19 janvier 2012 - 00:00
Gaz de schiste : l’importance de votre signature
Par: Le Courrier
Étant en affaires depuis 32 ans, nous nous sommes réjouis lorsque nous avons vu arriver l’installation du puits de gaz schiste à 600 m de notre propriété principale à la Pointe du Jour. Le développement économique et l’exploitation contrôlée de nos ressources font partie de nos valeurs d’affaires familiales. En affaires comme dans nos vies personnelles, l’évaluation des avantages en conséquence des risques fait partie intégrale d’une saine pratique de gestion. Or, dans le cas de l’exploitation des gaz de schiste, de nombreux paramètres d’évaluation des risques sont absents de l’équation.

Étant en affaires depuis 32 ans, nous nous sommes réjouis lorsque nous avons vu arriver l’installation du puits de gaz schiste à 600 m de notre propriété principale à la Pointe du Jour. Le développement économique et l’exploitation contrôlée de nos ressources font partie de nos valeurs d’affaires familiales. En affaires comme dans nos vies personnelles, l’évaluation des avantages en conséquence des risques fait partie intégrale d’une saine pratique de gestion. Or, dans le cas de l’exploitation des gaz de schiste, de nombreux paramètres d’évaluation des risques sont absents de l’équation.

En étudiant à fond le dossier, on découvre rapidement que le gouvernement du Québec a vendu l’ensemble des droits d’exploitation de tout le sous-sol de la Vallée du St-Laurent majoritairement à des compagnies venant de l’Alberta, du Texas et de l’Australie. Ces droits ont été attribués pour quelques centaines de millions à des compagnies qui profitent déjà et qui profiteront encore de très généreuses subventions et crédits divers au cours des prochaines années. Si ce n’était que l’aspect économique, nous pourrions simplement dire que les négociateurs de nos richesses communes auraient pu faire en sorte que nous soyons mieux rétribués. Là où le bât blesse, ce sont tous les aspects environnementaux, sociaux économiques et civils incluant la santé qui sont bafoués par l’exploitation de ces fameux gaz de schistes. Ces compagnies opèrent selon la loi des Mines datant de 1880. Cette loi impériale domine toutes nos lois provinciales sur le développement durable, la loi de protection du territoire agricole, le pouvoir des MRC ainsi que les lois des municipalités et villes. À la suite du rapport inquiétant du BAPE (Bureau d’Audiences Publiques sur l’Environnement) et à l’évaluation demandée par celui-ci (ÉES : Évaluation Environnementale Stratégique), des fracturations autorisées par l’ÉES seront permises pour les deux prochaines années. La restriction limitant actuellement l’activité de ces compagnies est le bas prix international du gaz (-35 % en 2011). Les problèmes potentiels relevés : * Sur 31 puits actuellement forés dans la Vallée du St-Laurent, 19 présentent des fuites dont certaines jamais encore contrôlées. * Le gaz qui fuit s’évacue le long des colonnes de forage et contamine directement les nappes phréatiques. * Le forage et la fracturation hydraulique, en plus d’utiliser de 10 à 20 millions de litres d’eau par forage, utilisent des centaines de produits chimiques afin de faire éclater la roche de schiste et ainsi libérer les gaz sollicités. De ces produits, neuf sont actuellement considérés comme hautement cancérigènes. * Lors des forages, d’autres gaz non sollicités tels que le radon (gaz radioactif hautement proscrit pour la santé humaine) sont libérés de la zone rocheuse ancestrale datant de 450 millions d’années. * L’industrie des gaz de schiste n’a pas, comme nous en agriculture et en entreprise, à se soucier de la qualité de l’eau et des déchets qu’elle laisse dans notre nappe phréatique et notre environnement, car ces problèmes apparaîtront lorsqu’ils auront quitté le paysage. * Actuellement, en Ohio, le forage de certains puits a provoqué des tremblements de terre allant de faibles jusqu’à 5.5 sur l’échelle de Richter. Ces tremblements de terre ont été causés par l’énorme pression dans le sol due à la fracturation hydraulique. * L’exploitation des gaz de schiste est une industrie lourde et éphémère. L’exploitation d’un puits dure, de quelques mois à au plus cinq ans. Les gaines en acier et le coulis de béton utilisés pour colmater les trous de forage se détérioreront et dans 5, 10, 50 voire des centaines d’années, le cocktail chimique toxique migrera dans nos nappes phréatiques, nos sols, nos cours d’eau, rivières et fleuve, tuant sur son passage nos richesses autant agricoles qu’environnementales. Qui paiera pour ces pertes et la décontamination, si toutefois elle est possible? * Le caractère agricole de notre merveilleuse région maskoutaine ainsi que l’ensemble de l’activité économique agroalimentaire sont nos richesses et notre patrimoine. L’industrie du gaz de schiste n’en a aucune considération et viendra installer des centaines de puits sur notre territoire. Environ 20 000 puits sont prévus dans la Vallée du St-Laurent. * Qui voudra acheter nos productions agricoles et nos animaux sachant que des contaminants toxiques dans nos eaux de surface ont migré dans les tissus végétaux de nos récoltes et/ou absorbés dans l’alimentation animale. Quelle sera la valeur de nos terres agricoles? Que dire de l’alimentation humaine? * Déjà certaines propriétés à proximité des puits d’exploration ne trouvent plus preneur. Qui viendra compenser pour ces pertes de valeurs immobilières et foncières; pécule représentant le travail de tout une vie et notre fonds de pension? Aussitôt l’exploitation du gaz de schiste installée, le financement hypothécaire deviendra restrictif et nous courons tous vers une grave dégradation de nos valeurs immobilières et foncières. Déjà, une institution financière maskoutaine a hésité à consentir un prêt sachant que toute la ville de Saint-Hyacinthe était sous concession. Les villes et municipalités perdront un important revenu en taxation lorsque les propriétés diminueront fatalement de valeurs. Renseignez-vous immédiatement. Tapez simplement : gaz de schiste et/ou fracturation hydraulique, le Web regorge de documents et reportages très actuels sur le sujet. Visitez le site de la MRC Les Maskoutains : mémoire déposé au BAPE novembre 2010. Nous devons protéger nos biens et ceux de notre communauté. Signifions nos droits. La seule alternative qu’il nous reste est d’interdire à ces compagnies l’accès à nos terres et propriétés (pour les agriculteurs et propriétaires de grands terrains) et par la signature massive de la pétition actuellement en cours dans nos commerces. Il faut démontrer qu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale. Si ces compagnies n’ont pas la possibilité de relier des puits entre eux, par l’absence de droit d’accès sur nos propriétés, elles ne pourront pas s’implanter. Réal Laflamme a promptement signé les documents d’interdiction d’accès à l’industrie des gaz de schiste pour ses nombreuses terres agricoles. Il m’a signifié qu’il fallait absolument bloquer toute tentative d’accès à ces compagnies et dit : « Nous avons tout à perdre et absolument rien à gagner. Il faut que tous les agriculteurs signent ces documents. Il en va de la protection de notre richesse agricole et collective ».Signez les amis, c’est pour nous et les générations qui nous suivront.

Jean-Pierre Rodier, d.t.a. Président, Paysage Rodier -30-

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