Le démantèlement des campements du mouvement « Occupons (inscrivez votre ville) » signifie-t-il la fin de l’indignation? Pas du tout.
Malgré la pompeuse proclamation de tous les Labeaume de la planète que la cause est entendue et le message compris, les raisons profondes qui ont mené à cette mobilisation citoyenne sont toujours présentes. Et comme disent les Anglos, ça va empirer avant que ça n’aille mieux. La fin des campements est presque une chance pour ces manifestants qui veulent changer le monde. Dernièrement, on parlait plus de forme que de fond, gestion de camp, cohabitation, planches de bois, bref, de logistique quotidienne.La politique passait après les faits divers, le spectacle et les affaires de moeurs. Un peu comme aux nouvelles. Et une nouvelle en chassant une autre, nous passons à la Guignolée des médias qui nous informent que nos soeurs et nos frères sont dans le besoin, que l’écart entre les riches et les pauvres se creuse toujours davantage, que les inégalités font mal à toute la société. N’était-ce pas justement le message des campeurs? Oh, bien sûr la Guignolée, la charité et les bonnes oeuvres sont nécessaires, oui, mais pourquoi le sont-elles? Malgré les prétentions des autorités, la réponse à cette question est encore et toujours évacuée. Jusqu’à la prochaine Guignolée.Pour avoir fréquenté les « Indignés » ces dernières semaines, je peux vous assurer d’une chose, ils ont pris les moyens qui étaient à leur portée pour y répondre. Imparfaits, incomplets, incompatibles avec l’exigence de performance et de résultat qu’imposent les médias, ils ont néanmoins réalisé quelque chose d’incroyable qu’il faut saluer; on ne peut changer le monde sans changer d’abord DU monde. Et on ne peut changer du monde sans d’abord changer soi-même. Et eux, ils l’ont fait. Ils ont changé. Pouvons-nous en dire autant?