15 septembre 2022 - 07:00
Décès d’Elizabeth II
Souvenir d’une visite royale éclair à Saint-Hyacinthe
Par: Le Courrier
S.A. la Princesse Elizabeth d’Angleterre et son époux, le Duc d’Edimbourg, saluent la foule réunie aux abords de la gare de Saint-Hyacinthe, pour rendre hommage à leur future Souveraine, à la réception offerte lundi par la ville. Sur le cliché, on remarque à gauche S.H. le Maire Ernest-O. Picard, S.E. Mgr Arthur Douville, évêque du diocèse; à l’extrême droite M. Ernest-J. Chartier, député du comté à l’Assemblée législative, et Mme Chartier. Photo Collection du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548, Raymond Bélanger

S.A. la Princesse Elizabeth d’Angleterre et son époux, le Duc d’Edimbourg, saluent la foule réunie aux abords de la gare de Saint-Hyacinthe, pour rendre hommage à leur future Souveraine, à la réception offerte lundi par la ville. Sur le cliché, on remarque à gauche S.H. le Maire Ernest-O. Picard, S.E. Mgr Arthur Douville, évêque du diocèse; à l’extrême droite M. Ernest-J. Chartier, député du comté à l’Assemblée législative, et Mme Chartier. Photo Collection du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548, Raymond Bélanger

Le décès de la reine d’Angleterre Elizabeth II, le 8 septembre, a eu des échos partout à travers le monde ces derniers jours. La souveraine s’est éteinte à l’âge de 96 ans après plus de 70 ans de règne. Les Maskoutains plus âgés se souviendront peut-être de son passage à Saint-Hyacinthe en novembre 1951 alors qu’elle n’était que princesse.

Pour témoigner fidèlement de cette courte visite remarquée, il reste des comptes-rendus du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe et surtout de précieuses archives du Courrier de Saint-Hyacinthe, aux premières loges pour traduire les moments forts de cette visite royale.

La visite du couple princier formé de la princesse Elizabeth et du Duc d’Edimbourg avait bien sûr fait la Une de notre édition du 9 novembre 1951, il y a de cela près de 71 ans, sous le titre évocateur : « Une enthousiaste réception à la princesse ». Au bénéfice de nos lecteurs passionnés d’histoire et de monarchie, nous reproduisons aujourd’hui le reportage que nous avions consacré à cet événement historique à Saint-Hyacinthe.

La Princesse et les Anciens Combattants

Notre ville de Saint-Hyacinthe, la plus française du pays, témoigne de sa loyauté envers la Couronne. Leurs Altesses la Princesse Elizabeth d’Angleterre et le Duc d’Edimbourg sont chez nous les objets d’une réception qui ne le cède à aucune. – Les distingués visiteurs conquièrent la foule par la simplicité et le naturel de leurs manières. – Le magnifique cadeau de la ville au couple princier. – S.H. le maire Ernest-O Picard lui souhaite officiellement la bienvenue. – S.E. Mgr Douville représente l’autorité religieuse.

La princesse Elizabeth d’Angleterre et son époux, le duc d’Edimbourg, ont littéralement conquis la population de Saint-Hyacinthe et des environs, au cours de leur courte visite en cette ville, dans la matinée de lundi. Et ce, par leur souriante simplicité, l’absence totale de morgue ou de vanité chez eux, leur façon charmante de se mêler aux gens et de les traiter sur ce qu’on pourrait appeler un pied d’égalité.

Leurs Altesses consacrèrent à Saint- Hyacinthe cinq minutes de plus que prévu dans le programme officiel. Arrivées à 9 h 55, elles ne repartirent qu’à 10 h 10. L’horaire était peu chargé, mais la Princesse, héritière de la Couronne anglaise, tint à se promener parmi les patients de l’Hôpital des Anciens Combattants de cette ville, blessés et malades qui formaient une sorte de garde d’honneur tragique, allongés dans leurs chaises et enveloppés de couvertures, voisins d’une délégation de la Légion canadienne.

Elle serra la main à une demi-douzaine d’entre eux, causa avec eux, s’informa de leur santé et de leurs services. À un moment, elle avisa un Noir aux larges épaules, s’approcha et s’entretint un instant avec lui, paraissant fort intéressée à ses propos.

Le train royal avait à peine stoppé au quai de la gare que l’hon. Hugues Lapointe, ministre des Affaires des Anciens Combattants, descendit d’un des wagons et se dirigea vers l’arrière du convoi, où il présenta les distingués visiteurs à S.H. Ernest-O. Picard, maire de la ville, et à Madame la Mairesse, qui offrit un bouquet de roses à la princesse.

La Princesse et son mari se rendirent ensuite à l’estrade érigée pour la circonstance, où attendaient les notables qui leur devaient être présentés. On remarquait au premier rang S.E. Mgr Arthur Douville, évêque du diocèse; le colonel Wilfrid Bovey, conseiller législatif de la division où se trouve Saint-Hyacinthe; M. Ernest-J. Chartier, député du comté à l’Assemblée législative; l’hon. sénateur T-D. Bouchard; M. Joseph Fontaine, député de Saint- Hyacinthe-Bagot aux Communes; M. Camille Mercure, échevin et président de la Commission industrielle de Saint-Hyacinthe, de même que les autres membres du conseil municipal.

Une quarantaine de citoyens en tout, accompagnés de leurs épouses ou de leurs filles, où il y avait lieu et selon les cas.

S.H. le Maire souhaita officiellement la bienvenue aux visiteurs, et il présenta à S.A. la Princesse héritière, au nom de la ville de Saint-Hyacinthe, une magnifique peinture à l’aiguille, due à une artiste locale, Mme Anne-Marie Matte-Desrosiers, et représentant la Porte des Anciens Maires de Saint-Hyacinthe. Cette œuvre était rehaussée d’un cadre en bois sculpté et doré. Tout le temps de la présentation, la Princesse ne cessa de l’examiner, apparemment intriguée par l’originalité et la technique du travail.

Sans être mauvaise, la température était grise et terne, typiquement d’automne. Il pouvait y avoir une dizaine de milliers de personnes aux abords de la gare, dont de nombreux enfants des écoles, qui acclamaient sans arrêt les visiteurs.

À maintes reprises, la Princesse et le Duc saluèrent la foule de la main, mais il n’y eut pas d’autres discours que celui du Maire, la courte durée de la visite ne le permettant pas.

La ville de Saint-Hyacinthe, sans conteste la plus française d’Amérique, aura ménagé à la future souveraine de Grande-Bretagne une réception qui ne le cède à aucune autre au pays, pendant la durée de son voyage au Nouveau-Monde.

image