Alors que le Haut-Canada endurait les affres de la guerre, dans le Bas-Canada, en général, la vie continuait comme si de rien n’était. La menace de guerre semblait bien lointaine.
La menace imminente d’une invasion américaine force George Prévost à recourir à la Milice canadienne pour défendre le pays. Dès le 25 avril 1812, on commence le recrutement de volontaires pour le corps des Voltigeurs canadiens. Ce bataillon est composé de volontaires et doit servir pour la durée de la guerre contre les États-Unis. Leur commandant était le major Charles-Michel de Salaberry qui avait d’abord été à la tête du 60 e régiment d’infanterie Royal American. Sa famille avait acquis une bonne réputation pour avoir servi dans l’armée britannique et lui-même avait servi aux côtés des Anglais contre les Français dans les Indes occidentales et à Walcheren. Charles-Michel de Salaberry avait écrit plusieurs ouvrages utiles sur les exercices à faire avec un fusil, s’était battu en duel contre un adversaire qu’il avait presque coupé en deux et avait la réputation de mener la vie dure à ses soldats et à ses officiers. De Salaberry fut l’un des officiers de l’armée britannique les plus expérimentés de la guerre de 1812. Les officiers des Voltigeurs étaient issus de la classe aisée de la société québécoise; nombre d’entre eux étaient apparentés à de Salaberry qui ne les dispensa pas de sa stricte discipline et qui exigea d’eux qu’ils se conforment à ses critères de qualité élevée. Les commissions étaient remises aux capitaines et aux lieutenants qui étaient en mesure de recruter des hommes dans leurs rangs, 36 pour les capitaines, 16 pour les lieutenants. En dépit d’une propagande britannique chauviniste qui tendait à prouver le contraire, les Voltigeurs étaient parvenus à remplir un peu plus de la moitié des 538 grades autorisés. Au début de la guerre, des unités de Fencibles allaient s’ajouter aux Voltigeurs pour les aider et les appuyer. Ces compagnies temporaires ont pour but de protéger les intérêts britanniques là où elles sont formées, en Grande-Bretagne ou en Amérique du Nord et ne doivent en aucun cas être déployées en sol étranger pour se battre. Dans l’histoire de la ville de Saint-Hyacinthe, Mgr Charles-Philippe Choquette dit : « Même les soldats cantonnés, en 1812, dans la maison Picard [située à l’angle nord des rues Girouard et Bourdages qui, plus tard, est devenue le Couvent Lorette] que, monsieur Girouard leur avait louée, se félicitaient d’avoir un professeur dans la personne de l’abbé Paquin. « Nous sommes en 1812. La France et l’Angleterre sont en guerre. Les Américains écoutant leurs griefs particuliers menacent d’envahir tout le Canada. C’est alors que l’Angleterre envoya à Saint-Hyacinthe 800 miliciens de troupes canadiennes sous les ordres des commandants Dawson, Charland, Deschambault et des lieutenants, Delorme et Dessaulles. À la signature de la paix, en décembre 1814, les soldats évacuèrent la maison Picard et les maisons réquisitionnées, entre autres la maison de Jean Valin, père, située sur le terrain actuel de l’évêché, « laquelle avait été louée au lieutenant Pentz, du Régiment des Royaux Canadiens. » Au début de la guerre, les Voltigeurs avaient pour tâche de défendre les Cantons-de-l’Est. La guerre fit irruption dans les Cantons-de-l’Est, le 11 octobre 1813, lorsque des forces américaines, sous le commandement du colonel Isaac Clark, pénétrèrent dans la baie Missisquoi. Clark était bien décidé à mettre fin au trafic de denrées américaines, le boeuf et le porc notamment destinés aux soldats britanniques. En novembre, ils se retrouvèrent nez à nez devant le major général américain Dearborn qui, fort de ses 600 hommes, envahit la région de Plattsburgh. De Salaberry accourut avec ses hommes et avec ses alliés autochtones pour repousser l’invasion à Lacolle. L’invasion ne put être freinée, mais des jours entiers d’escarmouche et des coûts qui ne cessaient de grimper forcèrent Dearborn à battre en retraite. Sans l’alliance avec les Premières nations pendant la guerre, la défense du Canada n’aurait probablement pas été un succès. Les Premières nations ont joué un rôle déterminant dans de nombreuses victoires importantes dont Michillimakinac, Détroit, Queenston Heights, Beaver Dams, Châteauguay et Crysler Farm. Bien que Tecumseh soit le chef autochtone le plus connu de la guerre de 1812, le chef de guerre mohawk John Norton a commandé plus de guerriers dans la bataille que Tecumseh. Au Canada, plusieurs volontaires noirs ont combattu dans la défense du Canada, craignant que les envahisseurs américains les retournent à l’esclavage. « Coloured Corps » a été une unité notable qui a combattu aux hauteurs de Queenston et a été partiellement constituée de personnes qui avaient échappé à l’esclavage aux États-Unis.