Certains parlent de la grève des étudiants en leur reprochant leurs iphones, leurs chars et leurs voyages, qu’ils sont gâtés pourris, qu’ils ne font que perdre leurs cours, leur session et leur précieux temps au lieu de travailler.
Aaah, CES étudiants gâtés pourris. Comme si ce n’était pas d’abord NOS étudiants. À qui ont a donné un cellulaire à 12 ans pour appeler papa/maman en cas d’urgence vu qu’ils ne sont pas à la maison souvent, souvent. Quessé tu veux, faut ben payer le spa, le SUV, le Seadoo, pis les vacances à Playa Coco. Le fruit ne tombe jamais bien loin de l’arbre, non?Ce sont nos étudiants comme ce sont nos vieux. Et nos étudiants ne perdent pas de cours. Présentement, ils apprennent à devenir des citoyens vitesse grand V. Ils font l’exercice de la révolte à l’école de la rue. Ils font des assemblées et votent, ils s’informent, se mobilisent, mieux encore ; ils nous inspirent, nous apprennent. Ils nous montrent que la santé est dans l’éducation et l’action. Leur colère, notre colère, est la preuve que notre société respire.Ils sont nous, demain. Nos professeurs, nos médecins, nos ouvriers, nos députés, nos gens d’affaires, nos artistes, … nos policiers… ils sont notre société. Et lorsqu’on les frappe à coups de matraque, qu’on les fait taire à la grenade assourdissante, qu’on les blesse, c’est notre propre sang qui coule. Notre sang, notre sève. Si les vieux sont nos racines, les jeunes sont nos bourgeons. Ils sont le mouvement, après une trop longue hibernation. Ils sont un tintamarre, une multitude de tumultes, des rivières en crue qui dévalent dans les rues jusqu’à nos portes. C’est notre grève, ce sont nos étudiants. Ils ne perdent pas leur session, ils nous donnent une saison. Ils sont notre printemps.