Ces contributions non remboursables proviendront du nouveau Fonds pour l’innovation et l’investissement dans le secteur laitier annoncé préalablement dans le cadre du budget fédéral 2023. L’aide aux transformateurs laitiers du Québec est évaluée à environ 109 M$.
Depuis quelques années, plus spécifiquement depuis l’entrée en vigueur de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) en 2020 qui prévoit des restrictions sur certains produits laitiers, le Canada se retrouve avec des surplus croissants de solides non gras (SNG). Il s’agit de la matière restante à la suite de la transformation du lait pour en faire notamment du beurre et de la crème, soit le lait écrémé. D’ailleurs, ces produits sont de plus en plus demandés. L’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne et l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) ont aussi fait perdre des parts de marché aux producteurs et aux transformateurs.
Actuellement, les SNG peuvent seulement servir de nourriture pour les animaux en raison d’un manque quant à la capacité de transformation. L’objectif du nouveau Fonds est donc de permettre la création de nouveaux produits dérivés des SNG, par exemple des boissons protéinées pour les athlètes. Cela passera par l’expansion des usines de transformation existantes et par l’ouverture de nouvelles.
Les demandeurs admissibles sont des organismes à but lucratif, y compris des sociétés, des coopératives et des partenariats. Les projets doivent permettre une augmentation nette de la capacité de transformation des SNG d’au moins 50 millions de litres par an pour les nouvelles installations et d’au moins 25 % et 30 millions de litres pour le remplacement d’équipements ou un agrandissement. Les coûts liés à l’achat de terrains ou aux activités de recherche et développement ne sont pas admissibles.
Le Fonds, administré par la Commission canadienne du lait, couvre les coûts de construction à hauteur de 25 %. La contribution aux autres coûts admissibles pourrait atteindre 33 %. Le montant maximal pour un projet est de 75 M$ ou égal aux fonds disponibles dans la région. Le moindre des deux montants est priorisé. Si le formulaire est reçu avant le 3 novembre, un remboursement des coûts admissibles engagés depuis le 17 novembre 2022 sera possible. Pour présenter une demande, vous pouvez vous rendre sur le site web du Fonds.
Commentaires du gouvernement et du secteur
« Ensemble, le gouvernement et l’industrie, nous devons relever les défis auxquels l’industrie est confrontée y compris le surplus de solides non gras. Au Canada, comme ailleurs dans le monde, le secteur laitier est confronté à des surplus de solides non gras de plus en plus. Ces excédents sont une source d’inquiétude pour le rendement et la durabilité du secteur. Il y a un grand potentiel commercial pour les producteurs et transformateurs de produits laitiers. C’est une source de protéines et de minéraux qui contribue à un régime alimentaire sain pour les consommateurs. Cela signifie de nouveaux revenus pour les producteurs et les transformateurs », a déclaré Francis Drouin, secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, dans sa traduction de l’allocution en anglais du ministre.
« Le gouvernement du Canada va continuer à sauvegarder, à protéger et à défendre la gestion de l’offre. Nous ne ferons plus de concessions commerciales dans les secteurs sous gestion de l’offre. J’ai hâte de voir les innovations qui émergeront du Fonds et de voir comment cela permettra au secteur de se développer », a-t-il ajouté.
Le président et chef de la direction de l’Association des transformateurs laitiers du Canada, Mathieu Frigon, s’est réjoui de cette annonce. « Le Fonds pour l’innovation et l’investissement dans le secteur laitier représente une étape cruciale pour surmonter l’incertitude engendrée par les accords internationaux. D’autre part, en ciblant les innovations et les investissements qui valorisent les protéines laitières, ce Fonds répond à une demande pressante du secteur laitier », a-t-il affirmé.
« Cette annonce fait suite à l’engagement du gouvernement fédéral d’investir dans la transformation laitière au Canada à la suite des différents accords commerciaux où le secteur laitier a été touché. Nous accueillons très positivement cette annonce afin de connaître les détails de ce programme pour améliorer les capacités de transformation en solides non gras. Nous avons une protéine laitière de très grande qualité au Canada et il y a beaucoup d’opportunités pour développer de nouveaux marchés », a souligné le président des Producteurs de lait du Québec et vice-président des Producteurs laitiers du Canada, Daniel Gobeil.