7 avril 2016 - 00:00
25 ans à prédire la pluie et le beau temps
Par: Rémi Léonard
Michel Morissette, une référence beau temps, mauvais temps. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Michel Morissette, une référence beau temps, mauvais temps. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Michel Morissette, une référence beau temps, mauvais temps. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Michel Morissette, une référence beau temps, mauvais temps. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le service téléphonique 771-BEAU vient tout juste de célébrer sa 25

Le fondateur Michel Morissette se ­rappelle lorsque tout a commencé, le 28 mars 1991. La poignée d’appels de ce premier jour s’est rapidement transformée en centaines puis en milliers ­d’appels à chaque jour, pour atteindre l’impressionnant total de plus de 23 millions depuis.

Toujours fidèle au poste, le chroniqueur météo sentait déjà à la fin des ­années 1980 le besoin que les gens avaient de s’informer de la météo 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et ce, même s’il faisait déjà six bulletins par jour sur les ondes de CFEI-FM. Le ­passionné de météo avait commencé comme chroniqueur radio depuis 1979 à CKBS sur la bande AM et peu après dans les pages du COURRIER. « Les gens ­aiment se faire livrer la météo à travers un contact personnel », témoigne-t-il.

Dès 1988, il commence à penser aux plans de son bureau à La Providence, qui deviendra en 1991 la station météorologique où il fait toujours ses propres ­prévisions. Il a d’abord tenté de convaincre la Ville d’embarquer dans le projet, mais sans succès. Ceux qui ­utilisent son service savent aisément comment il a finalement assuré son ­financement. Avant chaque bulletin, on doit entendre un message de l’un de ses commanditaires. La recette était alors née. Les données d’Environnement ­Canada lui arrivaient par un télécopieur qu’il s’était procuré pour 1 500 $ à l’époque et son service comptait une seule ligne téléphonique, qui s’est rapidement engorgée. « On en faisait ajouter, mais les lignes ne suffisaient plus. Je me demandais jusqu’à combien on irait », se souvient-il. Finalement, le service a atteint jusqu’à 15 lignes, avant de ­redescendre à 12.

Le virage numérique

Il y a à peine 20 ans, les sources pour connaître les prévisions météo étaient évidemment beaucoup plus limitées. On pourrait croire que l’arrivée d’Internet et ensuite des téléphones intelligents aurait pu nuire au 771-BEAU. De son cap ­historique d’un million d’appels par an en 2008, il en reste encore 800 à 900 000 par année aujourd’hui, soit une moyenne de plus de 2 000 chaque jour, dépendamment des conditions. Car les ­phénomènes ­météorologiques extrêmes attirent ­toujours plus les appels. « Quand il y a une tempête, ça revient comme ­autrefois », dit-il en évoquant ­l’achalandage.

En 1995, il a été en quelque sorte forcé par Environnement Canada de passer du traditionnel fax à l’ordinateur. Complètement néophyte dans l’univers numérique qui commençait alors à peine à entrer dans les foyers, il se voit mal faire la ­transition. « J’ai passé à un cheveu de tirer la plogue », livre-t-il. Son sauveur : un jeune ambulancier qui se passionne pour la météo et l’Internet du nom de Pascal Gatien. Il a piloté le virage numérique de la station. « C’est lui le génie qui a fait fonctionner tout ça », reconnaît Michel Morissette en pointant ses écrans. Le chroniqueur se rappelle encore son émerveillement de pouvoir visualiser des ­systèmes dépressionnaires sur les cartes en ligne, choses qu’il avait toujours dû s’imaginer mentalement. Au final, ­Internet lui a permis d’améliorer ses ­prévisions.

Les autres alliés du 771-BEAU sont les nombreux étudiants qui sont passés au fil des ans. Michel Morissette en emploie actuellement trois à temps partiel pour faire des observations et enregistrer des prévisions les fins de semaine ou lorsqu’il part en vacances.

La clé du succès

Sa force selon lui? La précision bien sûr. Ses prévisions locales sont naturellement plus proches de la réalité que celles d’autres services, qui couvrent par exemple toute la Montérégie. Grâce à ses appareils à La Providence, les cartes et les informations qu’il consulte sur Internet, les quatre stations météorologiques ­indépendantes dans les environs de Saint-Hyacinthe et son expérience, Michel ­Morissette se targue de présenter des ­prévisions vérifiées qui donnent l’heure juste. « Je suis le seul au Québec à faire des prévisions comme ça », soutient le ­Maskoutain. « Quand les gens reçoivent des prévisions contradictoires et qu’ils ne comprennent plus, ils appellent ici », ­affirme-t-il.

Il juge d’ailleurs assez sévèrement le travail de la plupart des présentateurs météo. « Parfois, les prévisions d’Environnement Canada sont mal ­interprétées. Généralement ou partiellement nuageux, ce n’est pas pareil. La ­différence est dans la densité des nuages », donne-t-il en exemple.

De plus, la plupart des prévisions à long terme sont faites automatiquement par des programmes informatiques et ne sont pas contre-vérifiées par des ­humains, soutient-il, contrairement à ce qui se fait au 771-BEAU.

Pour ce qui est de sa propre prévision à long terme, mais sur le plan personnel, il se dit encore motivé à continuer « plusieurs années encore. Tant que je serai capable », assure Michel Morisette.

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