28 juillet 2011 - 00:00
Y a-t-il trop de restaurants à Saint-Hyacinthe?
Par: Le Courrier

La fermeture de la Rôtisserie Parenteau, véritable institution à Saint-Hyacinthe, a fait jaser le milieu de la restauration. La question lancée par son propriétaire Normand Therrien aussi. Y a-t-il trop de restaurants à Saint-Hyacinthe pour que chacun fasse ses frais?

À la Corporation de développement commercial (CDC) de Saint-Hyacinthe, on se posait déjà la question il y a deux ans. Une étude, mise à jour en juin, dresse un portrait éloquent d’un milieu où, à priori, personne ne semble manger ses bas.

« Est-ce que 40 % des restaurateurs ont des budgets serrés? Sans doute, répond Sylvain Gervais, directeur de la CDC, à la brûlante question. De là à dire que 40 % ne font pas leurs frais, comme l’estime M. Therrien, il y a un pas. »De fait, au cours des deux dernières années, le nombre de restaurants à Saint-Hyacinthe est passé de 105 à 115 (excluant le défunt Parenteau). Parmi les ouvertures, les restaurants du Projet M, qui profitent de la vitrine de l’autoroute 20 où passent 45 000 véhicules chaque jour, mais aussi la Rôtisserie Excellence ou L’Escabèche, qui ont fait leur nid plus au sud. « Au cours de la même période, je peux compter sur les doigts d’une main les restaurants qui ont mis la clé dans la porte. Si tant de restaurateurs ne faisaient pas leurs frais, le nombre de fermetures serait autrement plus élevé », affirme M. Gervais sans détour. Pour le directeur de la CDC, la question se pose autrement. « Il y a de la place pour plus de restaurants, mais lesquels? Dans le secteur de la restauration, ce n’est pas simple d’identifier ce qui peut manquer à un marché, mais lorsqu’on se penche sur les créneaux exploités par nos restaurateurs, force est d’admettre que certaines spécialités sont plus saturées que d’autres. »Les pizzerias, les restaurants de cuisine rapide, les rôtisseries ou les cafés sont autant de choix dont on ne semble pas manquer, selon l’étude de la CDC.Par ailleurs, pendant que les chefs jouent du couteau dans certains secteurs de la ville, ils pourraient avoir le champ libre dans d’autres quartiers. Essayer, par exemple, de trouver un steak house dans le secteur commercial nord ou une rôtisserie au centre-ville laissera le Maskoutain sur sa faim. Les restaurants qui se consacrent aux fondues ou aux fruits de mer, pour ne nommer que ces deux créneaux, sont pour leur part complètement exclus de la carte gastronomique maskoutaine.« Si j’étais un restaurateur qui veut s’établir à Saint-Hyacinthe, je ne me demanderais pas s’il y a trop de restaurants ici, mais plutôt où je devrais ouvrir le mien, ce que je vais y servir et comment je vais me distinguer », note M. Gervais.Or, peu d’aspirants restaurateurs s’enquièrent des données rendues disponibles par la CDC. Pis encore, ceux qui consultent les études de marché n’ont pas tendance à changer l’idée qu’ils ont derrière la tête pour autant. Pourtant, les conclusions de la CDC indique carrément des pistes vers des avenues qui n’ont pas encore été exploitées à Saint-Hyacinthe ou du moins, pas à leur plein potentiel. L’offre en restauration de la ville manquerait de salles multimédias et de salles de réunions, d’animation – chansonnier, pianiste -, de restaurants thématiques, voire de restaurants-boutiques. Fait à noter, la CDC signale que la plage horaire du 5 à 7 gagnerait à être bonifiée, alors que le moratoire sur les permis de bars au centre-ville empêche un bon nombre de restaurateurs de servir de l’alcool à des gens qui ne souhaitent pas commander de nourriture. « Au Québec, de façon générale, la consommation dans les restaurants est à la baisse, conclut M. Gervais. Toutes sortes de facteurs peuvent l’expliquer, mais ce qu’on remarque, c’est que le succès se trouve dans les détails. Il faut savoir se distinguer : une décoration particulière, un concept qui étonne, un plat qu’on ne retrouve pas ailleurs. Plus que jamais, la survie passe par la créativité. »

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