J’ai beaucoup d’affection pour l’album. Il s’est passé de quoi chez moi en tant qu’artiste et en tant que femme. De vouloir faire un album comme ça et d’avoir réussi, ça me rend vraiment fière. […] Il est plus deep que le premier. Ça n’a pas été facile à sortir. Je parle de mon premier break-up, de la famille, d’échecs, toutes des choses dont je n’avais pas envie de parler un an avant. J’ai braillé beaucoup en studio. C’était beaucoup plus introspectif et moins naïf que le premier. »
Cette vulnérabilité s’est même transposée en vidéoclip récemment alors qu’elle s’est dénudée pour le clip de la chanson « Lesbian Break-Up Song », où de nombreuses femmes de différentes tailles et couleurs de peau sont présentées dans leur plus simple appareil. Le clip, qui a soulevé les passions lors de sa parution il y a quelques semaines, a déjà été visionné plus de 443 000 fois jusqu’à maintenant.
« Je n’avais aucune idée que ça allait faire ça. J’avais presque oublié que j’étais nue dans le clip et dans ma tête je me disais que 4-5 personnes allaient le voir. Je ne pensais pas que ça allait exploser la toile comme ça », affirme celle qui a été sacrée Révélation de l’année à l’ADISQ en 2016.
Elle s’est d’ailleurs montrée agréablement surprise par les réactions – majoritairement – positives que cela a suscitées.
« Je voulais faire un clip qui portait sur l’acceptation de soi. J’avais dit que j’aimerais parler de diversité. Au début, je voulais faire un clip documentaire sur l’homophobie aux States, mais c’était compliqué. Plus tard dans un meeting, j’ai juste dit “vous savez quoi, avec de belles images on peut aussi passer un message”. Je voulais qu’on puisse voir des gens avec des corps différents. Celles qui avaient un surplus de poids et celles qui n’en avait pas, à la fin, je ne voyais même plus la différence. C’était juste des corps. »
Ses spectacles se veulent aussi dans ce même esprit de liberté et d’ouverture, un message qu’elle n’hésite pas à véhiculer sur les tribunes qui lui sont accessibles. L’invitation est d’ailleurs lancée aux Maskoutains en vue de son spectacle au Centre des arts. « N’ayez pas peur, tout va bien se passer », dit-elle en riant.