29 Décembre 2022 - 07:00
Les franchisés déclarent faillite
Tite Frette ferme boutique à Saint-Hyacinthe et à Mont-Saint-Hilaire
Par: Maxime Prévost Durand
Les franchisés détenant la boutique Tite Frette sise sur la rue des Cascades au centre-ville de Saint-Hyacinthe ont déclaré faillite. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les franchisés détenant la boutique Tite Frette sise sur la rue des Cascades au centre-ville de Saint-Hyacinthe ont déclaré faillite. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les copropriétaires Marc-André Boucher et Janick Sorel dans leur boutique maskoutaine en des temps plus heureux. Photothèque | Le Courrier ©

Les copropriétaires Marc-André Boucher et Janick Sorel dans leur boutique maskoutaine en des temps plus heureux. Photothèque | Le Courrier ©

La fermeture de la boutique a été annoncée avec une note affichée dans la porte du local. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La fermeture de la boutique a été annoncée avec une note affichée dans la porte du local. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La succursale Tite Frette de Saint-Hyacinthe a fermé ses portes à la mi-décembre, tout comme celle de Mont-Saint-Hilaire. Faisant face à des enjeux financiers importants, les franchisés qui détenaient les deux boutiques ont été contraints à la faillite.

Le commerce, spécialisé en bières de microbrasseries québécoises et produits du terroir, était ouvert en sol maskoutain depuis avril 2020. Il s’agissait de la quatrième boutique lancée par les fondateurs de Tite Frette, avant le déploiement d’un réseau de franchisés. La succursale de Saint-Hyacinthe, installée au centre-ville, avait été reprise par Janick Sorel et Marc-André Boucher en octobre 2021. Ces franchisés étaient déjà propriétaires de la boutique de Mont-Saint-Hilaire.

Une faillite de 258 185,87 $ a été enregistrée le 14 décembre pour la succursale de Saint-Hyacinthe, a constaté LE COURRIER dans les documents obtenus auprès de Nathalie Brault Syndic. Du côté de Mont-Saint-Hilaire, la faillite de la boutique s’élève à 424 546,08 $.

La dette serait toutefois un peu moins importante que le montant global ne le laisse présager, du moins en ce qui concerne la faillite de la boutique de Saint-Hyacinthe. Selon les documents, un montant de 45 047 $ serait dû à la Ville de Saint-Hyacinthe à titre de créanciers non garanti, une dette qui serait pourtant inexistante. La Ville confirme d’ailleurs qu’il « semble y avoir une erreur dans les documents du syndic » et que « des démarches sont en cours pour corriger la situation ».

D’après les données relevées par le syndic, l’entreprise avait un actif de seulement 7501 $ en équipement pour sa succursale maskoutaine, tandis que le passif s’élevait à 250 684,87 $. Pas moins de 66 créanciers non garantis y figurent, dont près de 45 microbrasseries, cidreries et vignobles du Québec. Dans la liste des créanciers garantis, le groupe financier BMO réclame 118 499 $.

Une note dans la porte

Les clients de Tite Frette ont appris la fermeture de la succursale de Saint- Hyacinthe grâce à une note laissée dans la porte du local de la rue des Cascades.

« Pour plusieurs facteurs, nous avons décidé de fermer nos portes », ont indiqué les copropriétaires Janick Sorel et Marc-André Boucher dans une lettre écrite à la main.

Visiblement déçus d’en arriver à cette triste fin, les franchisés ont déploré le manque de soutien de la part du siège social de Tite Frette alors qu’ils traversaient des difficultés.

« Nous ne partageons pas la même vision que le franchiseur et le modèle d’affaires étouffant nous causait d’énormes pertes, tant monétaires [qu’au niveau de] la passion qui disparaissait. À ceci s’ajoutent notre réalité familiale avec deux enfants, dont un jeune bébé, puis le manque de main-d’œuvre. Nous n’avons pas eu de support afin de trouver un compromis pour continuer de vous servir », pouvait-on lire sur la note adressée à la clientèle, qui a été retirée quelques jours plus tard.

Jointe par LE COURRIER, Janick Sorel a préféré s’abstenir de commenter la fermeture pour le moment.

De son côté, le président et cofondateur de Tite Frette, Karl Magnone, rapporte que des démarches avaient été entamées dans les derniers mois afin de trouver une solution pour garder la succursale maskoutaine ouverte, que ce soit par le biais de nouveaux acheteurs ou d’investisseurs, mais aucune entente n’a été trouvée avec les propriétaires franchisés.

« L’objectif a toujours été de les assister », a-t-il affirmé en entrevue téléphonique avec LE COURRIER.

D’après nos informations, le commerce de Saint-Hyacinthe était à vendre depuis le mois de septembre.

« Ce n’est pas une situation qui était nouvelle pour Saint-Hyacinthe. On savait que c’était une boutique qui avait besoin d’amour », a-t-il reconnu.

M. Magnone s’est néanmoins dit attristé de l’annonce de la fermeture, d’autant plus qu’il avait lui-même ouvert cette boutique au départ avec son partenaire d’affaires, Jérémie Poupart.

L’inflation dans le domaine alimentaire amène les gens à faire des choix, remarque le président de Tite Frette, qui fait une corrélation avec la baisse des ventes observée dans plusieurs de ses boutiques. « On est très affectés par ça », a-t-il soutenu.

Saint-Hyacinthe Technopole surpris de la fermeture

À Saint-Hyacinthe Technopole, la nouvelle de la fermeture a été accueillie avec étonnement par le directeur du développement commercial, Sylvain Gervais, qui avait aidé à implanter la boutique au centre-ville.

« Ça a été une grande surprise. […] C’est très rare qu’on voie un commerce fermer comme ça à l’approche des fêtes, a-t-il affirmé. C’est un commerce de spécialité qui a une bonne réputation et il y avait un bon trafic. Jusqu’à récemment, le son de cloche qu’on avait, c’est qu’ils étaient contents. »

Tite Frette avait bénéficié du programme d’aide à l’implantation de commerces au centre-ville de Saint- Hyacinthe. Ce soutien financier, représentant une somme d’environ 10 000 $ dans ce cas-ci, couvre la première année de loyer. Le montant est étalé sur une période de trois ans, à raison de trois versements. Le dernier des trois versements avait été remis à l’automne.

Une réouverture à prévoir?

Malgré cette faillite, Tite Frette ne lance pas la serviette sur le marché maskoutain. Son président est d’avis que son commerce a sa place à Saint-Hyacinthe.

« On pense sincèrement que c’était bien parti à Saint-Hyacinthe et à Mont-Saint-Hilaire. Ce sont deux succursales avec un beau potentiel et on veut qu’elles rouvrent. L’objectif est de faire un rachat de la faillite pour aider à payer le plus possible les fournisseurs qui n’ont pas été payés. On a déjà un acheteur qui serait intéressé », a fait savoir Karl Magnone.

L’appel d’offres de liquidation des actifs a été lancé dans les derniers jours par le biais de Services FL. Les actifs pourront être examinés le 4 janvier et l’ouverture des soumissions est prévue pour le 11 janvier.

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