Ce vers du poète Gaston Miron teintait la manifestation du 22 avril, alors que partout au Québec des dizaines de milliers d’entre nous ont pris de leur temps pour marcher, se mobiliser et se rencontrer lors du Jour de la Terre. Ils étaient plus de 300 000 à Montréal… en comptant tous ceux qui ont dû rebrousser chemin en raison de transports en commun insuffisants. How ironic.
La foule elle-même était spectaculaire en milles couleurs et nuances. Premières nations, anglos, francos, latinos, jeunes, vieux, en poussette, en marchette, hommes, femmes, et/ou, etc. Comme si le peuple entier était là. Il ne manquait personne sauf… ah oui, le premier ministre. Faut croire qu’il avait « de quoi ». C’est une masse joyeuse qui déferla du centre-ville, surgissant d’entre les gratte-ciels, pour gravir la montagne et y former un gigantesque arbre humain. L’image était saisissante. Et sur la scène, du haut de ses 13 ans et comme s’il était un géant, le jeune Émilien Néron nous lance; « je rêve, tu rêves, nous révolutions! » La beauté et la poésie dont ce peuple est capable ne cesseront jamais de me fasciner. Et la capacité de se rêver. De se réinventer. Il a beaucoup été question de réappropriation de nos ressources lors de cette manifestation, mais ce que je retiens c’est surtout la réappropriation d’un espace. D’une parole. Celle de l’indignation. Mais aussi de la création. Et dans l’air du printemps, flottent les mots de Miron; …nous avançons nous avançons le front comme un delta« Good-bye farewell! » nous reviendrons nous aurons à dos le passéet à force d’avoir pris en haine toutes les servitudesnous serons devenus des bêtes féroces de l’espoir Enfin. Enfin, nous sommes arrivés à ce qui commence… -30-