Le 2 novembre, le centre municipal sera fermé, les portes barrées et les lumières éteintes. Même en escaladant le toit pour me glisser par un conduit d’aération, tel un Bruce Willis dans un film de Nowell, je n’y trouverais aucune boîte de scrutin ni paquet de ti-crayons… parce que tout le conseil a été élu par acclamation.
Désespéré par l’envie de voter dont on m’a privé, j’ai essayé de voter dans un autre comté, mais de Sorel à Saint-Damase en passant par Granby, on m’a refusé. Même avec une fausse moustache. J’ai envie de crier à m’en époumoner que c’est un scandale, qu’on me prive de mon droit fondamental de plier mon ti-papier pis de faire des beu-bye fictifs à une caméra quand je le glisse dans la tite-fente!
Je suis endeuillé de ne pouvoir voter aux municipales c’t’année. À l’avance dépité, le matin du scrutin, je serai chez moi, feuilletant mon album souvenir des élections scolaires ou rafraîchissant frénétiquement la page d’Élections Québec en regardant par la fenêtre, envieux de vous qui irez exercer votre droit.
J’avoue, j’exagère un peu mon engouement pour la pratique de la démocratie, mais je me dis que, lorsqu’elle sera disparue, elle me manquera.
Ne riez pas, ça se peut.
En fait, jamais dans l’histoire de la démocratie, phénomène relativement nouveau dans l’histoire humaine, ne fut-elle autant menacée, jamais n’a-t-elle autant reculé partout sur la planète.
C’est presque un souvenir lointain chez nos voisins états-désuniens, pays qui en était, il n’y a pas si longtemps, le plus grand défenseur, en passe aujourd’hui d’en être le fossoyeur.
C’est pour ça que j’aime faire valoir ma voix, quand ailleurs, tout près de chez nous les amis, c’est presque en voie d’extinction.


