7 juillet 2022 - 07:00
Décès d’Olivette Beauregard
Saint-Hyacinthe perd une grande dame
Par: Le Courrier
Olivette Beauregard a consacré une grande partie de sa vie à prendre soin des personnes âgées. Photothèque | Le Courrier ©

Olivette Beauregard a consacré une grande partie de sa vie à prendre soin des personnes âgées. Photothèque | Le Courrier ©

Olivette Beauregard, Roger Duceppe et Charles Toupin lors du premier Music-Hall des aînés de la Fondation Aline-Letendre en 1989. Photothèque | Le Courrier ©

Olivette Beauregard, Roger Duceppe et Charles Toupin lors du premier Music-Hall des aînés de la Fondation Aline-Letendre en 1989. Photothèque | Le Courrier ©

Olivette Beauregard, directrice générale de la Maison Marie-Luce-Labossière, Benoit Chartier, président de la Fondation Denis-Chartier, Sœur Diane Beaudoin, supérieure générale des Sœurs de la Charité, et Sœur Louise Morissette, administratrice de la Fondation Denis-Chartier, lors de l’annonce du transfert de propriété de la Maison Marguerite-d’Youville, abritant le Pavillon Marie-Luce-Labossière, à la Fondation Denis-Chartier en 2012. Photothèque | Le Courrier ©

Olivette Beauregard, directrice générale de la Maison Marie-Luce-Labossière, Benoit Chartier, président de la Fondation Denis-Chartier, Sœur Diane Beaudoin, supérieure générale des Sœurs de la Charité, et Sœur Louise Morissette, administratrice de la Fondation Denis-Chartier, lors de l’annonce du transfert de propriété de la Maison Marguerite-d’Youville, abritant le Pavillon Marie-Luce-Labossière, à la Fondation Denis-Chartier en 2012. Photothèque | Le Courrier ©

La douce voix d’Olivette Beauregard ne résonnera plus. La bénévole au cœur et à la voix d’or a poussé son dernier souffle le 28 juin à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe à l’âge de 92 ans.

Le chant était une grande passion pour celle qui aimait par-dessus tout prendre soin des personnes âgées. Présidente de l’Association des auxiliaires bénévoles de l’Hôtel-Dieu pendant plus de dix ans, instigatrice du Music-Hall des aînés de la Fondation Aline-Letendre, directrice des chorales Enfants de Marie, Dames de Sainte-Anne et Filles d’Isabelle, fondatrice du Chœur des bénévoles de l’Hôtel-Dieu et du Chœur intercommunautaire de Saint-Hyacinthe, Olivette Beauregard a multiplié ses implications bénévoles tout au long de sa vie.

Mais son plus grand fait d’armes aura sans doute été de contribuer à la création, en 1994, de la Maison Marie-Luce- Labossière, une maison de soins venant en aide aux patients en convalescence et aux gens dans le besoin soutenue par la Fondation Denis-Chartier.

Elle a été directrice générale de cette ressource d’hébergement jusqu’en 2013.

Benoit Chartier, éditeur du Courrier de Saint-Hyacinthe et président de la Fondation Denis-Chartier, n’a que de bons souvenirs de ses années passées aux côtés d’Olivette Beauregard dans la grande aventure qu’a été la Maison Marie-Luce-Labossière, maintenant propriété du Groupe Excelsoins. « C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès d’Olivette, a témoigné M. Chartier. C’est une femme qui a beaucoup donné à sa communauté par son engagement à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe et à la Maison Marie-Luce-Labossière. Plus que toute autre, elle a contribué à faire de cette dernière ressource un havre de paix bienveillant et accueillant. Cette grande dame laisse derrière elle de très grandes réalisations. »

La famille d’Olivette Beauregard recevra les condoléances le vendredi 22 juillet, de 18 h à 21 h, et le samedi 23 juillet, à 8 h 30, au Mausolée Lalime sur la rue Girouard Est. Une liturgie suivra à 10 h en la chapelle du Mausolée.

Afin de commémorer ce parcours empreint de générosité, d’empathie et de joie de vivre, nous reproduisons ici le texte paru dans LE COURRIER du 15 octobre 2009 alors qu’Olivette Beauregard était en nomination pour le titre de Personnalité de l’année, un hommage organisé par la chambre de commerce local et Le Courrier de Saint-Hyacinthe.

L’opus d’Olivette

Olivette Beauregard fait partie d’une espèce en voie de disparition. Elle est de celles qui se réalisent et s’accomplissent à travers le bénévolat qu’elle pratique encore à temps plus que plein depuis 27 ans déjà. Elle est faite d’entraide et de compassion.

Cette Maskoutaine qui ne fait certainement pas ses 79 ans a partagé sa vie entre le travail, le chant et les personnes âgées. Depuis 15 ans, elle voit à la bonne marche du pavillon Marie-Luce-Labossière de Saint-Hyacinthe, un havre de paix qu’elle a contribué à mettre sur pied à l’intention des personnes atteintes de cancer ou ayant besoin de soins. Mme Beauregard est de tous les comités, de toutes les réunions du pavillon. Rien ne lui échappe. De la supervision du personnel, à l’accueil des nouveaux résidents, en passant par l’animation et les questions de logistique du quotidien, elle veille bénévolement et religieusement au confort et à la satisfaction des résidents qui ne cessent de s’y installer. Une tâche colossale.

Pour souligner ses 27 années de bénévolat engagé et intensif passé à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe, puis au Pavillon Marie-Luce-Labossière, ainsi que son implication soutenue dans la communauté maskoutaine, Le Courrier de Saint-Hyacinthe et la Chambre de commerce et de l’industrie Les Maskoutains sont fiers de décerner le titre de personnalité du mois d’octobre à Mme Olivette Beauregard.

Une pacifiste armée

Olivette Beauregard a vu le jour sur l’avenue de La Concorde au début des années 1930, un nom prédestiné, un présage de paix, dit-elle, puisqu’elle a toujours eu la chicane en aversion. Au milieu d’une famille comptant sept enfants, elle a eu la chance de faire de bonnes études. À l’école normale, puis à l’école supérieure Prince. Elle a même en poche un certificat en comptabilité obtenu à l’école des Hautes Études commerciales (HEC) de Montréal. On ne s’étonnera donc pas de la voir graviter au plan professionnel dans des postes administratifs et de gestion.

Elle raconte avec beaucoup d’humour d’ailleurs son passage éclair à la Banque canadienne nationale à titre de responsable des sous-agences des villages. « Le responsable de la voûte m’avait montré à me servir du revolver et donné pour mission d’enfermer les bandits dans la voûte en cas de vol. Disons que je n’étais pas très à l’aise avec cette idée. Je me suis donc réorientée rapidement! »

Mme Beauregard se retrouve à la multinationale Consolidated Textile Mills de Montréal où on lui confie la responsabilité des employés de bureau. Elle y passe toute sa carrière et y travaille pendant près de 35 ans, dont les 12 dernières à Montréal (Consoltex).

Le chant

Mme Beauregard a toujours eu une grande passion dans la vie : le chant. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours chanté ou fait chanter puisqu’elle a enseigné le chant et dirigé plusieurs chorales et chœurs d’enfants dans les paroisses de Saint-Hyacinthe, même le chœur des hommes de l’église Christ-Roi.

Sa belle voix de soprano a résonné à la grandeur du Québec et dans plusieurs ensembles vocaux, dont l’ensemble vocal Guy Piché. Elle a entre autres fait partie des Variétés canadiennes et des Glorialas en plus de chanter avec les Jeunesses musicales du Canada. Elle a aussi eu la chance de se produire à la Place des arts de Montréal puisqu’elle a fait partie du grand chœur de l’Orchestre symphonique de Montréal pendant sept ans.

« Le chant a toujours été primordial pour moi et a occupé une large place dans ma vie, confie celle qui pousse encore la note régulièrement lors de funérailles célébrées dans cinq paroisses de Saint-Hyacinthe. Dommage que Star Académie n’existait pas dans ma jeunesse, car j’aurais certainement été la candidate idéale pour ce concours! »

Cette passion pour la musique lui a apporté beaucoup, même un mari! Depuis 40 ans cette année, elle vibre au même diapason que son époux, le ténor Claude Massé. « Nous n’avons jamais eu d’enfants puisque nous avons commencé trop tard, rigole Mme Beauregard. Ça m’a manqué un certain temps, mais je n’ai pas de regrets, car la vie a été très bonne pour moi. »

Du bénévolat à temps plein

C’est au décès de sa mère survenu après une courte hospitalisation à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe que Mme Beauregard a décidé de s’investir dans le bénévolat. Comme elle ne fait jamais les choses à moitié, elle se donne corps et âme. Pendant 12 ans, elle supervisera à temps plein les bénévoles de l’établissement de santé. Jusqu’à ce qu’elle reçoive un appel d’une inconnue, une certaine Marie-Luce Labossière, une infirmière à la retraite de Montréal désireuse de se faire suivre à Saint-Hyacinthe par le réputé oncologue Gilles Cuirot.

« Je me suis rendue à sa rencontre et elle m’a confié sa volonté d’aider les personnes souffrant de cancer et son souhait d’être hébergée en pension à Saint- Hyacinthe. Je savais que les Sœurs de la Charité louaient quatre chambres de convalescence et, comme il y en avait une de libre, elle s’y est installée jusqu’à sa mort trois ans plus tard. »

C’est sous cette impulsion que le pavillon Marie-Luce-Labossière a vu le jour, appuyé par la Fondation Denis-Chartier, du nom de l’ancien éditeur du Courrier de Saint-Hyacinthe, également décédé du cancer. Cette fondation a entre autres pour mission de supporter les activités du pavillon fondé en 1994.

Même si elle a une santé de fer, Olivette Beauregard ne voit pas encore le jour où elle laissera son pavillon chéri. « Il y a encore beaucoup à faire ici, dit-elle, mais l’équipe de soins est très bonne. Nous avons eu la chance de compter sur de bons bénévoles, de bonnes infirmières bénévoles à la retraite qui furent une bénédiction pour nous. Je commence à prendre un ou deux congés par année, mais la relève n’est pas au rendez-vous. Le bénévolat est un don du cœur qui se perd avec le temps, hélas. Ceux qui en font sont à mes yeux des diamants rares. »

Et il n’y a pas diamant plus précieux que celui qui porte le nom d’Olivette.

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