27 février 2013 - 00:00
Le rideau tombe sur 201 ans d’histoire
Par: Martin Bourassa

Le Collège Antoine-Girouard (CAG) de Saint-Hyacinthe fermera ses portes au terme de la présente année scolaire, le 30 juin.

C’est la conclusion à laquelle ont dû se résoudre le conseil d’administration et la direction de cette école secondaire privée aux prises avec une situation financière délicate, une baisse significative des inscriptions et le peu d’appui des autorités du Séminaire via son bras financier, l’Oeuvre Antoine Girouard.

Même s’il semble acquis que la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe pourra prendre la relève et offrir un plan de sauvetage (voir texte A6), c’est avec la mort dans l’âme qu’Alain Rivard, président du conseil d’administration du CAG, et Dominique Lestage, directeur général du CAG, ont dû se rendre à l’évidence.« En tant qu’ancien du Séminaire, de la promotion 1971, ce n’est pas avec l’idée de fermer le Collège que j’ai accepté de m’impliquer il y a deux ans. Mais après avoir analysé la situation de long en large, et compte tenu des réponses négatives que nous avons obtenues du Séminaire, nous n’avons d’autre alternative », a confié M. Rivard au COURRIER de Saint-Hyacinthe, tout juste avant de rencontrer le personnel et les parents des quelque 563 élèves directement touchés par cette décision.Cette rencontre avec les parents a eu lieu hier soir au complexe sportif du CAG. « Les rumeurs courent depuis quelques semaines déjà dans l’entourage du Collège et pour le bien du personnel et des élèves, et par respect pour les nouveaux (74) qui se sont inscrits l’an prochain en première secondaire, nous ne pouvions plus les laisser dans l’incertitude. Il était urgent d’annoncer nos intentions », estime M. Lestage.Jusqu’à la toute dernière minute, Alain Rivard et Dominique Lestage ont espéré un signe concret des autorités du Séminaire qui puisse permettre la poursuite des activités du collège privé à Saint-Hyacinthe l’an prochain et les années à venir.Ce signe n’est jamais venu, du moins pas à la hauteur nécessaire.

Un appui insuffisant

Pour assurer la pérennité du CAG sous sa forme actuelle, la direction et un comité stratégique estimaient qu’il fallait investir dans la mise à niveau des installations et soutenir de façon plus substantielle les activités du collège. On chiffrait à environ 500 000 $ pendant six ans l’engagement requis du Séminaire.

Après de difficiles négociations, le Séminaire n’était pas disposé à investir au-delà des deux prochaines années, pour une somme globale de 1 M$.« C’est décevant, très décevant, considère M. Rivard, d’autant plus que nous avions élaboré un plan de match pour repositionner le Collège. »M. Lestage précise que l’on voulait entre autres changer la perception « d’école de gars » qui continue de coller au CAG à Saint-Hyacinthe et dans la grande région.« Une enquête commandée l’automne dernier a validé la nécessité de revoir l’offre du Collège et sa stratégie de mise en marché. Sans renier notre sport-études en hockey qui a été le pain et le beurre du collège depuis 16 ans, nous voulions ratisser plus large et se refaire une image, une notoriété, avec d’autres programmes et options, entre autres, au niveau de l’informatique et notre programme LEADER engagé. »Pour que ce plan puisse fonctionner, l’appui financier du Séminaire était primordial.Il faut savoir que le collège n’est que locataire des locaux qu’il occupe au Séminaire. À cet effet, le bail liant les deux parties est échu depuis le 30 juin 2011. Et les discussions pour le renouveler à des conditions plus avantageuses n’ont pas abouti.« Pour traverser les mauvaises passes, nous ne pouvons pas hypothéquer nos biens comme le font d’autres collèges privés, explique M. Rivard. Nous ne pouvons compter que sur nos économies et le soutien de la communauté religieuse. »Cet appui s’est manifestement effrité au fil des ans, dans la foulée des transformations qu’a connues le monde de l’éducation au Québec.

Filles et hockey

Amorcée à la fin des années 1970 avec la création d’une première corporation laïque, l’École du Séminaire de Saint-Hyacinthe, pour prendre la relève des religieux, la laïcisation du Séminaire s’est confirmée en 1992 quand une nouvelle corporation laïque, Le Collège Antoine-Girouard, a été formée.

L’un de ses premiers coups d’éclat fut d’ouvrir les portes du collège privé aux filles qui sont actuellement au nombre de 70, soit à peine 13 % des effectifs. On a aussi mis l’accent sur le volet hockey articulé autour des Gaulois de la ligue Midget AAA. Pas moins de 234 des quelque 563 élèves sont engagés dans ce volet.Malgré ces ouvertures, le CAG parvenait difficilement à tirer son épingle du jeu dans un milieu hautement concurrentiel comme Saint-Hyacinthe, en particulier auprès de la clientèle locale qui semblait se faire tirer l’oreille. Sur les quelque 560 élèves inscrits au CAG, à peine 134 proviennent du territoire de la commission scolaire locale.Le Séminaire de Saint-Hyacinthe a été fondé par messire Antoine Girouard, curé de Saint-Hyacinthe en septembre 1811 avec l’ouverture d’une classe de latin pour onze élèves. Quelque 201 ans et six mois plus tard, il faudra en parler au passé.

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