21 juillet 2022 - 07:00
Sanimax autorisée à s’agrandir
Par: Sarah-Eve Charland
L’entreprise Sanimax pourra agrandir ses installations au cours des prochains mois. Photothèque | Le Courrrier ©

L’entreprise Sanimax pourra agrandir ses installations au cours des prochains mois. Photothèque | Le Courrrier ©

Toutes les étapes réglementaires sont maintenant terminées. L’entreprise Sanimax pourra agrandir ses installations dans le secteur Sainte-Rosalie à Saint-Hyacinthe afin de réduire les inconvénients liés aux odeurs de pourriture. Des résidents du secteur sont toutefois loin d’être convaincus.

La Ville de Saint-Hyacinthe a accordé le changement de zonage, à la séance du 4 juillet. La démarche visait à permettre l’agrandissement du bâtiment sans limites de superficie. L’entreprise n’avait pas besoin de l’accord de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

L’entreprise spécialisée en équarrissage prévoit d’agrandir son usine située dans le quartier Sainte-Rosalie afin de diminuer les odeurs liées au transbordement de matières putréfiées. Le projet représente un investissement de 1,5 M$. Il consiste essentiellement à allonger de 25 pieds les départements de transbordement de matière bovine, de porc et de volailles. Les opérations pourront s’effectuer à l’intérieur sans avoir à ouvrir des portes. Des améliorations seront aussi ajoutées afin de faciliter le nettoyage de l’équipement.

Le début des travaux pour l’agrandissement est prévu cet automne afin que les installations soient prêtes au printemps. Une bonne nouvelle, assure le conseiller municipal du district Sainte-Rosalie, Donald Côté. Il espérait cependant que les travaux se fassent plus rapidement.

Malgré des mesures d’atténuation mises en place par Sanimax, M. Côté mentionne qu’« il y a eu quelques épisodes d’odeur qui ont indisposé le voisinage. Il y a eu quelques plaintes faites au service des requêtes. […] C’est sûr qu’on va continuer à surveiller. Ce sont les citoyens du voisinage qui nous avertissent ».

L’année dernière, Saint-Hyacinthe avait retiré deux constats d’infraction de 1000 $ puisque l’entreprise démontrait une volonté de poser des gestes afin de mieux gérer les odeurs. Cela se manifestait, entre autres, par l’agrandissement de son usine de transbordement.

Entre-temps, Sanimax prévoit quelques mesures préventives pour la période estivale, dont l’installation d’une bande boisée. Des études seront lancées pour développer des technologies visant à contrôler les odeurs, notamment par le traitement de l’air et l’utilisation de biofiltres, afin de les mettre en application à l’été 2023. Elle encadrera un projet pilote de neutralisants à odeurs et investira pour maximiser l’efficacité des systèmes de drainage d’eau.

Des citoyens sceptiques

Le résident du secteur Sainte-Rosalie Jean-Michel St-Germain n’a vu aucune différence. Les épisodes d’odeurs nauséabondes se sont répétés à plusieurs reprises depuis le début de la saison estivale.

« On a des odeurs à partir de 16 h 30 jusqu’à environ 19 h. Ce n’est pas le camion dans l’usine qui sent, ce sont les camions qui attendent d’être déchargés dans le stationnement », croit-il.

Sanimax avait assuré que les camions étaient réfrigérés, ce qui empêchait la matière d’empester. Le citoyen Carl Jobin, aussi résident de Sainte-Rosalie, en doute. « L’autre fois, quand la route 116 était fermée, il y avait des camions arrêtés devant chez moi. Ça sentait tellement mauvais que j’ai vomi à côté de mon tracteur. Ça me prenait à la gorge. Ce n’est pas l’agrandissement qui va régler le problème, ça prend des camions réfrigérés », soutient-il.

Ce dernier s’est impliqué dans l’action collective qui attend d’être autorisée par la Cour supérieure du Québec. Il représente les citoyens de Saint-Hyacinthe. « On demande une injonction qui empêcherait l’entreprise d’opérer tant qu’elle n’aura pas de solution. C’est une loi bien écrite au Québec qu’une compagnie n’a pas le droit de polluer. Il y a encore des compagnies qui se foutent carrément des lois », enchaîne-t-il.

Ce dernier ne comprend d’ailleurs pas pourquoi la Ville a autorisé le changement de zonage. Bien que le processus de changement réglementaire était susceptible d’approbation référendaire, M. Jobin ne s’est pas informé et n’a pas demandé la tenue d’un registre. De toute façon, il dit ne plus faire confiance à la Ville.

De son côté, Jean-Michel St-Germain avait envoyé une mise en demeure à la Ville à l’automne 2021. Il compte attendre la fin des travaux d’agrandissement pour constater s’il y a des améliorations. Si odeur il y a, il souhaite poursuivre en justice la Ville de Saint-Hyacinthe et Sanimax.

Au moment de mettre sous presse, l’entreprise Sanimax n’avait pas répondu aux questions du COURRIER.

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