1 septembre 2022 - 07:00
Opération qui a mal tourné à l’Hôpital Honoré-Mercier
Un oubli qui pourrait coûter cher
Par: Jérémy Bezeau
Nadia Godbout-Mailloux a intenté une poursuite de 280 000 $ contre le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie Est et deux médecins de l’Hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe pour une erreur médicale commise lors d’une opération effectuée le 22 juin 2017. On a oublié de retirer un objet à l’intérieur de son corps.

La femme de 44 ans se faisait opérer pour retirer son utérus et ses trompes utérines, mais des complications n’ont pas tardé. Dès les moments qui ont suivi son opération, la Maskoutaine s’est plainte de douleurs constantes dans le bas du ventre. Sa gynécologue se trouvait alors en vacances pour plusieurs semaines. Il n’était pas question pour Mme Godbout-Mailloux d’aller attendre à l’urgence pendant plusieurs heures avec toute la douleur et, comble de malheur, son médecin de famille se trouvait à une heure de route de chez elle. La seule option qu’il restait à sa disposition : aller au privé, où on lui a diagnostiqué une simple infection urinaire.

Encore en souffrance plusieurs semaines après l’opération, elle a enfin pu voir le 16 août la médecin qui l’a opérée. Cette dernière a alors constaté qu’un instrument médical avait été oublié dans le corps de sa patiente. Il s’agissait d’une poire de lavement qui avait servi pour retenir les gaz à l’intérieur de l’abdomen pour la durée de l’opération.

La nuit suivante, elle se faisait opérer pour retirer l’objet.

Aujourd’hui, Nadia Godbout-Mailloux vit encore avec des conséquences de cette erreur médicale. « Lorsque je suis assise à 90 degrés et moins, j’ai mal. Lorsque je suis en position statique, j’ai la sensation d’avoir des chocs électriques dans mon corps. C’est difficile pour les relations intimes et ça mine mon quotidien, avoue-t-elle. C’était mon pire cauchemar. On pense que ça n’arrive qu’aux autres, mais là, c’était moi. Je n’en revenais tout simplement pas. »

« Après toute opération, il y a un décompte de tous les objets chirurgicaux », explique Me Karine Tremblay, l’avocate qui défend les intérêts de Mme Godbout-Mailloux. Selon elle, rien ne justifie l’oubli d’un objet dans le corps d’une patiente à la suite d’une opération.

Poursuite judiciaire

Selon Me Tremblay, aucune date de procès n’est fixée pour le moment, mais le dossier a été ouvert à la cour. « Il reste encore plusieurs étapes avant d’arriver devant un juge », mentionne-t-elle. L’indemnisation de 280 000 $ servira à compenser toute la douleur subie par Mme Godbout-Mailloux, mais aussi à couvrir les frais des litiges.

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