« Je suis très intéressée à la photographie policière, à la manière comment les policiers utilisent ce médium. Par contre, c’est très difficile de pouvoir consulter des photos d’archives policières et de scènes de crime. J’ai voulu appliquer leur façon de faire à mes oeuvres qui vont entre le vrai et le faux, entre l’observation de la loi et la justice, ce qui est public ou pas », de dire Emmanuelle Léonard qui expose à Expression pour tout l’été, jusqu’au 14 août.
Juste une image reprend ainsi, sous l’égide de la commissaire Nicole Gingras, une douzaine d’oeuvres d’Emmanuelle Léonard réalisées depuis 2003. Parmi celles-ci, le statuesque doigt écorché de la photographie « Je t’aime » qui nous frappe de plein fouet dès notre entrée dans la grande salle d’exposition. « C’est une oeuvre que j’ai faite en 2003 et qui est très imposante. Je voulais mettre en lumière la décrépitude du doigt versus les mots « je t’aime ». Le paradoxe, c’est aussi de voir cet ongle rongé, ce doigt qui devient très chargé de sens. On peut y voir bien des interprétations », ajoute l’artiste. Et c’est comme cela dans chacune des oeuvres d’Emmanuelle Léonard, le vrai s’applique au faux et vice et versa. Manifestations citoyennes, quartiers mal famés, scène de noyade, vrai ou faux, à vous de juger!
Dans les coulisses
Emmanuelle Léonard présente aussi à Expression deux oeuvres vidéographiques inédites, « La déposition » et « Le polygraphe ». Inspirée de vraies dépositions de femmes ayant tué leur mari, l’artiste rend une oeuvre qui s’apparente quasiment à un documentaire fiction.
« Nous avons voulu faire ressortir les grandes lignes de son travail, en plus de présenter de nouvelles oeuvres. Avec l’artiste, je développe ainsi un concept d’exposition, explique la commissaire Nicole Gingras. Avec Emmanuelle, dont je connais le travail depuis 15 ans, nous avons voulu poser un regard sociologique sur des récits, fictifs ou pas, et mettre de l’avant l’aspect monumental de plusieurs de ses photographies. Dans le paysage de l’art actuel québécois, Emmanuelle Léonard occupe une place tout à fait unique par le regard qu’elle pose sur ce qui l’entoure et cette recherche, désormais sienne, d’espaces déroutants où alternent scènes de crime, drames, aberration et banalité trompeuse. »