« Temps supplémentaire obligatoire, un vrai purgatoire! », « Qualité des soins, les patients en ont besoin! », « Employeur, entends-tu? », scandaient les manifestants entre les discours de leurs chefs syndicaux.
La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la Santé du Québec (FIQ), Nancy Bédard, a galvanisé ses troupes en condamnant l’inertie de l’employeur. « En janvier 2017, à titre de vice-présidente de la Fédération, j’assistais à un conseil d’administration ici même pour dénoncer ce que nous dénonçons encore aujourd’hui. Deux ans plus tard, me voilà de retour pour manifester parce que rien n’a progressé. Dans ce centre d’hébergement de plus de 350 patients, il arrive trop souvent qu’une infirmière de nuit ait à sa charge plus de 160 patients. C’est intolérable et dangereux. Attend-on qu’un drame se produise pour agir? », a-t-elle lancé.
Elle estime qu’après presque six mois aux commandes de l’État, il est temps que le gouvernement Legault passe à l’action et réalise les promesses déjà faites par la ministre de la Santé, Danielle McCann.
Le 6 novembre 2018, devant 2700 membres de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec réunis en congrès, elle avait déclaré que la détresse au travail des infirmières devait cesser, tout en s’engageant à se pencher rapidement sur le problème de la surcharge de travail, avait rapporté les médias nationaux. Or, Mme Bédard soutient que les améliorations apportées dans le réseau depuis l’arrivée de la ministre McCann se résument à « pas grand-chose ».
« Depuis 2011, les équipes de travail [de l’hôtel-Dieu] dénoncent de multiples situations inacceptables et, en 2019, rien n’a changé », a renchéri devant les manifestants Jean-Michel Varin, président du FIQ-Syndicat des professionnels en soin de Montérégie-Est (FIQ-SPSME).
La FIQ représente 76 000 professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires, soit la grande majorité des infirmières, des infirmières auxiliaires, des inhalothérapeutes et des perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé et de services sociaux québécois. Elle réclame l’abolition du régime du temps supplémentaire obligatoire (TSO), l’adoption d’une loi fixant des ratios professionnelles/bénéficiaires, de même que l’injection immédiate de 350 M$ pour consolider des effectifs mis à mal par la détresse en milieu de travail.
« Si rien ne se passe, nous allons revenir, et aussi souvent qu’il le faudra. Vous allez nous trouver sur votre route et vous risquez de trouver le temps très long », a ajouté Nancy Bédard, en pointant l’employeur.
En fin de compte, le nouveau budget du gouvernement du Québec prévoit l’injection de 200 M$ dans le réseau de la santé pour l’embauche d’infirmières et de préposés aux bénéficiaires dans les hôpitaux et les CHSLD, selon les besoins. Mais rien n’a été dit sur les ratios réclamés et l’élimination du TSO, ce que déplore la FIQ. Dans un communiqué, la Fédération dit déplorer l’absence de volonté du gouvernement de François Legault de régler la crise que vivent les professionnelles en soins dans les établissements de santé et de services sociaux.
« Les ratios stabilisent les équipes de travail, améliorent les conditions de travail et réduisent les événements indésirables. Dans un contexte où les surplus sont importants et chiffrés à 2,5 milliards, nous sommes choqués de constater qu’aucune somme n’est clairement destinée à ces projets », proteste la FIQ.