Le projet de construire deux pondoirs de 25 250 poules chacun ainsi qu’une éleveuse pour 27 000 poules doit être approuvé par la CPTAQ, car la terre choisie appartient à une autre entreprise de la famille, Avinic, ont expliqué les propriétaires de la ferme, Jonathan et Jean- Philippe Gauvin. Si la CPTAQ donne son aval, Avinic, qui s’occupe du volet des grandes cultures, vendra à la Ferme A. Gauvin une partie de la terre de 30 hectares pour le projet avicole, soit 6,35 hectares. De cette superficie, 2,35 hectares seront toutefois toujours utilisés pour la production de grandes cultures. C’est donc le processus de division et de vente, c’est-à-dire de lotissement et d’aliénation, qui doit être approuvé avant d’aller plus loin.
Malgré la complexité des démarches, cette terre a été choisie puisqu’il s’agit de la plus éloignée d’autres bâtiments agricoles, ce qui favorise la biosécurité alors que la grippe aviaire frappe régulièrement les élevages de poulets de la région. Plus précisément, les frères Gauvin ne désiraient pas une terre située à moins d’un kilomètre de nombreux bâtiments agricoles, car les règles à appliquer dans ce périmètre sont très strictes lorsque des cas de grippe aviaire sont détectés. Le sens du vent est également favorable à cet endroit pour éviter la propagation de la maladie.
Répondre à la demande
Le projet serait réalisé en deux phases. D’abord, la construction devrait débuter au printemps 2026 pour l’éleveuse, le premier pondoir et une salle d’œufs. Cette dernière servira aussi pour le deuxième pondoir qui devrait être construit d’ici cinq ans et connexe au premier. L’entreprise a d’ailleurs déjà commandé de l’équipement en Europe pour son nouveau projet. Actuellement, la ferme compte deux pondoirs accueillant 82 000 et 26 000 poules et une éleveuse pour 60 000 volailles.
Les deux frères songeaient à cet ajout depuis quelques années, car il permettrait l’élevage de poules en liberté, une demande de plus en plus forte. Voyant que la consommation d’œufs a connu une croissance depuis deux à trois ans, notamment 10 % en 2024, que les quotas augmentent d’année en année et que leurs poulaillers étaient déjà à pleine capacité, ils ont décidé de se lancer.
Les propriétaires de la ferme ont déjà reçu l’aval de la Ville de Saint-Hyacinthe et de la MRC des Maskoutains, mais ils ont aussi demandé un rapport à la firme de génie-conseil Consumaj.
Ce rapport, consulté par LE COURRIER, mentionne notamment que la conversion de logement sur cage en système de poules en liberté exige 24 % plus d’espace et qu’une augmentation moyenne de la consommation d’œufs de 1,3 % annuellement est prévue de 2025 à 2030.
« Le premier but est d’augmenter la production locale d’œufs de consommation en parallèle avec la demande du marché, donc augmenter les revenus agricoles régionaux protégés par un système de contingentement. En parallèle, cette augmentation de la production avicole augmente la consommation de grain sur une base locale, fournit des engrais organiques pour les terres environnantes en culture (les fumiers de volailles) et contribue à l’économie de la région par ses besoins en équipements et services », peut-on y lire.
Même si la terre aurait pu servir totalement à la culture, le choix de la convertir est défendu dans le document. « Le potentiel agricole de la parcelle visée est de classe 2. Il est vrai que ce potentiel est excellent pour les activités de cultures, toutefois, ce site représente le seul site viable pour un tel projet. En effet, il fournira les distances séparatrices nécessaires concernant les odeurs en plus de limiter la propagation des maladies aviaires en s’éloignant d’un site entouré de 13 poulaillers déjà en production », est-il écrit.
On ignore quand la CPTAQ fera connaître sa décision.