Michel Lamothe n’a pas la langue dans sa poche. C’est pourquoi il a su apprécier le film Gerry tout en apportant quelques nuances importantes à certains pans de l’oeuvre cinématographique d’Alain Desrochers.
« C’est un très beau film, Mario St-Amant est excellent dans le rôle de Gerry et j’ai bien aimé aussi celle qui fait son amoureuse, Françoise (Capucine Delaby). Mais c’est sûr que c’est plus un film sur Gerry que sur Offenbach et les autres musiciens qui l’accompagnaient, et c’est normal. Cependant, je pense qu’il l’ont mis un peu plus star qu’il ne l’était vraiment. Tout y est, tout est vrai, mais il y a bien quelques parties assez romancées dans le film. C’est sûr que raconter 20 ans en deux heures, ce n’est pas évident non plus », de commenter Michel Lamothe.Selon ce dernier, Gerry Boulet était beaucoup plus ténébreux que le film laisse paraître, moins souriant. Un film biographique a souvent la fâcheuse tendance à magnifier la réalité. « Je me souviens que j’étais interrogé à la radio lorsqu’il est mort en 1990 et je le disais déjà, c’était un de nos meilleurs, mais il faut qu’il soit mort pour que les gens se mettent à le trouver bon. C’est un peu ça le film aussi. Pour moi, il y a deux choses dans ce film : Gerry et la musique. Je pense que le mieux réussi, c’est la musique, parce que ce sont les trames originales qui ont été utilisées avec nos voix et nos instruments. Ça, c’est très bien. »
D’Offenbach à Corbeau
Entre Offenbach et Corbeau, Michel « Willie » Lamothe ne peut pas oublier qu’ils ont pratiquement ouvert tous les Cégeps du Québec avec leurs spectacles et visité presque toutes les salles et bars de la province. Malheureusement, très peu de spectacles d’Offenbach eurent lieu à Saint-Hyacinthe.
En 1977, deux ans après le retour de France du groupe, Michel Lamothe quitte le groupe avec Roger « Wezo » Belval pour former Corbeau avec Pierre Harel, qui avait déjà quitté Offenbach depuis plusieurs années. « Je voulais embarquer dans un nouveau groupe, avec du sang neuf. En quittant Offenbach, j’ai tourné la page, même sur les désaccords que je pouvais avoir eus avec Gerry. Offenbach, c’était des ateliers de création souvent improvisés et très enrichissants. Nous avons fait la musique que nous aimions et fêté en masse, mais j’étais rendu ailleurs. » Le musicien aurait aussi aimé que le film laisse un peu plus de place à Pierre Harel, chanteur et parolier pour Offenbach durant de nombreuses années, pratiquement à parts égales avec Gerry Boulet. C’est d’ailleur Pierre Harel qui a amené Gerry à chanter en français. Gerry Boulet serait devenu le vrai leader du groupe une fois Harel parti, ce que le film ne démontre pas vraiment, faisant de Gerry le leader incontesté d’Offenbach tout au long de son histoire.Ayant traversé les époques et plusieurs groupes musicaux, Michel Lamothe a eu la chance de se voir personnifier par le comédien Sébastien Huberdeau dans la série Willie, sur son père, et maintenant par Mathieu Lepage dans Gerry. « Il manque juste un film sur Corbeau ou Marjo et je serai encore là! C’est quand même particulier », conclut-il.Preuve de sa pérennité, Michel « Willie » Lamothe fait encore aujourd’hui plusieurs apparitions où il traîne sa guitare et son rock. Que ce soit avec Marjo, à Belle et Bum ou avec sa formation Duke Rock Band. Le groupe donne d’ailleurs un spectacle le 2 juillet prochain au Bistro le Spot à Saint-Pie – Michel Lamothe habite Saint-Pie depuis 1977 -, au profit du Trophée Rose des Sables auquel participeront Émilie Grenier et Nadia Casavant, deux Saint-Piennes.